Pardonne-moi

Robin était de retour. Ils avaient enfin réussi à la sauver des mains ardentes d'Enies Lobby, elle et Franky. Après avoir combattu les membres du Cipher Pol 9 dans l'unique but d'obtenir les clés pour déverrouiller les menottes des deux pirates, les membres de l'équipage du chapeau de paille pouvaient enfin souffler et respirer calmement. L'escapade fut rigoureuse et difficile, mais ils y étaient enfin arrivés, après de tumultueux entêtements de leur part. Ils pouvaient fièrement dresser leur tête pour avoir su résister au gouvernement et à cette fameuse organisation secrète.

Une heure après avoir fui le gouvernement mondial et la marine, les Mugiwaras se mirent à s'occuper chacun de leur côté. Franky évaluait le piteux état du Going Merry avec Sogeking qui tentait de contenir du mieux qu'il pouvait ses larmes de tristesse. Nami discutait avec Robin et pleurait dans ses bras parce qu'elle avait avoir retrouvé l'une de ses plus grandes amies de cet équipage. De son côté, Zoro avait décidé de s'asseoir dans un coin, prenant le temps de reprendre ses esprits. Et Luffy… Il était complètement épuisé à la suite de son combat contre Rob Lucci. Depuis quelques minutes déjà, son ventre criait famine.

— Sanji ! De la viande !

Le cuisinier gronda, sortit une cigarette de sa poche et l'alluma.

— Tch. Je te signale que je suis autant épuisé que toi, crétin ! Laisse-moi respirer deux secondes.

— Mais…

Le capitaine, allongé au sol en position d'étoile de mer, laissa pendouiller sa langue et inspira comme un animal assoiffé qui n'avait pas bu une seule goutte d'eau depuis des lustres.

— J'ai faim !

Nami, qui se volatilisa en deux secondes des bras de Robin courut vers Luffy. En une fraction de temps, son poing heurta le crâne du capitaine au chapeau de paille. Luffy cria de douleur et roula de gauche à droite sur le sol en lambeaux du bateau.

— Aïe, aïe, aïe !

— Espèce d'imbécile ! Sanji n'est pas une machine, Luffy ! Tout le monde a faim, mais on se doit d'attendre. N'oublie pas que lui aussi s'est battu durement pour sauver Robin !

— Ahh ! Nami chérie, c'était la plus belle preuve d'amour que vous pouviez m'offrir !

Il se dandina vers la navigatrice qui le repoussa sans une seule once d'hésitation. À la suite de ce rateau, le jeune pirate au sourcil vrillé s'effondra au sol.

— Oh, Nami-swan... Qu'ai-je fait pour mériter ce rejet…

Zoro observait la scène d'un œil las. En vérité, depuis le début de leur excursion, il ne se sentait pas à son aise. Il éprouvait une certaine culpabilité, une amertume, du regret... En temps normal, il aurait piétiné les sentiments de Sanji. Il se serait moqué de ce fameux cuistot du dimanche pour qu'il ait honte.

Mais il ne l'avait pas fait.

Parce que Zoro était perturbé, ailleurs. Les bras croisés, assis en tailleur, il releva son regard vers la source de ses remue-méninges. Il tomba sur cette belle archéologue qu'il avait, dès le début, dans ses radars. Après que Nami l'eut laissée seule, elle s'était appuyée un peu plus loin sur la rembarre du bateau. Ses cheveux virevoltaient au vent. Sa frange, tassée par l'air mouvementé, laissait entrevoir son front marqué par du sang.