Chapitre XII

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La température de la nuit pénétrait peu à peu la maison. Un vent glacial, bien que nous soyons en plein été laissait un étrange frisson sur la surface de ma peau aussi noire que la nuit. La douce lumière de la lune éclairait le visage de l'homme dont mes lèvres n'osent plus prononcer le prénom. À seulement quelques mètres, j'entends la voix bruyante de la mer me chuchoter quelques mots. Fragiles. Timides. Sensuels qui résonnent comme un avertissement. Il y a danger, me crit-elle. Mais je sais. Il est debout devant moi. Les yeux d'Edouard sont l'incarnation du danger. Son sourire. Ses larmes. Tout en lui me met en danger. Le danger est là, juste sous mes lèvres. Je ne peux le contourner. La lune, la mer, la nuit sont souvent présentes dans nos rencontres dangeureuses. La lune.La mer.La nuit. Ces trois femmes sont complices de notre idylle. Elles ralentissent leurs courses. Nous observent. Nous bercent. Nous unissent. Pour ensuite nous détruire. Ce soir, je ne sais pas quel sort elles nous réservent.
Je le fixe dans les yeux sans mot dire. Il me fixe à son tour et m'implore de son regard.
- Quoi ?  Que me veux-tu ? Quand vas-tu comprendre qu'il n'y a plus rien à faire ?  C'est fini. Elle est morte, notre histoire. Lui ai-je dit calmement.
- Non. Il reste encore une dernière page. Répondit-il avant d'écraser mes lèvres dans un baiser fiévreux.
Des larmes amères coulaient de mes yeux. Je ne veux plus de lui.Je m'interdis de vouloir de lui pourtant au lieu de le repousser, je le tire vers l'intérieur en fermant la porte derrière nous.
On s'embrasse à corps perdus mais j'ai du mal à ouvrir mon coeur. Je ne veux pas. Je ne peux pas. C'est juste une petite baise. Une dernière. Une baise d'adieu. Pas de sentiments. Je n'en veux plus. Pas de déclarations. D'ailleurs, je n'y crois plus. Juste une baise. Edouard m'a déjà tout pris. Il ne me reste plus rien. Mon coeur est noyé dans un océan vide, d'incertitude. Mon âme est devenu si égoïste qu'il refuse de partager. Il ne me reste que mon corps pour l'aimer. Et je vais l'aimer ce soir, une dernière fois.
Je l'ai fait venir dans l'atelier de travail de ma soeur. Les enfants dormaient à corps perdus. Je lui ai dit de s'assoir sur la petite chaise. Je me suis déshabillée seule, cette fois. Je ne voulais pas qu'il voit plus que ce que je voulais lui montrer. Il n'a droit qu'à mon corps. Je lui ai retiré le droit de toucher au reste.
Ce soir, c'est moi qui ai les commandes. Je veux tout diriger. Je me suis assise sur ses cuisses, en l'embrassant sauvagement. Je tenais fermemant ses bras pour ne pas qu'il me caresse.
- Laisse-moi te toucher, Mel...
- Non...Je ne veux plus que tes mains me blessent. Lui ai-je répondu.
- S'il te plaît...Je...Je...Ohh
J'avais introduit sa bite en moi pour qu'il se taise. C'était bon. Je bougeais lentement puis sauvagement. Rageusement. Je pleurais et criais sur cette belle bite qui m'a tant fait.
- Stop. Arrête !  Tu pleures... Mel.
Je me suis arrêtée la tête baissée. Je ne voulais pas lui adresser la parole. Je veux juste baiser et oublier. Je veux juste l'oublier...
- Mel, tu m'en veux toujours. Que dois-je faire pour que tu me pardonnes.
- Baise-moi.
- Pas comme ça. Dit-il en se levant, en me dominant par sa carure de bel boss africaine. Je veux te baiser mais je veux d'abord que tu sois heureuse.
- Tu dis toujours cela mais au final tu prouves le contraire.
- Je t'aime, Mel... Peu importe la situation, peu importe l'heure. Je t'aime. Envers et contre tout. Tu es l'amour de ma vie. La reine de mon coeur. La femme de mes rêves. Je n'ai jamais été aussi bien dans ma vie. Je t'ai fait du mal, je le sais. Je ne sais faire que cela. Avec toi, je me comporte comme un vrai con. Je l'assume. Mais je t'aime. Ça aussi, je l'assume. Je t'aime. Qu'importe ce qui en découle. Laisse-moi t'aimer encore. Une dernière fois. Et si un jour, je dois perdre la peau autant que ce soit sur la tienne.
Sur ces mots, il m'a embrassé. Nous avons fait l'amour sur le sol. Nous avons encore parler le langage interdit aux anges avec comme seuls témoins :  la noirceur de la nuit, le silence de la lune et la complicité lointaine de la mer. Nous avons encore transpiré d'amour et de passion. Nous avons respiré la senteur du bonheur interdit aux gens comme nous. Nous avons transformé nos déclarations d'amour interdites en gémissements retentissants. Pour une dernière fois, nous avons bougé au rythme des battements de nos coeurs harmonisés. Et nous avons joui jusqu'à ébranler les astres du ciel ;  jusqu'à faire trembler les entrailles de la terre que ne pouvait plus supporter le poids de nos semances homogènes et de nos coeurs saccagés. Nous sommes plongés dans l'infinité de la mer, une dernière fois jusqu'à nous briser les ailes.
Je tremblais encore dans ses bras. Pas de froid mais d'émotion. Nous sommes restés un moment silencieux. Comme si le monde venait de s'arrêter.
Mon téléphone sonna. Ce qui nous détacha de notre étreinte. J'ai répondu sans regarder le numéro.
- Allô !  Bonsoir.
- Bonsoir, Mélody. Je suis sûre que vous reconnaissez ma voix.
- Vous êtes la femme de l'autre soir !  Que voulez-vous encore ?
- Que tu laisses mon mari tranquille ! Je ne partage pas mon homme avec des idiotes !
-Encore une fois vous vous trompez, madame. Et puis je suis vraiment occupée. Je n'ai pas de temps pour ses sottises !
- Il doit être avec toi en ce moment !
"- Mel, avec qui tu parles ? " me demanda Edouard.
- Edouard !  Alors comme ça, en plus de coucher avec mon mari, tu passes aussi la nuit avec lui !  Quel culot !
Je ne pouvais toujours pas assimiler les mots que venaient de prononcer la femme à l'autre bout du fil. Alors, Edouard m'a caché depuis tout ce temps qu'il était marié. Et en plus, sa femme me téléphone pour me faire une scène. C'est pas croyable !
- Avec ta femme, Édouard. Lui répondis-je de la manière la plus calme qui soit en mettant le téléphone sur haut-parleur.
- Édouard !  Que fais-tu avec cette femme ?  Comment as-tu osé ?
- Silvy arrête tes scènes !
- Bien-sûr que je vais arrêter ! Et toi, Mélody restes loin de min mari sinon...
Et l'appel a été coupé. Les larmes coulaient comme un torrent de mes yeux. J'étais profondément bléssée. Encore...
-Laisse-moi t'expliquer, Mel. J'ai voulu te le dire. J'ai essayé...Pardonne-moi.
- Va-t-en !  Sors de ma maison !  Criai- je rageusement ! Je ne veux plus te voir !
- Écoutes au moins ce que j'ai à te dire. Mel...Je ne l'aime pas. Je vais divorcer !  Ça fait un an que je vis l'enfer. Avec toi, c'est différent. Je me sens revivre dans tes bras. Tu es si douce. Si...
- Va-t-en, je te dis ! Ta vie avec ta femme ne m'intéresse pas ! Je ne veux rien savoir de toi ! Je ne veux plus te voir. Pars !
Je me suis laissée aller, sur le sol. Encore. Je criais ma rage à gorge déployé.
-Comment a-t-il pu me bercer d'autant d'illusion ?  Je ne peux plus supporter autant de souffrance. J'ai eu mon compte. Je n'en peux plus !
- Tata, Mel. Qu'est-ce que tu as ?  Tonton Ed t'a encore fait pleurer ?
- Viens-là, ma grande. Viens me prendre dans tes bras ! La mer avait raison, mon trésor. J'ai frôlé le danger ! Je l'ai caressé et il m'a pénétré. Je me suis abandonnée dans les bras de l'interdit et le danger m'a détruite. La mer avait bien raison en me chuchotant ces quelques mots. Fragiles. Timides. Sensuels qui résonnaient comme un avertissement. Elle me criait danger mais le pire c'est que j'ai quand même foncé la tête la première !

L'interdit à Fleur de PeauOù les histoires vivent. Découvrez maintenant