mieux vaut tard que jamais

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and i'm going down like the titanic


Les larmes du blond coulaient lentement sur ses joues. Il n'essayait même pas de les cacher, trop ivre pour tenter de garder un semblant de fierté. Il voulait tout oublier, oublier son existence minable, sa lâcheté, la facilité qu'il avait à faire fuir son entourage, mais c'est comme si toutes ses peines le ratrapaient ce soir. Il était le pire des clichés, le gosse de riche qui peut avoir tout ce qu'il veut mais qui rêve de l'impossible. Stupide. Il se sentait stupide d'avoir gâché la soirée, et ne s'étonerait pas si la jeune femme décidait de le fuir elle aussi. Pourtant, elle resta là, près de lui, à le réconforter en silence. C'était tout son genre, ça. Croire aux causes perdues. Il ne doutait pas une seconde qu'il en était une.

La coccinelle regardait son ami avec tristesse. Depuis qu'ils étaient gosses, elle lui connaissait cet air mélancolique, ce regard triste ou effrayé dans ses yeux qui ne dirait que quelques secondes. Elle avait essayé une ou deux fois de lui faire sortir ce qui n'allait pas, mais rien n'y faisait. La culpabilité rongeait la jeune femme. Elle s'en voulut terriblement de ne pas pouvoir faire plus pour lui, de ne pas pouvoir l'épauler et être présente comme elle le souhaiterait être. De plus, elle savait qu'une partie de ses maux étaient de sa faute. Si elle n'avait pas été là, si elle n'avait pas semé la zizanie dans son cœur et son esprit, s'ils ne s'étaient jamais retrouvés, les choses auraient peut-être été différentes pour lui. Peut-être que tout aurait été plus simple s'ils ne s'étaient tout simplement jamais rencontré. Il serait avec sa petite-amie, heureux, sans devoir se torturer l'esprit pour une inconnue dont il ne connait même pas le visage.

— Tu sais quoi, ma Lady ? Il y en a bien une que j'aurai pu aimer.

Le chat se redressa et releva la tête vers elle. La lune éclairait son visage triste, et ses yeux légèrement rougis prouvaient la présence de perles salées quelques minutes auparavant.

Intriguée, Ladybug le suivit du regard pendant qu'il cherchait ses mots. Si l'alcool avait rendu Chat Noir plus bavard que d'habitude, la boisson l'a rendait muette. Elle ne disait rien depuis un bon quart d'heure, se contenta d'écouter les plaintes du chat.

— C'était ma toute première amie, commença-t-il. Elle était un peu comme toi, en y repensant. Déterminée, maligne, joyeuse, avec un sens de la justice pointu. Le genre de fille qui encourage les troupes et mène la danse sans même s'en rendre compte.

Il sourit de tristesse, ses yeux verts devenus soudainement ternes. Le souvenir de Marinette au début de leur amitié et à la fin est totalement différent. Elle était devenue froide, triste, distante. Quand il essayait de savoir ce qui n'allait pas, il voyait ses yeux se remplir de larmes et ses lèvres tremblaient, mais rien ne sortait. Qu'est-ce qu'il avait bien pu lui faire, à cette fille, pour qu'elle le regarde comme un monstre ?

— Elle avait, continue-t-il, elle avait ce petit quelque chose qui la rendait incroyable. Je saurai pas te dire quoi, mais j'avais l'impression qu'il n'y avait que moi qui le voyait. Des fois, je la regardais discrètement, son sourire joyeux, ses yeux bleus, sa peau blanche et ses cheveux noirs. Elle m'attirait, d'une manière inexplicable. Pourtant, c'était toi que j'aimais, mais cette fille... quand j'étais avec elle, j'avais l'impression d'être là où je devais être.

Chat Noir pausa son récit quelques instants. Il regarda le ciel sans étoiles à cause de la pollution parisienne. Qu'est-ce qu'il était moche, ce ciel.

— Elle est devenue quoi, cette fille ? demanda sa partenaire.

— J'en sais rien. Du jour au lendemain, elle s'est éloignée. Je crois que l'ai profondément blessé. En fait, j'en suis sûr. rectifia le blond. J'ai essayé de la revoir, mais j'ai appris qu'elle s'était mise avec un guitariste aux cheveux bleus.

MIEUX VAUT TARD QUE CHAT-MAISOù les histoires vivent. Découvrez maintenant