Allison Moreau, jeune lycéenne de 17 ans, emménage seule dans un petit appartement parisien. Ce souffle d'indépendance lui permet de gagner la liberté à laquelle elle aspirait tant, mais c'était sans compter l'étrange pressentiment qui la guette con...
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- Il a l'air plutôt sympa, détermina gaiement Evan les yeux toujours fixés sur la silhouette maintenant de dos du prénommé Nate.
La carrure du demi-frère caché retint quelques secondes mon attention puis mes yeux se posèrent de nouveau sur le visage de mon meilleur ami.
- Cette histoire m'a procuré un pincement au cœur, avouai-je tristement avec un soupir.
L'image d'un petit garçon aux cheveux bruns et aux yeux bleus boursoufflés se dessina progressivement dans mon esprit. Les larmes dévalaient ses joues rosées tandis qu'il pleurait l'absence de sa mère. Une figure maternelle semblait manquer à cet enfant et il paraissait en souffrir atrocement. Je n'étais pas en mesure de concevoir un instant le sentiment qu'il avait éprouvé toute sa vie en voyant sa génitrice devenir la mère d'un autre, pour lequel elle endossait ce rôle contrairement à son égard. Au fil du temps, il semblait naturel que cette douleur se soit transformée en haine et que cette animosité, jour après jour, lui ronge les entrailles jusqu'à le pousser à détester celle qui l'avait abandonné et pourtant, mis au monde. À sa place, je réagirais sans doute de la même manière. En tant qu'adolescent, dans la construction de soi, n'être élevé que par un seul de ses parents devait demeurer troublant. En comparaison avec mes deux parents qui avaient tenu leur rôle, du moins en apparence, vivre avec un unique proche dans l'amour surpassait de loin ma petite vie bien rangée dépourvue d'affection.
- Cela te fait maintenant une raison de plus de mépriser Monique et ses ridicules costumes, ironisa Evan pour détendre l'atmosphère, ce qui me provoqua un petit rire.
- J'ai l'impression de voir une horrible copie de ma mère !
Il éclata de rire à son tour et passa un bras sur mes épaules. Ses bras forts et familiers qui m'entouraient me procurèrent tout le réconfort dont j'espérais. Je me postai face à lui et saisis ses mains dans les miennes.
- Je suis reconnaissante de t'avoir à mes côtés, Evan. Tu es un des rares à me témoigner un amour si fort, déclarai-je en plantant mon regard dans ses prunelles brunes et dans lesquelles je décelais toute la gentillesse et la bonté dont une personne pouvait faire preuve.
Mon meilleur ami était sans aucune hésitation le garçon le plus aimable que je fus amenée à rencontrer de ma vie. Depuis toutes ces nombreuses années, il n'avait jamais cessé de me soutenir ni de se montrer présent pour moi. La pureté de son âme se reflétait sur son visage d'ange, dont les yeux exprimaient sa sollicitude pour autrui, dont les sourcils se fronçaient lorsqu'il demeurait contrarié ou inquiet, et dont la bouche pleine s'étirait lorsqu'il riait, dévoilant par la même occasion des fossettes adorables. Il avait la main sur le coeur et demeurait prêt à tout pour aider les autres. Son humeur solaire contagieuse finissait bien souvent à dissiper les nuages dans mon esprit pour l'égayer de ses rayons lumineux. Je ne comptais plus le nombre de fois où il se sacrifiait pour ceux qui lui étaient chers.
