27. Le goût de la vengeance

816 66 18
                                    

[ Apocalyptica - Path Vol. II ]


                                       ✘ ✘ ✘

Oups ! Cette image n'est pas conforme à nos directives de contenu. Afin de continuer la publication, veuillez la retirer ou mettre en ligne une autre image.


✘ ✘ ✘

   20h07

   Chaque minute qui passe augmente mon rythme cardiaque de façon exquise. Mon sang bout dans mes veines.  Mon estomac se tord à l'approche du moment fatidique que je me suis répété une centaine de fois. Tout est planifié dans les moindres détails. Cette soirée ne sera pas sans impact.

    Les mains gelées, je les fourre dans les poches de mon sweat. Il fait un froid glacial mais l'adrénaline me réchauffe de l'intérieur comme un feu ardent. L'attente devient insupportable alors que mon regard se pose sur le paysage pour me soustraire à cette impatience dévorante. La nuit est tombée depuis peu, plongeant le lieu dans une atmosphère menaçante. Le stade est complètement vide, exempt d'une quelconque présence humaine et une légère brume recouvre en surface l'herbe fraiche du terrain de football.

    Près des gradins, je me cale contre un poteau de sorte à me fondre dans l'ombre. Je me tiens à l'affût et guette l'entrée du gymnase. La porte en fer grince une première fois et je sens les battements de mon cœur s'emballer. Mes jambes se mettent à trembler tandis que je me tiens prêt. Deux silhouettes masculines en sortent, l'un fait rebondir un ballon de basket sur le sol et leurs éclats de rire vibrent dans le silence. La pression redescend lorsque je me rends compte qu'aucun d'eux n'est ma proie. Ils passent devant moi sans même me remarquer et j'épie de nouveau l'apparition de ma cible.

   Un second crissement retentit et je relève à peine la tête. Je n'ai pas besoin de m'en assurer, je le reconnais immédiatement malgré la noirceur de la nuit. Un sac de sport à la main, il marche vers la sortie. Je reste immobile, le tête baissée, silencieux. Quand il arrive à mon niveau, il me jette une oeillade à la fois intriguée et méfiante, puis s'empresse de s'éloigner. Malheureusement pour lui, tel un prédateur, je compte quelques secondes et m'élance à sa poursuite. À quelques mètres de distance, je le suis à la trace, les mains dans les poches et l'attitude impassible tel un fantôme. Au moment où il comprend mon manège, ses pas se font plus rapides dans le but de me semer. Il transpire la peur à des kilomètres et je me réjouis instantanément de voir l'inquiétude l'envahir.

   Je garde une certaine proximité alors que lui s'efforce toujours de me distancer avec la naïveté de penser qu'il peut m'échapper. Il doit sûrement avoir un mauvais pressentiment éveillé par son instinct et pourtant, ses gestes restent calmes. Il ne se retourne même pas pour vérifier ses arrières. Il ignore encore que dès lors qu'il s'est approché trop près de ce qui m'appartient, il s'est attiré mes foudres. Une épée de Damoclès plane à présent au-dessus de sa tête, sa lame aiguisée effleurant sa gorge et prête à la lui trancher.

   Au détour d'une ruelle, il s'enfonce dans un passage sans issue puis s'immobilise à mi-chemin. Je freine donc mes mouvements dans son dos, sans essayer de me cacher, et la frénésie du jeu m'emporte.

- Qu'est-ce que tu me veux ? Il aboie fébrilement en se retournant, tentant de paraître stoïque alors que sa voix trahit son affolement et qu'il vient tout juste de tomber dans mon piège.

   Le silence recueille sa question et quand il devine mes intentions, la terreur traverse ses pupilles tandis que sur mon visage dissimulé par ma capuche, un sourire étire la commissure de mes lèvres. Il crie à l'aide, empreint par la panique mais sans succès. Je m'avance lentement dans sa direction me délectant de la situation. Alors qu'il essaie de s'enfuir, je l'empoigne par le col de son pull et le repousse. Il tombe lamentablement au sol. Son grognement plaintif attise mon excitation. Je lui laisse une seconde chance de se relever, amusé par sa faiblesse, avant de ne lui refaire à nouveau manger le béton.

   Cette fois-ci, je suis debout devant lui et l'écrase de toute ma hauteur. Il se redresse difficilement et tente de reprendre appuie sur ses jambes.

- Qui es-tu ? Il gémit en levant les yeux sur moi.

- Tu devrais le savoir, je me moque en m'accroupissant à sa hauteur, ce n'était pas faute de t'avoir prévenu...

   Dans un même mouvement, je l'agrippe par l'étoffe de son haut et le plaque contre le mur. Sa tête heurte avec rudesse la pierre et ma mâchoire se contracte.

- Je vais te faire regretter ta témérité, articulé-je délicieusement.

   Ma main s'enroule sans pitié autour de son cou. Je resserre ma prise et il encercle mon poignet pour tenter de se libérer de mon emprise. Il suffoque et se débat mais je suis trop fort. Une grimace étire son visage lorsque celui-ci prend une teinte rouge, à bout d'oxygène. Il me porte soudain un coup dans l'estomac suivi d'un coup de pied, ce qui réussit à me repousser. Je le regarde haleter et tousser péniblement. Mon corps se réveille sous l'assaut lorsqu'il m'administre un coup au visage. Ma tête dévie vers la droite. Je le laisse me frapper. M'atteindre. Pour le plaisir. La douleur se repend dans mes muscles et je sais alors que la partie ne fait que commencer.

   Quand le sang se met à couler de mon nez, le long de ma bouche, et que j'en goûte la saveur métallique, je me tords de rire.

- T'es vraiment malade, crache-t-il en jouant le brave chevalier. Laisse la tranquille !

   Il revient à la charge mais je bondis sur lui. Je le plaque au sol. Nos corps rentrent en collision. Je reprends le dessus. Je le domine. Je le chevauche et lui inflige mon premier coup. Il va payer le prix de ses actes. L'euphorie me gagne. Douce jouissance. Mon poing s'écrase sur son visage sans pitié.

Je heurte sa pommette.

Je cogne son nez.

Je martèle sa mâchoire.

    Le sang coule à flots et tâche son visage auparavant immaculé et pure. Il n'arrive pas à se soustraire de mon emprise. Il gesticule. Il crie. Il lutte. Mon coeur pulse dans ma poitrine. Les fourmillements dans mes membres s'accentuent ; ma résurrection commence. Mes phalanges lacérées me font souffrir. Je me nourris de cette douleur. Je continue, dénué de sentiments.

Encore un autre.

Encore un autre.

Encore un autre.

Encore un autre.

Pour toi.

Pour moi.

    Je m'arrête enfin. Il ne bouge plus. Il paraît inconscient. Je regarde le sang se rependre sur le bitume. Le Rouge. La couleur divine ; l'amour, la haine, la passion. Ma teinte préférée. Rouge sang. Je détaille mon œuvre et j'éprouve une grande fierté.

- C'était le dernier avertissement, je lui chuchote en guise de menace comme s'il pouvait m'entendre.

    Si je l'ai fait, c'est pour toi. Je me suis promis de te venger. Il représentait une menace pour notre couple. Un méchant parasite. Je dois éliminer chaque obstacle, chasser chaque doute et purger chaque danger. C'est le seul moyen de purifier notre amour. Mais ce n'est que le début d'une longue liste. Il me reste encore une chose à faire ce soir. Une seconde personne à faire payer. La faucheuse va bientôt frapper à sa porte. Lugubre fatalité de la vie ! Mon Dieu accepte ma rédemption. Pardonne-moi pour mes péchés. 

    Mais si tu en es la condition, alors je choisis la damnation. Pour que tu m'appartiennes.

FIND MEOù les histoires vivent. Découvrez maintenant