Chapitre 1: Nous ne serons pas les seuls.

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    Le café était bondé lorsqu'ils crièrent: « nous ne serons pas les seuls! », suivi du premier coup de feu. Une femme hurla, puis un deuxième coup retentit. La panique s'installa et un homme présent sur les lieux de cette scène effroyable s'empressa d'appeler les secours.
Peu de temps après, la police et les pompiers arrivèrent sur les lieux du crime.
La capitaine de brigade Annie Liros entra dans le café, suivie de la brigade criminelle.

C'était une belle femme aux cheveux de feu avec des yeux verts et une peau assez mate, mais à Tahiti rien de plus normal, pourtant elle était originaire de la métropole et avait atterri à Papeete, car une place de capitaine s'était libérée suite à la démission du précédent. Elle avait le choix entre le soleil et les plages de Tahiti ou la pluie et le froid de Lille. Cela faisait deux ans maintenant qu'elle était chef d'équipe.

    Aussitôt elle ordonna l'installation d'un périmètre de sécurité et s'approcha des corps. Ils étaient allongés l'un à côté de l'autre, le sourire aux lèvres, détail qui ne manqua pas d'intriguer Annie. Un des agents présents lui indiqua qu'un témoin était prêt à répondre à ses questions. L'homme était âgé, avec un visage marqué par la peur, la tristesse et surtout par le choc. Il se présenta l'air affolé :
     « - C'est un suicide! C'est un suicide! Ils se sont suicidés! Un moment ils étaient là et l'autres plus rien !
    - Calmez-vous Monsieur, et venez vous assoir, comment vous vous appelez ?
    - Je suis Teura Upootina.
    - D'accord, racontez-moi ce qui s'est passé, demanda-t-elle.
    - Ils sont arrivés vers seize heures, je m'en rappelle parce que c'est l'heure où les gamins sortent de l'école, et la première chose qu'ils font c'est de venir prendre le goûter au café, en l'espace de quinze minutes l'endroit se remplit aussi vite qu'il se vide passé ce délai. Je me suis d'ailleurs fait la réflexion qu'ils restaient longtemps, d'habitude ils prenaient leurs cafés à emporter au bar et partaient, ils ne supportaient pas les gamins, mais aujourd'hui ils sont restés, ils se sont assis à une table et ont discuté... Longtemps, expliqua-t-il.
    - Vous devez être un habitué pour avoir remarqué tout ça, les connaissez-vous en dehors du café? Questionna Annie.
    - La gamine s'appelle Tatia Muhihoo, elle est de Papeete, je la connais depuis qu'elle était tamarii, petite fille, elle avait à peine dix-huit ans. Quant au garçon, il s'appelle Lucas Preston, c'est un Américain. Il était étudiant et avait rencontré Tatia il y a six mois environ, tous deux étaient très amoureux, raconta-t-il.
    - Étiez-vous proche d'eux? Demanda Annie
    - Oui cette petite tamarii est ... était très proche de la mienne.
    - Comment s'appelle votre fille monsieur Upootina?
    - Noélie Nuho, elle a pris le nom de sa mère après le divorce... Elles étaient amies depuis l'école primaire. Elle va être dévastée d'apprendre ça. Noélie est actuellement en voyage à Paris pour ses études elle est partie il y a un mois.
    - D'accord, je vais avoir besoin de lui parler, si vous voulez bien me donner son numéro ou son adresse e-mail ? Il acquiesça de la tête. Sinon revenons à notre histoire, savez-vous ce qui aurait pu les pousser à faire cela ?
    - Non, je l'ignore, mais juste avant de se ... tirer une balle ... le garçon à crier qu'ils ne seraient pas les seuls, lui annonçât il entre deux sanglots.
Elle resta sans voix un court instant puis poursuivi:
    - Je vous remercie pour votre temps monsieur Upootina, une dernière question, savez-vous s'ils avaient de la famille ou des amis ?
    - Pas à ma connaissance, j'en savais peu sur Lucas, quant à Tatia, elle vivait avec son père qui est décédé il y a deux mois environ et à part ma fille je ne lui connaissais pas d'amis.
Il recommença à sangloter.
    - Merci et je vous présente mes condoléances. Allez voir les secours, ils vont prendre soin de vous, vous êtes en état de choc. Au revoir, je vous recontacterais si j'ai du nouveau. »

Le vieil homme s'éloigna, laissant Annie perplexe. Qu'est-ce qui avait pu pousser ces jeunes gens au suicide? Est-ce que la mort du père de Tatia en était la cause? Annie essayait de rassembler ses idées quand son téléphone se mit à sonner:
« - Liros, j'écoute, entonna-t-elle
- Salut Capitaine, désolé de vous déranger mais nous avons un 10-109 à Vaitunanaa, vous êtes dispo?
- Quoi ?!? Un nouveau suicide ?? »

Fin du chapitre 1.

Les Témoins de PapeeteOù les histoires vivent. Découvrez maintenant