Otherside

prologue

Un bon nombre de nos hommes sont descendus sur l'île où nous venons d'accoster. Je suis resté sur le Moby Dick. Dans la cafétéria, seul, il s'est écroulé sur la table, d'un coup. Ça lui arrive, parfois.

Les autres ne prennent pas la peine d'essayer de le réveiller.

Il le fait tout seul au bout d'un moment. J'ai décidé de rester pour ne pas qu'il se retrouve seul quand il se réveillera.

Son visage... Même endormi, on dirait que toute la misère du monde repose sur ses épaules.

Il a un petit quelque chose qui attire les autres. Il est toujours entouré de gens.

Pourtant, quelque chose ne va pas.

Son sourire ne me trompe pas.

Ce putain de sourire forcé.

Ça ne va pas.

Et personne ne le vois ?

Impossible. Ils ignorent. Je ne vois que ça. Cette ombre qui le suis, qui ne le lâche pas.

Ils font comme si elle n'existait pas.

Je ne peux pas être le seul à avoir remarqué. Impossible.

Il avait quelque chose. Quelque chose de spécial.

Avec ses cheveux qui reflètent toutes les couleurs du soir.

Et ses yeux, profonds, obscures.

Ces tâches sur ses joues.

Et son sourire.

Son faux sourire.

Je passe une main dans ses cheveux, il sursaute.

"Hmm ?"

Je souris.

"T'as un truc, là."

Je pointe le coin de sa lèvre.

Il s'essuie sur la nappe puis soupire :

"Ah... C'est froid."

Après un moment, il me demande :

"Où ils sont, les autres ?

_Dehors, je réponds, ils visitent l'île.

_Ah, on est arrivés ?"

Je lui fais un signe de tête, pour lui demander si il veut aller dehors aussi.

Il hausse les épaules et se lève de sa chaise.

Lorsque nos pieds touchent le sol, je me rend compte que les siens sont nus. J'arques un sourcil, il fronce les siens puis baisse la tête.

"Oups. Bon, tant pis."

Je ricane.

Il avance le long de la plage, un pied dans l'eau, un autre sur le sable. Son regard se perd dans les vagues à l'horizon.

Arrivé à sa hauteur, je le questionne :

"Tu ne veux pas rejoindre le reste de l'équipage ?"

Il tourne la tête vers moi.

"On est bien, là, non ?"

Son faux sourire... Il ne l'a pas.

Pas quand lui et moi sommes seuls.

Non. Avec moi, il ne sourit pas, tout simplement.

Est ce qu'il ne m'apprécie pas ?

Peut être ne ressent-il pas le besoin d'être poli avec moi.

Tant mieux.

Je n'aime pas qu'il me mente.

Qu'il se mente à lui même

Soudain, il m'interpelle :

"Hey, Marco..."

Je lève les yeux vers lui.

"Tu crois..."

Il marque une pause.

"...que j'ai mérité d'être ici ?"

Je penche la tête, interloqué.

"C'est à dire ?"

Ses yeux se portent à nouveau vers la mer. Comme si ce qu'il dit ne s'adresse pas vraiment à moi, il murmure :

"Le monde est peut-être plus beau sans moi, comment veux-tu que je le sache ?"

Et là, je comprends.

"Ace..."

C'est après cette phrase que tout est devenu un peu plus clair, et plus compliqué à la fois.