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La jeune femme aux boucles d'or se noyait dans les bulles de son champagne, assise dans son canapé en cuir rouge. Son amant riait à gorge déployée, en saluant chaleureusement ses camarades. A leur départ, il rejoignit cette femme qui lui plaisait tant.

– Quelque chose te préoccupe, Ivory ?

Ivory planta son regard d'un sublime vert émeraude dans le sien. Ce geste, pourtant moindre, secoua grandement le cœur du jeune homme.

– Eh bien... j'apprécie tes amis. Mais sans vouloir t'offenser, Harry, je ne me sens pas vraiment à ma place. Je dirais même que je m'ennuie à mourir.

Harry lui tendit gracieusement sa main, qu'elle accepta. Il aimait admirer ces prunelles au charme particulier. Un charme vide en émotions qui, étrangement, tourmentait son âme si frêle pour elle.

– Alors que dis-tu d'une sortie dans un lieu subjuguant, le Felicity.

L'attention de la jeune femme fut instantanément happée, et ses lèvres se formèrent en un sourire charmeur.

– Avec grand plaisir.

– Va te parer de ta plus belle tenue, et nous partons.

Un bâtiment entièrement construit en bois se dressait face à eux. La bâtisse semblait de l'extérieur, n'être qu'un simple chalet, accessible pour n'importe qui. Le couple put s'y engouffrer à son tour, découvrant ce paysage pittoresque. Ivory observait avec soin, subjuguée par sa beauté. Des tables rondes étaient disposées au milieu de la salle, afin d'accueillir les nombreux spectateurs. Un grand lustre scintillait au-dessus d'eux, éclairant l'entrée décorée de rideaux pourpres aux allures élégantes. Ces quelques touches furent entièrement suffisante pour offrir un sublime cachet au lieu.

La jeune femme se sentit tirée ailleurs, et Harry la guida vers des escaliers tapis de rouge. Le couple arriva dans une loge privée, où seuls deux sièges confortables les attendaient. Cette place leur offrait la meilleure des vues sur la scène, tout en les dissociant du public. La salle finit de se remplir puis s'éteignit, les laissant être éclairés par des lampes à pétrole, placées sur chaque table.

Harry posa délicatement sa main sur celle de la jeune femme, et sentit une étrange crispation. Il n'eut pas le temps de la questionner. Un jais de lumière surgit sur la scène, éclairant un homme habillé d'un merveilleux costume rouge. Il joua avec son chapeau haut-de-forme, et l'ambiance festive charma tout de suite le public. Pendant ce temps, une musique entraînante tonnait au milieu de la foule.

– Mesdames et Messieurs, je suis heureux de vous accueillir au Felicity ! Ici, vous ne trouverez que bizarreries destinées à vous pousser dans l'effroi. Des êtres déterminés à vous faire frémir, peut-être même hurler...Alors bienvenue, et que le spectacle commence !

De nombreux personnages firent leur apparition un à un. Leur allure étant bien différente des autres humains. Un homme couvert de poils au visage fit son entrée en premier. Les gens ne se priaient pas pour s'esclaffer, parfois même se moquer ouvertement. Il laissa sa place à une femme barbue, un homme aux mains et visage déformés, un garçon si petit malgré son âge mûr, et un personnage invraisemblablement immense. Les cris d'épouvantes fusaient dans la salle, jusqu'à ce que les lumières s'éteignent de nouveau.

Monsieur Loyal fit son retour, le visage soudainement bien plus grave. Ivory inspira lentement pour calmer les palpitations de son cœur.

– A présent, faites place à la plus sensationnelle. Une beauté rare, recouvrant sournoisement sa monstruosité. Une créature unique en son genre, magique !

Il instaura un long silence, laissant la pression monter doucement au sein du public.

– Mesdames et Messieurs... Voici l'inhumaine Vénus !

Le temps sembla tout à coup ralentir, laissant une étrange bulle en verre apparaitre dans les airs, en plein milieu de la scène. Une sublime jeune femme demeurant à l'intérieur, observait la galerie de toute sa grandeur. Ses longs cheveux roux d'une étonnante ondulation tombaient jusqu'à ses cuisses, au même endroit où une simple chemise blanche s'arrêtait, couvrant sa nudité. Elle parcourut la pièce de ses yeux verts, puis leva les bras d'une manière enchanteresse.

Et l'invraisemblable se produisit.

Des fleurs s'épanouirent au milieux de ses boucles en un instant. Les spectateurs ne surent comment réagir face à cette créature qui, à leurs yeux, n'appartenait pas au monde des humains. Vénus plaqua ses paumes sur le verre, qui emprisonnait cruellement son corps. Des roses d'une blancheur éclatante prirent forme sur la surface de la bulle, comme une seconde couche protectrice la coupant du reste du monde. Puis les pétales s'envolèrent, créant un tableau féérique, une œuvre d'art dans ce musée vivant.

Et elle dansa. Elle dansa pendant de longues minutes, en espérant pouvoir se détacher de ces regards qui lui lacéraient la peau. Elle dansa jusqu'à n'avoir plus de souffle, laissant de nombreuses fleurs prendre vie autour d'elle. Cette foule n'existait plus, la laissant face à sa seule conscience, un calme factice dans lequel elle aimait baigner. Vénus refusait que le jugement de ces personnes s'insinue en elle, tel un poison dévastateur. Sa différence l'avait peut-être emmenée de force ici, mais son esprit lui, demeurait libre. Elle laissa son âme valser dans un air qui lui était pur. Ce spectacle semblait d'un point extérieur, intangible. Pourtant, la jeune femme semblait à sa place, creusant un fossé avec les autres mortels.

Ce spectacle eut la sensation de durer des heures. Ivory ne put retenir les larmes qui inondèrent ses joues, face à cette scène qui oppressait son cœur. Elle les portait dans un lieu de rêverie, hors du temps, un instinct primaire s'éveillait dans cette cage en verre.

Mais l'illusion se brisa, et tout se passa très vite.

Les lumières de la salle explosèrent sous la stupéfaction du public, les laissant au cœur d'un noir inquiétant. Face à une créature qui leur était inconnue.

L'Ascension de VenusOù les histoires vivent. Découvrez maintenant