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Jaemin se réveilla dans la chambre du relais à cause de la forte chaleur du matin. Le soleil était à peine levé que les températures montaient déjà en flèche. Il voulut se lever, mais le poids lourd à ses côtés ne semblait le vouloir. En tournant ses yeux qu'il frotta légèrement vers cette masse, il aperçut Jeno dormir à poings fermés. Le garde était vraiment épuisé, et depuis qu'ils avaient mis un pied dans Florens, Jaemin avait pu l'apercevoir se retenir de bailler assez fréquemment. Jeno dormait peu, et il l'avait bien remarqué. Il reprit lentement la même position qu'il avait précédemment pour ne pas le réveiller. Il resta face à lui, le bras du garde posé sur sa taille. Il observa quelques instants son visage endormi et apaisé. Jeno ressemblait de plus en plus à un adolescent au fil du temps qui passait. Même si elle était différente de celle de tous les autres adolescents, Jaemin avait l'impression de vivre cette adolescence dont ils avaient été privés, le garde et lui. Ils riaient, s'amusaient, discutaient sur des tons et avec un vocabulaire plus familier. Et plus le temps passait, plus Jaemin aurait voulu vivre cette adolescence; aller à l'école, se faire des amis, jouer dans la cour avec des jolies billes de verres colorées volées aux riches du quartier d'en face. Se baigner dans la rivière, sortir de nuit dans le dos des adultes et se retrouver dans la ville avec pour seule lumière une lampe à huile quand ils partaient dans la forêt. Mais à la place, Jaemin et Jeno étaient devenus rapidement des adultes, se mêlant déjà aux grands discours du roi, à la paperasse politique, possédant des titres qu'ils n'avaient pas forcément choisi.
Jaemin soupira; de ses doigts fins, il mit une mèche de cheveux qui retombait sur le visage du garde derrière son oreille. Cherchant probablement du réconfort, il posa sa tête sur son torse, se calant confortablement dans ses bras endormis durant de longues minutes. Son esprit se perdait à nouveau dans cette adolescence imaginaire dont il rêvait, dont il avait rêvé, mais qui lui avait été retirée. Ses yeux qu'il s'était forcé à fermer pour se concentrer sur d'autres pensées s'ouvrirent subitement en sentant Jeno poser son bras dans son dos pour venir le serrer contre lui. L'emprise brutale que ses mains avaient sur le haut du garde se défit et tout son corps devint moins tendu. Il n'avait même pas remarqué que quelques larmes avaient coulé de ses yeux.
- Jaemin... Est-ce que... tout va bien ?
La voix de Jeno était grave, mais le ton qu'il avait pris était doux, réconfortant. Jaemin renifla, étant incapable de parler. Ses sanglots soudain étaient retenus dans sa gorge. Il laissa sa tête tomber lourdement sur le torse du garde alors de ses fines mains serrèrent légèrement la chemise à nouveau. Jeno posa une main dans ses cheveux bruns. Jaemin leva sa tête vers lui, ses yeux remplis de larmes et les traits de son visage tiraillés par la tristesse.
Il surprit le garde qui ne l'avait jamais vu dans un tel état. Le prince n'avait jamais montré un seul signe de tristesse, de chagrin. Seules la colère ou le dégoût étaient présents, et, depuis qu'ils avaient commencé leur voyage, il y avait aussi de l'embarras, de la timidité, de la joie. Jeno le redécouvrait chaque jour.
