Chapitre 1 : Manette

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Le soleil pointait doucement à l'ouest de la ville derrière les hauts immeubles. L'astre ne tarderait pas à inonder les rues de sa lumière. Et les gens se lèveront, iront au travail ou à l'école, profitant de ce soleil.

Mais pas Andréa. Non, elle, elle se lèvera lorsque le soleil sera haut dans le ciel, ira avaler un bol de céréales avant de se séparer de son pyjama pikachu après une douche froide. Ensuite, elle s'affalera sur le canapé, jouera au jeux vidéos en déversant sa colère sur de malheureux avatars virtuels. Puis, elle daignera se rendre à l'épicerie en dessous de son immeuble pour s'acheter à manger avant de retourner passer l'après midi devant la télé, la console ou à la fenêtre pour observer le va et vient des passants. Finalement elle renfilera son pyjama pikachu, mangera et se couchera.

Voilà à quoi ressemblaient les journées d'Andréa. Celles d'Hugo, en était le contraire.
Le jeune homme se levait à 6H00, buvait un café en essayant de se convaincre que le goût était passable. Puis il s'habillait, se rendait à la station de métro du coin de sa rue, qui le menait à son lieu de travail. Fraîchement diplômé d'une école d'ingénieur, Hugo avait trouvé un poste dans une grande entreprise. Il était très fier de son travail.

Les jours, les semaines, les mois passaient. Chacun suivant sa routine. Les heures continuant de s'écouler.

Jusqu'à ce week-end. Andréa avait été levée tôt à cause du camion poubelle. N'arrivant pas à se rendormir, la jeune fille somnolait devant la télévision.

Cet après-midi aurait lieu un tournoi virtuel dans l'un de ses jeux vidéo préféré. Et la jeune fille comptait bien le gagner. Cela faisait plus d'un mois qu'elle n'avait pas lâché sa manette, bien décidée à finir dans les premiers.

Andréa décida d'allumer sa console. Une grosse mise à jour avait été prévu pour le tournoi et elle voulait être dans les premiers joueurs à la découvrir pour ne pas avoir de mauvaises surprises pendant le tournoi.

L'écran s'alluma aux couleurs du jeux. Impatiente de commencer, Andréa appuya sur le bouton A. Rien ne se passa. Elle réessaya, appuya sur un autre bouton. Toujours rien. La panique commença à monter.

- Punaise mais qu'est ce qui se passe...

Andréa tourna et retourna la manette dans tous les sens. La brancha, la débrancha. La manette ne réagissait toujours pas.

- Bon ok. Ma manette est cassée. C'est vraiment pas le jour, se plaignit-elle en se tenant la tête, qu'est ce que je fais...

Quelques minutes plus tard, Andréa était dans les escaliers de son immeuble. Elle montait en direction de l'étage supérieure où vivait son voisin, un jeune homme qu'elle avait déjà croisé plusieurs fois dans le hall.

La gameuse sonna, sa manette toujours à la main. Une poignée de secondes plus tard, la porte s'ouvrit sur une jeune femme. Andréa fronça les sourcils. Son voisin avait-il déménagé ?

- Bonjour, excusez moi de vous déranger. Je suis la voisine du dessous et je venais voir si par hasard vous pourriez me prêter une manette comme celle-ci, demanda-t-elle en brandissant l'objet de ses malheurs.

La femme en face fronça les sourcils à son tour.

- Ok je vois... Une petite seconde. HUGO ! TA VOISINE VEUT TE PARLER !

Un jeune homme s'approcha derrière elle, visiblement mal réveillé. Il portait un t-shirt noir et un jogging gris. Ses cheveux blonds en bataille témoignaient de son réveil proche.

- Hé ho Chloé, parle pas si fort dès le matin ! soupira-t-il, puis il s'adressa à Andréa, Bonjour, que me vaut le plaisir de votre visite ? lui demanda-t-il alors que visiblement cette visite lui faisait tout sauf plaisir.

- Vraiment désolé de vous déranger mais est ce que vous avez une manette de console ? demanda de nouveau la gameuse, pleine d'espoir.

Hugo secoua la tête, l'air navré.

- Non, désolé, je ne joue pas.

Andréa ne put s'empêcher de grimacer. Elle comptait vraiment la-dessus. Il fallait absolument qu'elle participe au tournoi. Si elle gagnait, elle pourrait prouver à ses parents qu'elle n'avait pas rien fait de sa vie et que sa passion pouvait la mener quelque part.

La jeune femme appelée Chloé la sortit de sa rêverie.

- Ça te dirait de prendre le petit-déjeuner avec nous ? Pour te remonter le morale.

Et sans attendre la réponse d'Andréa, Chloé l'entraîna vers la cuisine de l'appartement. Hugo ferma la porte derrière elles.

- J'ai acheté trop de viennoiseries ce matin et puis regarde comme tu es maigre. Il faut te remplumer un peu.

- C'est vraiment gentil mais je ne voudrai pas déranger.

Chloé l'assit de force sur une chaise.

- Mais non, tu ne déranges pas du tout, sinon je ne t'aurais pas invité. Et puis c'est important la bonne entente entre voisin, n'est ce pas Hugo ?

Puis en chuchotant à l'intention d'Andréa, elle ajouta :

- Et puis il faut que Hugo se sociabilise un peu, il ne voit personne en dehors du travail.

Le jeune homme soupira en s'assaillant à la table.

- Je t'ai entendu Chloé, sois plus discrète la prochaine fois.

- Mais regarde comme elle est charmante.

Andréa rougit. Elle ne recevait pas souvent de compliments. D'habitude les gens avaient plutôt tendance à la traiter de déchets de la société, de paria ou tout simplement, ne prenaient pas la peine de lui adresser la parole.

- Aller mange chérie.

Et Chloé commença à remplir son assiette.

- Merci beaucoup, souffla la jeune fille visiblement touchée de l'attention que lui portait sa voisine.

Un jour à deuxOù les histoires vivent. Découvrez maintenant