I. Bétail

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Attention: dans cette histoire, j'ai pris la liberté de ne pas respecter à la lettre les périodes romaines, étant donné que je ne suis pas historien. C'est d'ailleurs l'une des raisons pour laquelle je ne mets aucune date ou qu'il y ait des fautes de raccord par rapport à l'Histoire avec un grand H.

Aussi, désolé pour celleux qui lisaient la première version... j'ai ajouté des idées à cette nouvelle version, des idées que j'ai eu il y a déjà un petit bout de temps, alors j'espère que ce "Béni" des dieux complétement revu vous plaît ! Encore désolé si le fait que la réécriture ait finalement remplacé l'ancienne version vous dérange,

Vicent.

C'était une journée ensoleillée à Naples, et le port frémissait d'excitation, les citoyen.ne.s comme les esclaves se pressant à sa surface. En ce jour de marché, nombreux.ses étaient celleux qui voulaient à tout prix se saisir soit des derniers vêtements à la mode, soit des fruits les plus frais, ou encore, pour les plus aisé.e.s, de l'esclave lea plus robuste, lea plus beau.lle, discret.ète... les critères étaient nombreux mais celleux qui y correspondaient non.

Balthazar et Marc faisaient partie de ces gens prêt.e.s à acheter un.e humain.e de la même façon que l'on le ferait avec du bétail. Grands et vêtus tels des militaires, ils en imposaient tellement que les gens se décalaient respectueusement à leur passage, quelques-un.e.s murmurant parfois en dialecte. Même si Marc s'amusait de ce respect mêlé de frayeur, Balthazar lui en était presque agacé, ces murmures idiots le déconcentraient alors qu'il parcourait des yeux les esclaves exposés à la vue de tou.te.s, laissés sans aucune intimité alors que l'on exposait leurs corps nus aux rayons brûlants du soleil et aux regards acérés de la foule. Aujourd'hui, l'on vendait des hommes et tous types de profils étaient mélangés, alors que l'on forçait ces pauvres gens à ouvrir la bouche pour montrer leurs dents, à se tourner ou encore à bander leurs muscles pour prouver leur force. Dans les yeux de tou.te.s régnait l'humiliation et debout parmi eux, Cante ne faisait pas exception. Même s'il levait d'une fière arrogance la tête, on pouvait lire à sa mâchoire serrée, ses sourcils froncés et ses yeux légèrement plissés qu'il se retenait de pleurer, dégoûté de comment on l'affichait à l'image du bétail. Il se sentait d'autant plus dépouillé que ces idiot.e.s de romain.e.s ne se gênaient en rien pour scruter chaque centimètre carré de son corps, jusque dans les endroits où il aurait bien préféré qu'iels détournent le regard.

Il crut mourir de honte lorsque le marchand le força à ouvrir la bouche pour montrer ses dents comme l'on ferait pour un cheval, l'exhibant encore plus à ces deux militaires qui le regardaient d'un air intéressé, de la même façon qu'on regarderait un produit. L'humiliation atteignit son comble lorsqu'il sentit des larmes dévaler ses joues, ne récoltant que des regards indifférents de la part des deux hommes, bien que l'un d'eux avait déjà tiré d'un petit sac en toile quelques pièces pour l'acheter. Il ne valait donc que ça... juste un peu d'argent, et le voilà vendu. Comme un objet. Il retint un sanglot, de tristesse comme de colère, lorsque l'on donna les cordes qui l'attachaient à l'un des deux hommes, le forçant à les suivre là où bon leur semblait. Oh, il aurait tant donné pour parler le latin, en ces moments-là ! Il lui semblait que ses acheteurs discutaient de son sort et ne rien comprendre à ce qu'ils disaient était plus qu'effrayant.

Tout était passé si vite... l'invasion romaine, sa maison en flammes, ses parents emmené.e.s loin de lui, ces marchands qui s'étaient saisis de lui... Il avait l'impression de nager en plein cauchemar, et se sentait comme s'il avait la possibilité de se réveiller mais que quelque chose le bloquait dans cette horrible réalité. Mais non, tout ça n'était pas un cauchemar mais bien la dure réalité: il était l'un de ces "objets vivants" tant appréciés par les personnes plus aisées. C'était vraiment un coup à en devenir malade. Qu'est-ce qu'il deviendrait, à présent ? Sur le bateau aux esclaves, il avait entendu tant d'histoires plus effrayantes les unes que les autres... On disait que certain.e.s maître.sse.s organisaient des combats d'esclaves comme simple divertissement, que l'on faisait des pauvres acheté.e.s des putes qui se passaient d'ami.e en ami.e... La plupart des esclaves avec qui il avait fait le voyage venaient de villages reculés comme lui et ne savaient rien de la réalité, transmettant juste des rumeurs qu'iels entendaient, mais ça suffisait à tétaniser d'horreur Cante.

Il retint un nouveau sanglot lorsque le plus grand des deux hommes tira sèchement sur la corde, enserrant durement ses poignets, l'obligeant à accélérer le pas, quitte à trébucher en permanence: ses jambes maigrichonnes n'étaient plus habituées à la marche après ces longues semaines passées dans le bateaux aux esclaves, et ses pieds nus criaient le martyr alors qu'ils étaient obligés de se déplacer sur des pavés brûlants.

Il avait vraiment peur de ce que le destin lui réservait, à présent. Il n'avait aucune idée d'être livré en pâture aux lions pour divertir ses nouveaux maîtres ou être utilisé tel un simple trou où fourrer sa bite. C'était au-dessus de ses moyens, et il ne pouvait plus que s'en remettre aux Parques, à présent... en espérant qu'elles n'aient pas préparé pour lui un fil trop horrible.

"Béni" des dieuxOù les histoires vivent. Découvrez maintenant