dear april |taekook

1

On était un peu comme deux cerises.
Souvent quand on y met un croc on touche le noyau, et bien on pourrait dire que nous nous sommes croqués mutuellement en touchant le cœur de notre fruit.
Tu avais touché mon coeur tout autant que j'avais touché le tiens, Kim Taehyung.

Mon regard se perd à nouveau sur le par choque de la voiture délabré. La poussière qui vole me gratte toujours autant le nez que la première fois.

Je tourne la tête vers ma gauche, là où le profil aux traits sauvages d'un garçon se dessinent.

Puis j'entre ouvre les lèvres.

- Pourquoi on en est arrivé là déjà ?

Il ouvrit ses paupières avant d'ancrer son regard dans le mien de manière lasse.

- Parce que j'ai été trop con de croire en l'amour Jungkook.

Sa phrase me fît un pincement au cœur avant de laisser mes yeux embués divaguer sur les brides de nos souvenirs.

**

- Kook !

Je me retourna vers mon interlocuteur.

- Jimin !

Son sourire habituel illuminait son visage.

- Tu viens avec moi au terrain de basket ?

- Navré...

Il soupira avant de demander presque sûr :

- Tu vas encore te balader seul ?

J'acquiesçai un sourire désolé.

- Bon c'est pas grave, je devrai y retrouver Yoongi.

- D'accord, bon à demain, dis-je avant de me diriger vers la sortie de la ville.

Mes pas dérivèrent ensuite vers l'entrée de la forêt où j'avais pour habitude d'aller me perdre depuis quelques temps.

Une fois certains de ne plus être capable de reconnaître par où j'étais arrivé, je m'assis sur la cime d'un chêne puis ferma mes yeux et respira l'odeur écorcée des sapins.

Ces senteurs forestières qui m'apaisaient en me faisant oublier un instant qui j'étais.

Ici je n'étais plus Jeon Jungkook, j'étais simplement un humain au milieu des arbres aux allures automnales.
J'étais juste moi-même, j'étais libre.

Libre de penser,
Libre de parler,
Libre de respirer,
Libre de pleurer, comme de sourire.

Mes pupilles vinrent détailler le haut des arbres feuillus avant de sortir de mon sac un calepin à feuilles blanches légèrement cartonnées.

Puis les oiseux et le bruit du crayon décidèrent d'accompagner ce doux silence.

Peut-être après deux bonnes heures passées à faire des croquis que mon attention fut soudainement reportée par ce qui m'entourait.

Quelqu'un venait de marcher sur une branche morte.
A force de venir ici, j'ai su apprendre à distinguer les différents sons et types de pas.

Je n'avais aucun doutes la dessus, je n'étais belle et bien pas seul.

C'est alors qu'apparut à ma droite un garçon de dos levant un appareil photo vers le ciel.

Il était vêtu d'un long manteau aux couleurs crèmes de l'automne.

Puis il se retourna vers moi en affichant une mine légèrement surprise avant de froncer les sourcils.

Ces sourcils de même couleur que sa chevelure brune.

Comme son manteau saisonnier.

Si j'avais à le représenter en peinture ça serait sûrement sous la forme d'une des quatre saisons.

Au final il était juste reparti par là où il était venu, puis peu de temps après j'ai quitté la forêt.