La vengeance d'une orpheline

Chapitre 3 : Les nouveaux alliés

Myria se réveille en sursaut. Des frissons agitent violemment son corps meurtri. Paniquée, elle porte sa main sur son ventre. Un onguent médicinal à base d'algues semble sceller ses plaies. La douleur qui la déchirait de l'intérieur avait disparu.

Rassurée, ses yeux sondent minutieusement la minuscule pièce dans laquelle elle est allongée. La chambre se met à tanguer subitement. Son souffle se coupe. Une vague de panique l'assiège brutalement.

Que se passe-t-il ?

Son estomac se retourne. Elle se retient de justesse de vomir sur le sol. Ses sourcils se froncent quand elle remarque le plancher couvert de sang. Où est-elle ?

"Dans quoi tu t'es encore fourrée Myria ? murmura la jeune fille en remontant la couverture contre son corps glacé."

Des pas lourds résonnent au-dessus de ta tête. Elle tressaille. La porte de la chambre s'ouvre laissant apparaître une ombre terrifiante. Son cœur bat la chamade tandis qu'elle prétend être inconsciente.

Myria soulève légèrement les paupières. Un homme la fixe avec un sourire moqueur. Des cicatrices déforment sa peau translucide. Leurs regards se croisent et le cœur de la jeune fille manque un battement.

" Faire semblant de dormir. C'est probablement la pire idée quand ton corps tremble contre ton gré. Disons que tu perds de la crédibilité, tu vois ? se moque son sauveur en lui faisant un grand sourire.

— Je t'en merde, répond Myria en se relevant brusquement.

— Wow ! Bonjour à toi aussi. Tu as laissé ta politesse au fond de l'océan ou quoi ? ironise-t-il en faisant mine de s'offusquer sérieusement.

— Pff... non... Mais ma patience, oui..., exaspère-t-elle dans sa barbe en observant attentivement .

— Décidément, tu es joyeuse comme fille. Un vrai rayon de soleil, s'exclame le jeune homme en posant une trousse de soins sur le lit.

— Merci... C'est le plus beau des compliments qu'on m'ait jamais donné. Enfin, bien entendu de la part d'un inconnu qui me kidnappe. me touche contre mon gré et après ose se plaindre de mon comportement.

— Je suis désolée. J'ai du mal à laisser les jeunes filles sur la plage sans habits ou même tatouage de reconnaissance de clan, dit-il avec un sarcasme et une curiosité non dissimulés.

Myria se racle la gorge de gêne. Il n'avait rien de mal. Elle avait simplement perdu la capacité de faire confiance à qui que ce soit depuis la trahison brutale de son frère.

" Non, c'est de ma faute. J'aurais dû réagir autrement, s'excuse la jeune fille en baissant la tête de honte.

— Tu aurais pu réagir autrement. C'est vrai. Mais sincèrement, si tu n'avais pas été surprise ou en colère d'avoir des habits qui ne t'appartiennent pas sur toi ou être dans le lit d'un inconnu, je me serais inquiété pour ta santé mentale. Les coups sur la tête c'est grave, tu sais ? lui répond-t-il avec un sourire chaleureux.

— Je recommence alors. Bonjour ! Je m'appelle Myria. Je crois que je me suis heurtée un peu trop fort la tête. J'ai besoin d'aide. Est-ce que vous accepteriez de m'habiller et de me loger pour un petit moment ? demande-t-elle avec audace en lui faisant un clin d'œil rieur.

— On est déjà en pleine mer. Ce serait bien trop fatiguant de te ramener sur la terre ferme. Je crois qu'on peut te garder un peu avec nous. Mais d'abord, voyons voir ses plaies, accepte-t-il en levant doucement la chemise de Myria.

Le souffle de la jeune fille se coupe cruellement sous la douleur. Une larme roule le long de ses joues pâles. Elle serre violemment les poings pour ne pas pleurer.

Pourtant, l'homme passe le plus délicatement possible ses doigts sur les blessures boursouflées de la jeune orpheline. Il fait glisser ses mains calleuses sur sa peau frissonnante. Une douce chaleur enflamme progressivement le ventre de Myria.

Une fois fini, l'homme mystère lui fait signe de le suivre tandis qu'il sort de la chambre d'un pas précipité.

Un mât de bateau gigantesque l'accueille à sa sortie. Myria inspire longuement l'air frais de la mer. Des oiseaux volent paisiblement dans le ciel. Les voiles se gonflent sous son regard impressionné.

Pour une raison inexplicable lorsque le vent s'infiltre dans ses habits de fortune, la peur disparaît dans son cœur. La peine d'avoir perdu sa famille mais aussi la trahison mesquine de son frère s'effacent le temps d'un instant.

Ses yeux se ferment et elle laisse le soleil réchauffer sa peau mutilée. Une détermination soudaine enflamme son âme brisée. Les marins s'activent autour d'elle. Le pont est lavé et brossé avec détermination sous son regard ébahi.

Myria détourne ses yeux vers le spectacle le plus magnifique qu'elle ait jamais vu de sa vie, la mer. Elle fixe l'océan avec un sourire diabolique tandis que les rouages de son cerveau s'activent.

L'idée de faire couler le sang de son frère réveille la colère dans son cœur. Le massacre de sa famille l'avait traumatisée. Mais en montant sur ce bateau, elle s'était enfin débarrassée des doutes qui déchiraient son esprit.

Aucun doute n'était possible. Elle doit être prête à tuer le traître responsable de sa souffrance, son frère Gareth. L'incertitude a déserté l'esprit brûlant de désir de vengeance de Myria. Peu importe le prix et le temps qu'il faudra, elle lui fera payer pour l'assassinat de son clan.

Une main se pose sur son épaule perlée de frissons. Le vent soulève ses cheveux tandis qu'elle plonge son regard dans celui de son sauveur.

Ses nouveaux alliés sont réunis devant elle. Les présentations sont rapides tout en étant agréables. Chacun se méfie de l'autre. Pourtant, un sentiment de compassion et de compréhension imprègnent leur échange.

Ils semblent parfaitement comprendre le désir de Myria de protéger ses secrets. Tous ont les marques d'une vie rude et brutale sur leurs peaux. Mais, ce sont des regards bienveillants, voire chaleureux qui la saluent.

"Au fait, j'ai oublié de me présenter. Je m'appelle Ameï, lui dit son sauveur en posant sa veste sur ses épaules frêles.

— Merci... pour tout. Tes amis ont l'air sympa. Et surtout ce bateau !, s'exclama Myria en montrant dramatiquement les voiles et le reste du navire qui la fascinaient profondément.

— Bienvenue dans l'AEOLUS, mon cher rayon de soleil. J'espère sincèrement que tu pourras y découvrir les merveilles de l'océan, répondit-il avec un sourire charmant."

Cependant, sans qu'elle sache, le bateau de son frère se rapproche à l'horizon. Elle aura l'occasion d'assouvir sa vengeance bien plus tôt qu'elle ne l'imagine.

Une vague de dégoût lui tord le ventre. Est-elle réellement capable de tuer son propre frère ?