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C'est étrange comme la seul image qui me vient à l'esprit lorsque j'ouvre les yeux, ce n'est pas le visage de Julian, mais le souvenir de ma mère. Cet ange, qui me bordait la nuit quand je faisais des cauchemars, qui m'admirait quand je jouais du piano ou qui me réconfortait quand je pleurais. Elle est debout dans la pénombre de ma chambre éclairé par le filet de lumière qui s'échappe de la salle de bain. Elle semble si paisible et son sourire est réconfortant.

Ma main se dépose sur la naissance de mes lèvres, remarquant que cette douleur est bien réelle puis sur le côté de ma tête qui n'est pas si douloureux. Je relève mon regard vers ma mère qui n'est plus là. Je l'appel désespérément mais elle a disparu... J'aurai aimé qu'elle reste un peu plus longtemps près de moi.

Je me dirige vers la salle de bain, face au miroir, je tente de supprimer les traces de cet incident, c'est douloureux mais rien comparé à ce que j'ai fait subir à Robin. Je déteste être dans ce rôle, je déteste imaginé que j'ai pu faire autant de mal à une personne alors que j'en subis moi même les conséquences.

C'est toujours la même histoire qui vient et reviens. On voudrait tellement effacer une partie de son passé espérant que les choses soit différentes. A t'on fait les bons choix, a t'on dit les bonnes choses ou avons nous tardé ... Trop tardé pour finir par être des étrangers aux yeux de l'autre. On sait que tout cet amour, nous permettrait de traverser les épreuves mais avons nous réellement la force de continuer quand tout s'essouffle. Donner plusieurs chances sans vraiment savoir si nous nous battons pour la même chose. C'est terrifiant ... Mais jamais ... Jamais il faut renoncer à ce qui nous tient réellement à coeur. Et quand ce coeur ne vous appartient plus totalement, il faut lutter pour qu'il fonctionne malgré son absence. Et le mien a tellement attendu de battre à nouveau que tout autour de moi me paraît subitement bien futile quand je suis à ses côtés.

Renoncer, je n'ai pas baisser les bras. J'ai juste attendu dans une souffrance inimaginable pourtant rien ne me garanti que Julian suit le même chemin. Lui pardonner, je ne sais pas si j'en suis capable. Mais une chose est sûre c'est que Robin a subit exactement la même chose a cause de moi.

Recroquevillé sur le sol de la salle de bain, emmitouflée dans le peignoir imprégné de quelques gouttes de sang, les larmes naissent dans mes yeux. Ce n'est pas un signe de blessure mental, ce n'est pas en réponse à l'accident que je viens de subir mais la cause est plus profonde. Ces larmes sont comme une boule de laine, ce noyau est né lors de mes premiers jours sur cette terre puis petit à petit, elle s'enroulait sur elle-même. Elle est faite de sentiments joyeux ou malheureux, de rires et de larmes, d'amour et de colère. Elle se tisse d'énergie positive et négative. Puis lorsque l'on tire brusquement sur ce fil, une fissure se forme, elle crée une brèche sur son histoire. Certaine passe inaperçu d'autres sont plus visible. Et puis arrive le moment où elle se casse nettement. Ce n'est plus une simple blessure, c'est une cassure que peux de gens connaissent. L'histoire ne s'écrit plus, on avance mais plus rien ne se tisse. A un moment donné dans ma vie une fissure visible à arrêté le cycle et part miracle une personne a réussi à réparer cette blessure. Et cet personne c'est Julian. Pourtant il est là raison de la plus grande de mes souffrance, il est celui qui a brisé ce lien et je n'ai jamais réussi à joindre les deux bouts. J'ai donc enfilé une autre corde autour du noyau espérant que cela suffise pour combler le  vide. Et bien, ces larmes sont le miroir de cet échec. Tout s'effondre et je ne peux rien y faire.

Je ne peux pas pardonner Julian tant que je ne me suis pas pardonné d'avoir abandonné notre histoire. Je voulais tellement bien faire, tellement ne pas être responsable d'un future imaginé par Chelsea que j'ai effacé ma promesse. La seul chose positive c'est que je n'ai pas privé Noah de son père.

Parmi quelques sanglots, il m'arrive de bouger vers le rebord du lavabo en espérant que mes plaies s'estompent. Quand soudain, quelques coups m'extirpe de mon isolement. Derrière la porte, j'espère qu'il ne s'agit que d'une erreur. Que la personne qui s'y trouve s'est trompé de porte. Mais elle insiste, elle frappe encore et encore pendant que mon corps frissonne. Jusqu'à hausser la voix.

L'amour des Sens Tome 2 (Terminée)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant