Nos Interdits #1 L'étincelle (Sous contrat d'édition)

Chapitre 3

Après avoir débarbouillé Allison dans la cuisine, je prends la décision de la ramener à la maison. Il serait stupide de la laisser moisir ici un peu plus longtemps. Mais, n'ayant pas le permis et n'étant pas assez suicidaire pour la laisser conduire, je commence à me faire à l'idée qu'on va devoir rentrer à pieds...

Alors que je récupère le manteau de ma meilleure amie, l'hôte de la soirée réapparaît comme par magie et me demande les clés de la voiture qui nous a amenée ici en premier lieu.

– Tu n'es vraiment pas obligé de faire ça. Dis-je en voyant immédiatement où il veut en venir.

– Je ne suis pas le genre de connard à laisser deux nanas rentrer seules la nuit, contrairement à ce que tu t'imagines.

S'il le dit... Je le remercie poliment et l'entraîne jusqu'à la Peugeot 206 d'Allison, que je porte à bout de bras. Sans trop réfléchir, je l'installe sur la banquette arrière et monte à l'avant pour lui laisser la place nécessaire. Stanislas, lui, grimpe derrière le volant et prend les commandes comme s'il avait toujours conduit cette voiture. Tandis qu'Allie comate derrière nous, je le guide jusqu'à chez moi par des indications très brèves. Je ne suis pas tout à fait à l'aise près de lui.

– Alors ? Demande-t-il après quelques minutes.

– Alors quoi ?

– Qu'est-ce que tu as pensé de la soirée ?

– Eh bien...

– Sois honnête.

Il esquisse un petit sourire tout en gardant les yeux sur la route.

– Du peu que j'en ai vu, c'était... pas mon genre.

– Attends... On parle bien de la soirée, hein ?

Je me tourne vers lui et l'observe se pincer les lèvres, d'un air moqueur.

– La soirée, oui.

– Tu préfères les trucs plus intimistes ?

– Exactement.

– Ça ne m'étonne pas.

J'aimerais lui demander ce qu'il entend par là, mais les mots ne sortent jamais. Une fois de plus, un silence pesant s'installe entre nous. Il dure jusqu'à ce que l'on arrive dans les environs de mon quartier et puis Stanislas le rompt à nouveau.

– Et Charles ?

A-t-il toujours cette stupide manie de poser des questions qui te font penser que tu ne comprends rien à la langue française... ?

– Charles ?

– C'est vraiment votre ami ?

– C'est le cousin de Sasha, une très bonne amie. Il est gentil et-

– Oui, oui, je le connais. C'était juste pour rire.

Je me concentre à nouveau sur la ligne d'horizon et prie mentalement pour que ce trajet finisse au plus vite.

– Au fait, je serai à l'Angle dans la semaine. Tu sais, le bar à la devanture rouge, dans le centre. Ça t'intéresse ?

– Qu'est-ce qui m'intéresse ?

– Bah, tu sais... De venir boire un coup.

– Ah.

Plus imprévisible, tu meurs.

– Stanislas, comment te dire...

– Stan. Appelle-moi Stan.

– Stan, repris-je, tu as conscience qu'on ne se connaît pas du tout, hein ?