Quand j'arrive au petit bistrot, j'ai beau chercher les deux grands yeux bleus de mes souvenirs, je ne vois que des serveuses. Je m'assois à une table cirée en terrasse et continue de jeter des regards indiscrets à toutes les personnes qui déambulent près de moi. Après quelques minutes, j'abandonne et me lance plutôt dans la lecture de leur carte. Je ne vais pas manger vu l'heure, j'hésite entre une boisson froide et chaude... Et puis, peu importe la température estivale de la journée, je craque pour un chocolat chaud. Aussitôt le menu reposé, une jeune fille s'approche de moi, les yeux rieurs et le sourire béat.
- Bonjour, vous avez choisi ?
Une étiquette indique «Lia» au-dessus de sa poitrine. Ses cheveux blonds, légèrement ondulés tournoient joliment autour de son visage. Elle semble jeune.
- Oui, je vais vous prendre un chocolat chaud s'il-vous-plaît.
Elle me sourit toujours, ramasse la carte et disparaît. En partant elle laisse traîner derrière elle une odeur de parfum fleuri qui me donne, à mon tour, le sourire. A ma droite, un couple s'installe à une table et s'esclaffe sans retenue. Deux rires se mêlent; un aigu et dynamique, un autre grave et probablement celui d'un fumeur. Ils sont rouges écarlates. L'homme a son regard plongé dans celui de celle qui semble être sa femme. Il glisse sa main sur la table et emmêle ses doigts avec ceux de sa compagne. Toujours liés, ils s'approchent l'un l'autre, de chaque extrémité de la table et s'embrassent tendrement. Je ne sais pas si c'est eux, si c'est l'atmosphère ou l'air que je respire, mais je me sens étrangement heureuse, sereine. Tu vois Anna, tu n'as pas besoin d'amis comme Stan pour tout gâcher. Tu n'as pas besoin de Matt. Tu n'as besoin de personne, personne d'autre que toi-même pour être heureuse.
- Bonjour.
Bam. Mon cœur s'écrase dans ma poitrine en chute libre. Je sursaute tellement vite que celui qui s'adresse à moi recule d'un pas, par peur que je ne hurle. Je n'ai pas le temps d'identifier mon interlocuteur que deux yeux couleur saphir rencontrent mon chemin. Je me retrouve littéralement hébétée. Il se tient devant moi, dans son uniforme gris, les cheveux légèrement plaqués en arrière. Il me sourit et semble attendre ma réponse. Je l'avais presque oublié celui-là.
- B... b...bonjour. Déglutis-je d'une traite sans réfléchir
Je me ressaisis un peu tard et prends ma respiration. J'ai l'impression d'être une enfant qui fait une bêtise et qui vient d'être prise la main dans le sac.
- Laisse Léo, j'men charge !
La voix féminine vient de derrière lui. Il s'agit de Lia, ma serveuse, qui porte sur un plateau la tasse qu'elle dépose devant moi. Je suis tellement prise par cette suite d'événements que je ne vois même pas Léo s'en aller. Léo. Léo comme dans Léonardo ? Léo comme dans Di Caprio ? La coïncidence pour que deux collègues de travail s'appellent Lia et Léo est faible quand même... Je lève les yeux vers ma serveuse, tout sourire. Je suis alors frappée par une certaine ressemblance avec mon inconnu aux yeux bleus. S'agit-il d'un frère et d'une sœur? Tous les signes sont là. Je remercie platement la jeune fille tandis que ma tête s'enflamme de questions diverses. Ma curiosité me tuera un jour... Mais pas aujourd'hui.
Je bois rapidement ma boisson sucrée tout en ne quittant jamais du regard Léo et Lia qui vaquent à leur travail. De temps en temps ils se touchent l'épaule, ou se lancent des regards complices, confirmant mon hypothèse. Ils sont très beaux physiquement. Léo est captivant. Femmes et hommes se retournent après son passage. Lia semble douce. Elle sourit constamment tout en portant des dizaines de verres et assiettes en tout genre. Je rêvasse facilement devant ses deux personnes auxquelles j'associe mon imaginaire. On est loin des prises de têtes à la Stanislas Djovik. On est loin des soirées en boîte décidées sur un coup de tête. Et je suis sûre qu'on est loin de son arrogance surdimensionnée.
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Nos Interdits #1 L'étincelle (Sous contrat d'édition)
RomanceAnna a toujours été l'archétype-même de la bonne copine. D'une douceur innée, un brin maniaque et au charme qui s'ignore, la jeune adulte est pourtant suivie d'une montagne de petits complexes qui l'empêchent de voir sa vie autrement que comme une r...