𝑳𝒂 𝒄𝒐𝒎𝒑𝒂𝒈𝒏𝒆 𝒅'𝒖𝒏 𝑼𝒄𝒉𝒊𝒉𝒂 (𝑇𝑒𝑟𝑚𝑖𝑛𝑒́𝑒）

𝑪𝒉𝒂𝒑𝒊𝒕𝒓𝒆 23 － 𝑆𝑜𝑢𝑟𝑛𝑜𝑖𝑠𝑒 𝑜𝑚𝑖𝑠𝑠𝑖𝑜𝑛

L'eau coulait, chaude, apaisante, mais Sakura gardait encore un esprit agité, le regard perdu sous la douche, alors que le jet d'eau lui cascadait la peau. Elle était liquéfiée et la chaleur n'arrivait pas à s'incruster dans les pores de sa peau.

Gaara.

Il la voulait. Et il était prêt à l'attendre. Elle en ferma les yeux sous le souvenir de leurs regards lorsqu'il l'avait reconduit chez elle. Il l'avait enlacée, comme s'il avait cette peur immense de la perdre et elle avait retenue ses larmes.

Elle se sentait pitoyable. Elle voulait fuir, prendre congé pour réfléchir et elle était certaine que Tsunade, la chef du village accepterait sa demande. Elle était son ancienne élève et Sakura était certaine que la chef comprendrait sa douleur. Seulement, ne serait-il pas lâche de sa part de prendre la poudre d'escampette, alors que Gaara lui avait déclaré être prêt à tout pour elle ?

Mais tu es lâche, Sakura.

Les poings crispés, elle coupa l'eau, sortit et s'enroula d'une serviette, le regard sombre. Elle avait besoin de se ressourcer. S'éloigner des deux hommes, Sasuke et Gaara lui ferait un bien fou pour apprendre à mieux se connaître. Elle s'était trop oubliée depuis la Grande Guerre, avait trop changé et cette peur de découvrir qui elle était vraiment lui dévorait les entrailles. Mais elle avait besoin de le faire. Elle devait savoir. Tester ses limites et surtout, se tenir éloignée de Konoha si elle venait à perdre le contrôle.

Sakura sentait venir le moment où elle craquerait, mais elle ne savait pas que cet instant était si proche. La dernière fois qu'elle avait perdu les pédales, un désastre s'était abattu sur sa famille.

Elle grogna sous le souvenir qui tentait de refluer. La jeune femme le repoussa avec une ardeur terrible. Elle ne voulait pas le savoir. Ne voulait pas s'en souvenir. Jamais.

Revêtue d'un jogging et d'un t-shirt au tissu revêche, elle s'attacha les cheveux en un chignon défait en franchissant la cuisine.

— Sakura, souffla une voix.

La tasse de café qu'elle tenait dans ses mains, à peine remplie, se fracassa contre le sol. Elle se ficha des morceaux qui pourraient la couper. Il faisait sombre et elle ne pouvait distinguer la silhouette de la personne, mais la voix féminine familière la fit grogner. Avec vivacité, elle tendit ses doigts vers la source sombre et balança son poing au visage de l'invité sans prévenir. Une cohue de bruit s'ensuivit. Sakura venait déjà d'enjamber le plan de la cuisine pour empoigner le collet de Tsunade.

Cette imbécile riait aux éclats.

La laissant pendre dans sa main, la jeune femme alluma la lumière de son poing droit.

— Tu accueilles toujours aussi aimablement tes invités ?

— Qu'est-ce que tu fais dans mon appartement, Tsu' ?

Sakura ne prit même pas la même de lui demander comment elle était entrée. Ces amis passaient comme si elle gardait la porte ouverte, ce qui n'était pas le cas. Quelle frustration ! Les yeux levés au ciel, Tsunade gardait toujours ce sourire niais aux lèvres. Stupidement irritable.

Grognant de colère, Sakura la lâcha sans prévenir et son ancienne mentore se retrouva les quatre fers en l'air, à baragouiner de douleur.

— Tu pourrais être plus gentille quand même. Je sais que j'en n'ai pas l'air, mais je me fais vieille.

Tsunade se frotta les fesses en se relevant, une petite grimace défigurant ses traits. Mais sa mine douloureuse se transforma une demie seconde plus tard en un air glacial et sérieux. Sakura tira une chaise et l'invita à s'asseoir froidement. La jeune femme était fatiguée et quand elle pensait à Tsunade, celle-ci se pointait sans prévenir. Elle n'était pas dupe. Si la chef du village se présentait à sa porte, en pleine nuit, c'était que quelque chose clochait.