Chapitre 3- Confusion

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Lilian nous trouva deux places à l'une des tables et je m' assis avec résignation. Regardant en direction de Fenrir je vis que celui-ci me regardait d'un air triste et je sentis mon coeur se serrer. Puis il reporta son attention sur l'assiette vide devant lui et son visage se vida de toute expression.

Déçue je reportais mon regard sur Lilian qui avait commencé à me raconter sa vie. Je ne l'écoutais que d'une oreille , mes pensées se bousculant dans ma tête.
Comment cela serait-il pris si je me levais pour rejoindre Fenrir? J'entendis tout de même des bribes du discours de Lilian disant qu'il avait été dans la garde d'Argent pendant une semaine et qu'il espérait y retourner grâce au tournoi de cette semaine. Puis il me raconta qu'il ne m'avait jamais oubliée, qu'il avait pensé à moi pendant toutes ces années dans la cité, que je lui avais manqué...

Mon alarme interne avait déjà commencer à sonner à tue-tête mais, concentrée sur la déception que j'avais décelée chez Fenrir, je n'y pris pas garde. Ce n'est que lorsque Lilian déclara qu'il n'avait pas oublié notre serment de nous marier que je réalisais mon erreur d'inattention. Je me figeais sur ma chaise et regardais Lilian qui me souriait de toutes ses dents, me tenant toujours la main et y décrivant de petits cercles avec son pouce. J'enlevais délicatement ma main de la sienne et vit son sourire disparaitre. Je tentais de lui expliquer:

- Je suis désolée Lilian. Ce serment... nous étions si jeunes, je pensais que tu comprendrais qu'il n'avait plus vraiment lieu d'être. Je ne puis choisir mon Roi sur les bases d'un ancien serment formulé lorsque j'étais enfant.

Je vis de la douleur dans ses yeux puis il se crispa. Il prit parole et laissa filtrer dans sa voix une grande anxiété:

- Mais Trinity, je t'ai attendu toutes ces années. Penser à toi..., il me lança un regard désespéré. C'est la seule chose qui m'a permis de tenir et de ne pas baisser les bras face à toutes les épreuves que nous traversons entre ces murs. Je pensais que, dès ton arrivée, tu me choisirais et que mon calvaire serait fini. Je ne veux pas finir ma vie entre ces murs comme ceux qui ne sont jamais choisis.

Sur la fin de sa tirade il s'était presque mis à crier. Voyant que je ne le rassurais pas en lui disant que je le choisirais et qu'il n'aurait pas à vivre plus longtemps dans la cité, il se leva et se dirigea vers la sortie. Il avait l'air si malheureux que je ressentie, pendant un instant, du remord, ce qui me donna envie de courir derrière lui pour le rattraper et le rassurer. Mais je ne le fis pas. Je ne pouvais pas me permettre de me montrer si influençable devant toute l'assemblée, au risque que certains me pensent faible et s'engouffrent dans la brèche afin de conquérir le trône. Une partie de moi se sentit vraiment mal de devoir rester assise en prenant un regard impassible.

J'avais l'impression de mentir en me faisant passer pour une personne que je n'étais pas. Mais mon statut ne me permettait pas de me montrer faible et encore moins au sein de cette cité, entourée d'hommes inconnus. Je ne devais montrer aucune faiblesse ou je serais immanquablement dévoré par les loups dans la bergerie. Le seul moyen pour moi d'échapper à cette fin atroce était de déguiser l'agneau que j'étais en prédateur féroce qui ne ferait qu'une seule bouchée des loups. Mais plus facile à dire qu'à faire...

Je soupirais. Toute cette politique commençait déjà à me donner mal à la tête et pourtant, à mon grand désarroi, cela n'annonçait que le début des ennuis. J'avais vraiment été heureuse de revoir Lilian après toutes ces années et j'aurais aimé qu'il comprenne que mon choix, au vu de mes futures fonctions, ne pouvait pas être personnel. De plus, après toutes ces années, mes sentiments pour lui s'étaient émoussés et mes goûts en matière d'hommes affinés. Je ne pensais pas qu'un garde aussi émotif et lunatique que Lilian puisse convenir à une aussi haute fonction que celle de Roi. Et même malgré son énorme changement physique, je devais admettre que l'image me revenant sans cesse en tête n'était autre que celle de Fenrir, ses bras musclés où j'aimerais me blottir et ses yeux orageux où j'aimerais me perdre, même si je devais avouer que de telles pensées m'effrayaient. Jamais encore je n'avais cru au coup de foudre. Mais peut-être... Non, non et non, ce n'était pas le moment de penser à des choses aussi futiles.

Le choix d'un PrinceOù les histoires vivent. Découvrez maintenant