𝚘𝚗𝚎

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Les pieds enfin sur la terre ferme après de longues heures de route, je m'étais concentré sur la sensation de l'air frais qui s'infiltrait peu à peu dans mes poumons et les chants éloignés des oiseaux avant de relâcher l'air contenu dans ma poitrine.

J'avais fermé les yeux et laissé les rayons du soleil me brûler la peau quelques secondes et mes pensées s'égarer, essayant d'imaginer le genre de vacances que j'allais passer.

De vagues souvenirs m'étaient revenus en tête lorsque notre maison de vacances était finalement apparue sous mes yeux après ce long trajet. Les balades à vélo, les barbecues ou encore les éclats de rires qui résonnaient au loin et dont je ne semblais pas me mêler.

«Jimin? Tu viens nous aider.»

Retour à la réalité.

La voix de mon père avait empêché mon esprit de divaguer un peu plus et m'avait fait rouvrir les yeux, soudain ébloui par les faisceaux lumineux. Mon corps avait pivoté de lui-même et j'avais empoigné les deux sacs que mon père me tendait.

En passant la porte de la maison, une légère odeur de renfermé m'avait chatouillé les narines et fait froncer les sourcils. J'avais posé les sacs à terre et m'étais empressé d'ouvrir les quelques fenêtres du rez-de-chaussée qui laissaient maintenant la lumière s'infiltrer dans la pièce principale.

Les draps recouvrant les meubles donnaient un air abandonné à la maison que ma mère ne semblait pas apprécier puisqu'elle s'était empressée de tous les retirer, lui redonnant un aspect plus vivant.

Après avoir déposé ma valise dans ma chambre, j'avais pretexté vouloir me dégourdir les jambes pour aller me balader dans les alentours. Ce n'était qu'une excuse pour me retrouver seul. J'avais besoin de recharger mes batteries loin de mes parents après avoir passé autant de temps en leur compagnie.

Je les avais écouté durant tout le trajet déblatérer sur le fait que l'été allait être merveilleux et qu'il allait me permettre de faire le point. Faire le point sur quoi au juste?

Il y a deux mois à peine, j'étais sorti du coma. Je m'étais réveillé avec quelques souvenirs de mon enfance qui ne semblaient même pas m'appartenir et une sensation de vide au creux de moi. Les dernières années que j'avais vécues avaient totalement disparu et je vivais désormais une vie qui ne paraissait pas être la mienne.

Un simple accident de voiture qui avait foutu ma vie en l'air.

Mes parents avaient donc jugé bon de maintenir les vacances en famille annuelles, supposant que cela raviverait mes souvenirs et m'aiderait à aller mieux. Je n'avais aucune envie de mettre les pieds ici mais je n'avais pas eu le choix. Mes parents étaient bien trop anxieux à l'idée de me laisser seul à la maison étant donné ma santé.

Ils avaient en tête que j'étais fragile et s'étaient promis de prendre soin de moi, quitte à envahir mon espace vital. Comment leur faire comprendre que je n'avais pas besoin de ça pour me rétablir?

D'ailleurs est-ce que je devais réellement me reconstruire? Ou est-ce que je devais plutôt recommencer à zéro?

-

J'avais passé la main dans mes cheveux tout en regardant mon reflet dans le miroir. J'étais fatigué. Le long trajet ajouté à la chaleur estivale m'avait épuisé mais la journée n'était pas finie.

Mes parents avaient réservé une table dans un restaurant pour marquer le début de nos vacances et pour être honnête, j'avais hâte de sortir à nouveau de cette maison.

Je l'adorais mais elle ne faisait que me rappeler les souvenirs de mon enfance alors que j'aurais tant aimé en retrouver des plus récents.

Les docteurs ne savaient pas si j'allais retrouver la mémoire un jour mais s'étaient montrés optimistes. Sûrement pour ne pas que je perde espoir et que je ne sombre encore plus.

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