𝚎𝚕𝚎𝚟𝚎𝚗

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Cette fois-ci, c'était moi qui l'avait appelé. Je ne l'avais pas vu pendant deux jours et il m'avait terriblement manqué. Alors j'avais pris les devants pour une fois et lui avais proposé que l'on se voit.

Il m'avait dit qu'il devait faire quelques courses pour ses parents mais que je pouvais l'accompagner si j'en avais l'envie. N'ayant pas d'autres activités à proposer, j'avais sauté sur l'occasion de passer du temps avec lui. Peu importe ce que l'on faisait, tant que j'étais avec lui, j'étais sûr de passer un bon moment.

Alors je l'avais rejoint avec mon vélo à la seconde où il avait raccroché, bien trop impatient de le retrouver. Chaque parcelle de mon corps frétillait à l'idée de retrouver son contact et en m'en rendant compte, j'avais pédalé un peu plus vite.

En arrivant, je lui avais sauté dessus et je l'avais embrassé comme je ne l'avais jamais fait auparavant. Je m'étais rendu compte que ma réaction avait été un peu trop excessive alors je m'étais excusé pendant que lui avait rigolé.

On s'était installés dans sa voiture et on avait roulé jusqu'au supermarché. J'avais apprécié le confort des sièges contrairement à ma selle de vélo et j'avais alors réalisé à quel point c'était une belle voiture pour quelqu'un d'aussi jeune que lui.

« Comment t'as fait pour te payer une voiture pareille à 20 ans ?

- C'est celle de mes parents. Moi j'en ai plus.

- Plus ? Qu'est-ce qui s'est passé ? »

Je l'avais vu détourné légèrement le regard comme pour fuir ma question puis il avait pris une grande inspiration avant de fixer la route devant lui. Ses doigts avaient un peu plus serré le volant et il avait semblé réfléchir.

« J'ai eu un accident. J'ai rien eu de grave mais ma voiture est morte. »

Il avait enchaîné les paroles comme s'il voulait s'en débarrasser au plus vite et que je ne pose pas d'autres questions. Alors pour lui montrer que j'avais compris, j'étais venu déposer ma main sur sa cuisse et n'avais plus prononcer un seul mot.

Je sentais qu'il s'efforçait de répondre à mes questions même lorsqu'elles soulevaient sûrement un sujet sensible et douloureux pour lui. Comme lorsqu'il m'avait parlé de la cabane dans son jardin.

Alors j'avais essayé de prendre exemple sur lui et de ne pas poser plus de questions qui le mettrait mal à l'aise, comme il le faisait avec moi. Mes pensées, elles, ne s'étaient pas arrêtées et je m'étais demandé si les siennes faisaient la même chose quand je répondais vaguement à ses questions.

-

On avait fait les courses et le trajet de retour en silence. Je l'avais senti tendu et à deux doigts de fondre en larmes alors je lui avais laissé l'espace nécessaire dont il semblait avoir besoin et l'avais laissé tranquille.

Encore une fois, je n'avais pas arrêté de cogiter et de penser que peut-être je n'aurais pas dû poser cette question. Il n'avait prononcé que quelques mots durant la dernière heure et il avait fui mon regard comme la peste.

Avec cette histoire, j'avais oublié que potentiellement, en passant la porte de sa maison, j'allais tomber sur ses parents. Alors quand j'étais rentré, les bras remplis de provisions, j'avais failli tout lâcher en tombant nez à nez avec son père.

Il avait eu la gentillesse de me débarrasser les bras tout en me saluant. J'avais paniqué et je m'étais éclipsé en prétextant qu'il restait des courses dans la voiture. J'en avais profité pour prendre une grande bouffée d'air frais. Faire une crise de panique lors de ma rencontre avec les parents de Jungkook n'était pas dans mes plans.

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