chapitre 17

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- Putain !

Voilà tout ce que Loki avait dit avant de détaler comme un lapin après que Smith lui ait révélé ce qu'il avait trouvé.

Comment avait-il pu être aussi bête et si aveugle. Pendant tout ce temps, il n'avait pas compris. Quel imbécile !

Mary tiendrait-elle longtemps encore ? Qu'avait elle fait pour être ainsi persécutée ?

Le policier couru jusqu'à son bureau, debout face à son écran d'ordinateur, ses yeux clignant deux fois, il recherchait l'adresse correspondant au nom du propriétaire de la voiture bélier.

Les traces de pneus dans la neige et la boue et les éclats de peinture retrouvés sur la portière arrière du véhicule de la doctoresse, Loki savait qui en était le propriétaire. Il s'en souvenait parfaitement, comme s'il l'avait encore sous ses yeux. Ça ne pouvait être que ça, que lui.

Aussi rapidement qu'il lui était possible, il avait trouvé le lieu de résidence du conducteur. Ni une, ni deux, il l'avait notée sur son carnet avant de se saisir de sa veste et de ses clefs et de rejoindre en courant sa Ford garée un peu plus loin sur le parking. La température très en dessous de zéro l'avait instantanément revivifié, il était à présent déterminé à retrouver Mary et à la sauver par tous les moyens possibles, qu'importe le prix qu'il devrait payer. L'inspecteur était prêt à tout.

Ce n'était plus de petites chutes de neige mais bel et bien une tempête qui s'abattait sur la ville de Conyers, rendant la conduite plus dangereuse et moins facile.

- Quel con, mais quel con ! Ne cessait de se fustiger le policier alors qu'il claquait ses mains sur le volant, les lumières bleues et rouges de son gyrophare éclairant son visage crispé de rage.

La circulation à cette heure tardive était assez fluide. Heureusement pour l'inspecteur qui devait agir avec agilité et être prudent. L'agresseur de Mary habitait de l'autre côté de la ville, dans un quartier opposé au poste de police, ce qui n'arrangeait rien.

Un coup de klaxon avait retentit alors que le tatoué se faufilait au travers des véhicules. Il n'avait pas le temps de répondre ou encore de s'énerver. La vie de Mary dépendait de sa rapidité et de sa lucidité à la rejoindre au plus vite.

Fonçant sur la route, il appela le commissariat central pour qu'ils envoient des renforts.

Les flocons de neige s'accrochaient sur l'eau gelée couvrant son pare-brise réduisant son champ de vision mais qu'importe, il devait avancer coûte que coûte.

Mary s'etouffait avec son propre sang, toujours attachée à ce lit miteux, son agresseur l'avait aussi bâillonnée afin de ne plus entendre ses lamentations, certes il aimait les cris de détresse et de désespoir mais les geignements l'agaçaient au plus haut point.

- Je voudrais simplement que tu comprennes Mary, lui avait-il dit en s'asseyant au bord du lit, tout contre elle, sa main caressant son joli visage ensanglanté. Je ne veux que ton bien.

La brune était terrifiée, elle n'avait de cesse de remuer sa tête désespérément, les larmes souillant ses joues pâles. Ce type la rendait malade, et la douleur dans son corps ne lui laissait que peu de répit. Chaque centimètre de son être lui faisait mal. Elle allait mourir ici, dans les mains de ce fou dangereux, agonisant, se noyant dans son propre sang. Elle savait que ses blessures ne lui seraient pas fatales seulement si elle pouvait être secourue à temps.

David, pensait-elle. Lui seul lui permettait de se maintenir à flot, de résister de toutes ses forces et de s'empêcher de sombrer dans le chaos de son âme meurtrie.

Une claque monstrueuse piqua son épiderme déjà abîmé. Son kidnappeur venait de la frapper. Sa joue enfla sous le coup.

- Tu penses à lui ? Demanda-t-il. RÉPONDS ! Avait-il crié. TU PENSES À LUI ? Je ne te laisserai plus jamais penser à lui, pas une seule minute, plus jamais. Et joignant le geste à la parole il l'avait piqué avec une seringue qu'il détenait dans sa poche depuis le début. Avec ça tu penseras comme je le souhaite. Il voulait la droguer, il le ferait chaque jour pour qu'enfin elle lui appartienne.

Il avait l'air d'un démon avec ses yeux exorbités. La brune avait gémi sous la douleur. La stupeur et l'angoisse grandissante, l'avait faite sursauter. Et son corps devenait lourd, s'engourdissant  un peu plus chaque seconde.

Qu'avait fait ce foutu flic pour la séduire ? Pourquoi ce gars et pas lui ? Se demandait-il. Il avait finalement détaché la jolie brune et lui avait retiré son bâillon pour mieux en profiter, embrasser ses lèvres pulpeuses, caresser son corps enivrant.

Une demie-heure, une putain de demie-heure qu'il était parti du poste central et enfin il parvenait tout près de la maison du suspect.

L'inspecteur Loki avait éteint le gyrophare et les feux de sa voiture de façon à passer inaperçu. Il devait être discret tout en agissant rapidement. Mais surtout, il devait retrouver Mary et l'aider au plus vite. Le temps était compté.

Il se gara le long du trottoir d'en face, observant les alentours, son tic facial de retour. Le quartier était calme, les toits étaient recouvert de neige et il pouvait voir quelques lumières allumées dans les habitations d'à côté. Rien dans cette rue ne laissait entrevoir le moindre problème.

Son cœur tambourinait sourdement dans son corps, lui chuchotant encore que la vie de la femme qu'il aimait dépendait entièrement de lui. Il avait peur. Non pas qu'il n'ait jamais ressenti un tel sentiment auparavant. Bien-sûr qu'il avait déjà eu plus d'une fois l'angoisse de ne pas arriver à temps et de ne pas résoudre une enquête avant qu'un drame ne se produise. Mais ici, ce soir, à cet instant, c'était un tout autre enjeu, Mary avait ouvert une brèche dans le cœur trop lourd et trop sombre de cet homme et qu'importe ce qu'il avait pu se dire, cette femme il l'aimait comme il n'avait encore jamais aimé personne auparavant et ça faisait toute la différence à ses yeux. Ce n'était plus seulement son travail, mais sa vie personnelle et sentimentale qui se jouait.

Il avait sorti son arme, avant même qu'il ne soit entièrement descendu de son véhicule, prêt à toutes les éventualités.

Dieu seul sait à quoi il devait s'attendre.

Pas à pas, il s'était approché de la maison, aussi vif et discret que possible. Elle n'était pas bien différente des autres, modeste au premier abord, blanche et sur un seul étage.

Il ne lui parvenait aucun bruit. Rien de suspect, rien d'inhabituel ne s'échappait à travers la porte en bois massif peinte en rouge.

Loki contourna l'angle avant de se diriger à pas feutré vers l'arrière afin d'accéder au jardin. Il avait longé le mur du garage avant de s'y introduire. L'homme qui avait enlevé Mary, dans sa précipitation de se mettre à l'abri avec son précieux chargement, n'avait pas jugé utile de fermé la porte de ce dernier. Peut-être que le temps ou bien encore que sa condition physique l'en avait empêché, qu'il était pressé de cacher la pauvre femme.

Loki ne s'était pas trompé. Une voiture à l'avant bien amochée, dégâts occasionnés lors du choc, trônait au milieu.

D'innombrables étagères s'alignaient le long des murs, chargées de matériel en tout genre et de provision.

Le regard sombre de l'inspecteur fût attiré par une tâche rouge sombre sur le sol en béton peint : une tâche de sang.

- Mary, chuchota-t-il. Alors qu'il s'était accroupi pour observer s'il y en avait d'autres, son cœur s'était emballé alors qu'une traînée rouge foncé lui indiquait la direction que le détraqué avait suivi.

Son souffle et les battements rapide de son cœur pour seule compagnie, l'inspecteur prudent avança doucement vers la porte menant à l'intérieur de la maison.

Comment s'introduire à l'intérieur sans être entendu ? Comment faire ? Mais surtout, comment allait Mary ? Ce sang sur le sol, lui appartenait-il ?

L'angoisse grandissante, il manipula la poignée de la porte, son arme pointée vers l'avant. Ses yeux bleus sombres clignants deux fois, il s'était enfin introduit dans la demeure, sans un bruit, la peur au ventre.

- Tiens bon Mary, j'arrive! Pensa-t-il avec espoir. J'arrive...

Son souffle se coupa instantanément à la vue qui s'offrait à lui. Il avait déglutit plusieurs fois, la gorge serrée, incapable de ne pas être estomaqué. Cela n'avait rien d'humain, il ne s'était certainement pas attendu à une telle situation ni à une telle chose.

POSSESSIONOù les histoires vivent. Découvrez maintenant