POSSESSION

chapitre 20

Combien de temps encore devait-il rester là ? Encore combien de secondes, de minutes et d'heures devrait-il resté assis sur cette chaise inconfortable à attendre que quelqu'un vienne enfin lui parler.

Trop de temps s'était écoulé depuis son arrivée en catastrophe dans le hall des urgences, le corps ensanglanté de Mary Cooper dans ses bras.

L'inspecteur s'était redressé un peu, étirant son dos douloureux d'être resté ainsi, aussi longtemps.
Puis, il avait de nouveau posé ses coudes sur ses genoux avant de se frotter le visage, ses joues devenues râpeuses dû à une légère barbe naissante, il n'avait pas eu une seule minute à lui pour se raser, puis ses doigts tatoués avaient peignés ses cheveux bruns décoiffés, défaisant un peu plus, si cela était possible, sa coiffure structurée, qui n'en était déjà plus une.

Une peur vicieuse et acide lui dévorait l'estomac, une angoisse sourde qui ne cessait de lui répéter qu'il avait été trop long à agir, trop de temps s'était écoulé avant qu'il ne parvienne jusque chez le docteur Wilson et encore trop de temps avant qu'il ne la retrouve et la conduise ici. Trop de temps ou bien pas assez. Tout ce temps elle avait saigné énormément et enduré les pires tortures. 

Sur cette affaire, il n'avait rien de l'inspecteur dont la réputation irréprochable n'était plus à prouver à Conyers. C'était peut-être tout le contraire. Il avait tout raté, tout. Il n'avait rien vu et la jolie brune en payait les conséquences. Comment avait-il pû ne pas comprendre bien avant que John Wilson était ce détraqué ? Mais putain pourquoi ne s'en était-il pas rendu compte ? C'était, il en était à présent certain, les sentiments pour Mary Cooper, qu'il s'était efforcé de faire disparaitre et d'ignorer au lieu de les accepter tout simplement. C'était cela qui l'avait empêcher de rester vigilant et concentré sur l'affaire, qui l'avait troublé et par conséquent rendu aveugle à tout ce qui se trouvait pourtant sous son nez de flic depuis le début.

- Quel abruti ! Souffla-t-il tout bas.

Fatigué, son tic faciale n'en était que plus prononcé. Mais le remords et le repos ne pourraient venir que bien plus tard, quand enfin le détraqué, assassin et fou dangereux serait derrière les barreaux pour le restant de sa vie ou mieux encore entre quatre planches et à plusieurs pieds sous terre. Rien à foutre de la fatigue, des remontrances de son chef, rien à foutre de la loi et des limites à ne pas franchir, l'homme qui s'en était pris à Mary devait payer et c'est exactement ce que Loki voulait faire. Le faire payer. Oui ,mais où était-il à cet instant ? John Wilson avait pris la fuite en abandonnant sa proie. La laissant pour morte dans les bras de l'inspecteur.

Pourtant, si ce malade mental avait été capable du pire, allant jusqu'à assassiné Brie et Minou, osant défoncer la petite voiture de Mary avec son impressionnant tout terrain, l'emprisonnant dans le sous-sol de sa maison délabré et dégueulasse, il n'allait certainement pas abandonner maintenant. Loki en était plus que certain. La voilà la question qui lui faisait tant tourner la tête. Quand et où allait-il s'en prendre à la jolie brune ?

À l'hôpital elle serait à l'abri, tout le monde était au courant de ce qui était arrivé hier soir, l'homme ne pouvait échapper à la police, il lui était impossible de quitter le comté, un avis de recherche avait été émis à son nom et à sa description, il ne pourrait se cacher plus longtemps.

Alors Loki se l'était promis, il veillerait jour et nuit au chevet de la doctoresse. Il ne la laisserait jamais seule, pas un instant, pas une minute, jamais, plus jamais.

Quelques jour plus tard, le matin avait fait irruption avant même que ses yeux ne puissent s'habituer à la lueur de l'astre solaire. Cela lui semblait des siècles qu'il s'était endormi. Son corps était endoloris, lourd et douloureux de courbatures en tout genre. Trop de nuits inconfortables sur ce satané fauteuil en simili cuir marron. Il s'était étiré, cambrant le dos jusqu'à l'entendre craquer. Loki avait roulé sa tête d'un côté et de l'autre délassant ses vertèbres.

La belle brune était toujours inconsciente, recouverte d'un drap tout aussi blanc que les murs tristes de sa chambre d'hôpital. Elle était en meilleure forme que lors de son sauvetage. Ses joues rosées et ses lèvres colorées ne pouvait le tromper. Elle dormait voilà tout. Plus de sang, de frissons et d'angoisse. Elle avait tant souffert elle méritait le repos pour un temps.

Il s'était levé, attrapant son arme et ses menottes qu'il avait déposé sur la table de chevet tout près de lui avant qu'il ne prenne place dans ce fauteuil inconfortable. Avec mille précautions il s'était approché du lit, évitant les câbles et autres intraveineuses qui s'enroulaient autour du corps frêle de sa dulcinée, délicatement il s'était penché, déposant un doux baiser sur son front tiède. Elle allait bien, elle était vivante et entière sous ses yeux. L'inspecteur ne pouvait oublié ce qu'il avait vu là-bas, il ne pourrait jamais oublier. C'était tout simplement impossible. La demeure de John Wilson n'avait rien à envier aux maisons des horreurs des parcs d'attractions les plus connus. 

Le tatoué avait en tête de prendre un café, ou quelque chose de semblable à la machine non loin. Comment les soignants et médecins de ce centre hospitalier pouvaient supporter le goût si désagréable de ce nectar à l'allure de jus de vieilles chaussettes ? Mais il n'y avait que peu d'options, la machine à café ou rien. Alors ...

L'inspecteur jetait un dernier coup d'œil à Mary avant de sortir signalant son retour imminent à l'agent en faction devant la porte de la chambre de cette dernière. Le distributeur n'était qu'à quelques mètres au bout du couloir, ça ne serait pas long. Juste quelques minutes et de plus, il le savait pertinemment, la jolie doctoresse était à l'abri du danger ici, surveillée vingt-quatre heures sur vingt-quatre.

Fouillant les poches de son pantalon noir à la recherche d'une pièce, grognant des injures à la malchance, il avait été surpris par un bras passant  au dessus de son épaule. Par instinct, il avait porté sa main à son côté où se trouvait son pistolet mais en un instant il s'était aperçu que se n'était simplement que le médecin qui suivait Mary. Ses yeux clignairent deux fois avant que la tension ne retombe.

- Laissez-moi vous offrir ce café. Lui avait dit l'homme en blouse blanche en posant son badge magnétique sur le réceptacle prévu à cet effet. Vous l'avez amplement mérité.

Il avait répondu par un simple hochement de tête.

Le gobelet tombé, les deux hommes patientèrent, attendant le signale avant de récupérer la tasse.

- Vous lui avait sauvé la vie. Avait commencé le docteur entament ainsi la conversation. Mary Cooper est un excellent docteur et qui plus est, une femme exceptionnelle.

- Je le sais. Avait répondu Loki avec un sourire triste. Je le sais. Il ne pouvait s'empêcher d'avoir du remords pour tout ce temps perdu.

- Elle est forte et elle s'en sort déjà très bien. Le médecin se voulait réconfortant. Après tout, l'inspecteur devant lui avait sauvé une de ses collègues de travail. De plus personne ne s'était rendu compte que le docteur Wilson était un psychopathe, fou à lier.

- Tout ce qui m'importe maintenant... Avait commencé le tatoué d'une voix grave et sincère, les yeux perdu dans le noir profond de son café qui finissait de couler... C'est d'enfin voir le bleu marine de ses yeux, d'attraper Wilson et de le faire payer.

À ces mots, le praticien avait frissonné. Il avait bien compris que l'inspecteur voulait se venger. Cependant, il ne pouvait rester là plus longtemps, des patients avaient besoin de lui.

- Et bien. Avait-il dit. Je vais y aller. Puis il avait levé la tête alors qu'un mouvement à l'angle du couloir l'avait  interpellé. Suivant son regard Loki avait fait de même. Ce médecin n'a rien n'a faire là. Souffla le toubib en regardant sa montre. Il n'y a pas de soins prévus avant au moins une heure.

- Mary ! Pensa le brun avant qu'il ne fasse un pas vers l'homme qui lui tournait le dos et partait dans la direction opposé.

- Hey ! Cria-t-il en marchant à grandes enjambées.

Sans même s'en rendre compte, sa main s'était posé sur son arme et il avait accélérer la cadence.

- Hey ! Avait-il crié de nouveau.

L'homme en blouse blanche s'était retourné une fraction de seconde. Ça avait été suffisant. Malgré le masque sur son visage et sa charlotte sur la tête.

Le cœur tambourinant dans une courses folle, Loki n'en croyait pas ses yeux. Il fût pris d'une haine et d'une angoisse au même instant.