TRAUMA

Chapitre 5

Je sors mon calepin de mon sac, mais toutes mes feuilles tombent au sol. Je souffle et me lève pour les ramasser. Cependant, je n'ai pas le temps de le faire puisque quelqu'un me tend toutes les feuilles avec un léger sourire. 

"Comment...laisse tomber, merci." Dis-je en voyant Éric devant moi.

Je prends les feuilles, mais il recule sa main. Il regarde les dessins dessus et c'est là que je me rends compte de ma connerie. Ce sont les dessins que j'ai faits hier soir, lors de mon insomnie. J'espère de tout cœur qu'il ne va pas comprendre que j'ai dessiné tout ça en pensant à son ami. Je me mords la lèvre inférieure en le fixant.

"Ils sont beaux ces dessins." Dit-il simplement avant de me les rendre.

Je les prends et les observe avant de les ranger et de tourner une page blanche dans mon calepin. J'observe les alentours avant de souffler. Rien de bien intéressant à dessiner. Et je n'ai pas cours jusqu'à 17 heures. Je devrais rentrer ?

"Ça te dit d'aller boire quelque chose ?" Demande soudainement Éric qui était toujours face à moi.

"Je...non, ça ira merci." Déclinai-je poliment.

"S'il te plaît, j'aimerais vraiment passer du temps avec toi." Insiste-t-il.

Il est étrange, pourquoi il insiste ? Il me veut du mal ? A-t-il quelque chose à me demander ? D'habitude personne ne me calculent et là, deux personnes tournent autour de moi. Et pas des personnes lambda.

"Qu'est-ce que tu me veux, exactement ? Pourquoi tu me parles ? Pourquoi es-tu si gentil ?" Demandai-je, suspicieux.

"Tu es...laisse tomber, juste, tu m'intrigues, voilà tout." Avoua-t-il, me laissant, désolé de l'expression, sur le cul.

"Je...non..non, tu n'as pas le droit de dire ça, alors qu'on ne se connaît même pas. Depuis le début, tu tournes autour de moi et c'est étrange voir carrément flippant. Toi et ton pote, vous venez vers moi comme bon vous semble comme si j'allais vous accepter d'un claquement de doigt. Je ne vous connais pas, d'ailleurs, je ne sais même pas comment il s'appelle et voilà que je me mets à le dessiner avec le simple son de sa voix. Soit je deviens fou soit vous m'avez fait quelque chose, dans les deux cas, dégagez de ma vie." 

"Pourquoi on devrait dégager comme tu dis ? On ne se connaît pas, tu as raison et pourtant, tu as réussi à dessiner Blayne, c'est comme ça qu'il s'appelle "mon pote", avec simplement le son de sa voix. Cela ne t'intrigue pas ?" Souligne-t-il avant de déplacer une mèche de cheveux qui lui tombait devant les yeux, sur le côté. "Tu ne veux pas en apprendre plus ? Tu as peur et pourtant, jusque-là, tu ne nous as, ni moi ni Blayne, rejeté. Tu viens de me dire de dégager, non pas pour me faire partir, mais bien parce que tout ça te dépasse et tu as peur de changer tes habitudes. Tu as peur de l'inconnu."

Je ne réponds rien, réfléchissant à ce qu'il vient de me dire. Il a raison, dans un sens. Comment j'ai pu le dessiner, trait pour trait avec simplement le son de sa voix. Est-ce que je le connais ? Peut-être que mon subconscient se souvient de sa voix, mais pas moi. Et que justement, j'ai pu le dessiner par instinct. Où je ne sais pas, tout s'embrouille dans ma tête. 

"On s'est déjà rencontré avant ?" Demandai-je, perdu.

"Viens ce soir, tu pourras faire connaissance avec lui et peut-être en apprendre plus." Dit-il avant de se lever et de marcher en direction de son bâtiment, je n'avais même pas remarqué qu'il s'était assis.