2. Quand elle se fait attendre...

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__ Leeleen, s'écria Paméla en entrant dans sa cuisine, qu'est-ce que tu viens de me casser cette fois ?

__ Oh, maman ! Ça va... Je n'ai pas touché à ton pot, il est tombé tout seul.

Venue visiter ses parents suite à une journée assez difficile à l'université, la jeune femme en avait profité pour se détendre. Aidé par l'atmosphère de sa maison d'enfance, ses courbatures s'étaient de suite éclipsées pour ne laisser place qu'à un tendre confort. Évidemment qu'il n'existait pas deux comme sa mère pour la défriser grâce à ses petits biscuits à tomber, son chocolat chaud et son sourire plus réchauffant qu'un plaid.

Paméla avait tout cédé de sa beauté à sa fille. Cette dernière avait hérité de ses jolis yeux bleus, de sa longue crinière blonde ainsi que de son caractère gaie et jovial. Cependant, pour ce qui était de sa maladresse, chacun de ses parents pouvaient plaider non-coupable. Un lointain aïeul peut-être...

Du côté de son paternel, heureusement que la jeune femme n'en avait rien hérité. Comme aimait le répéter sa chère mère : "Si Caroleen avait reçu quelque chose de Carl, on n'aurait même pas à s'en faire pour tout ce qu'elle detruirait sur son passage parce qu'elle ne se lèverait pas de sa chaise."

Sur ce point, madame Dikins avait amplement raison. Son compagnon passait ses journées assis à pousser des gueulantes contre son écran et des joueurs bon à rien.

__ Je file ! À propos, Dean ne rentre pas ? Où est-il ?

La seconde raison pour laquelle elle passait prendre régulièrement des nouvelles de sa famille était bien-sûr son petit frère. Frère qui patogeait dans une période sombre appelée adolescence.
Dès sa naissance, ce dernier et elle, avaient toujours eut une belle complicité. Alors que tous les frères et sœurs les cotoyant s'amusaient à se prendre de bec, eux, partageaient une relation fraternelle enrichissante que leurs parents, surtout Paméla, aimaient à féliciter.

__ Il est sorti avec des amis. Je suis sûre qu'il va encore rentrer puant l'alcool.

Caroleen attrapa son sac avec hâte sans commenter ses mots.  Elle s'empressa d'y ranger minutieusement un bon paquet de délicieux biscuits, volé dans le réfrigérateur. Tant pis, elle le verrait un autre jour.

Il était temps pour elle de rentrer au bercail. Son appartement ne se situait qu'à quelques heures de marches de la maison de ses parents mais ce n'était pas une excuse pour être en retard à son rendez-vous avec Frantz.

Elle déposa un bisou bruyant sur la joue de sa mère qui en passant lui tapa gentiment la sienne. Son père quant à lui, bien enfoncé dans son siège et les yeux soudés à sa télé, ne fit pas plus attention au coucou qu'elle lui adressa en filant vers la porte.

Avant de se plonger dans l'air frais du début de décembre, elle mit son bonnet et prit le soin de bien l'ajuster. De legers flocons valsaient déjà dans les rues, s'envolant comme de la poussière par dessus les têtes. Le mois des festivités entamait son plein. Caroleen s'en réjouit d'avance.

Elle héla un taxi à l'angle de la rue, s'y engouffra en offrant à son conducteur un sourire des plus chaleureux.

Elle était ainsi, Caroleen. Toujours prête à partager de la joie autour d'elle. Pour elle, chaque geste comptait. D'un sourire à une étreinte. Ce monde qui s'éteignait à petite flamme en avait vraiment besoin.

Par chance, il n'y eût aucun bouchon. La jeune femme arriva avec quelques minutes d'avance. Frantz l'attendait de pied ferme à l'extérieur de la cage d'ascenseur. Il affichait une mine boudeuse et froncait les sourcils comme pour reprocher sa longue attente à la nouvelle venue.

Caroleen laissa ses yeux le détailler. Frantz était plutôt joli garçon. Avec ses cheveux aux boucles indomptables cachés sous un bonnet fait à la main, son visage anguleux, ses yeux noirs d'abysse et sa taille d'un mètre soixante, _détail qui ne le rendait que plus craquant encore_ il aurait pu avoir beaucoup de femme à ses pieds et peut-être même Caroleen. Mais il s'agissait du meilleure ami de la jeune femme. Elle n'oserait jamais le regarder avec de telles intentions.

En ce qui touchait aux autres femmes, Frantz avait toujours fait preuves d'un quasi-desintérêt flagrant. Ou s'il s'y interessait, son amie ne l'avait encore jamais pris la main dans le sac. D'ailleurs, elle se demandait souvent si son meilleur allié et colocataire ne serait pas plus attiré par le sexe viril.

__ Caro, t'es en retard. dit-il calmement.

__ Je sais bisounours, je sais. rit-elle en venant l'enlacer dans ses bras enveloppés de laine.

Frantz ne broncha pas le moins du monde.

__ J'ai pas raté la dernière limite donc, objectivement parlant, je ne suis pas en retard.

Frantz plissa du nez. En effet, sachant son amie peu habituée d'arriver à l'heure, il avait mise au point une stratégie qui consistait à lui indiquer l'heure avec trois mille six cent secondes de surplus. Si il leur fallait se rendre quelque part à dix-huit heures, il lui disait dix-sept heures. Caroleen était au courrant malheureusement, car au début, ça fonctionnait mais presque plus, maintenant qu'elle connaissait sa ruse. 

__ C'est ça, monte te changer. ordonna-t-il en esquissant un petit sourire.

Comment pourrait-il rester fâché envers cette merveille. Caro était une fille formidable. Leur amitié remontait à longtemps, depuis leurs années de lycée. Ensuite ils ne s'étaient plus lâché :  même université et surtout, ils avaient emménagé ensemble. Leurs parents étaient devenus amis grâce à eux. Ils représentaient à peu près tout l'un pour l'autre : un roc où s'épancher et sur qui compter, une oreille attentive apte à écouter... Lorsque l'un voulait s'écrouler, l'autre le tirait vers le haut.

De plus, la raison pour laquelle ils sortaient dîner ce soir ne devrait être sujet à aucun conflit. Frantz, tout comme Caro en avaient par dessus la tête de n'avaler que des pâtes. Alors cette sortie avait pour seul but de leur revigorer les papilles et non de les pousser à se prendre la tête.

Il n'eût pas plus de temps pour s'abîmer dans ses pensées que déjà, la demoiselle de ses réflexions surgit devant lui dans une robe bleue marine. Elle lui seyait si bien que le jeune homme se fit la remarque que sa meilleure amie était d'une beauté époustouflante.

Caroleen noua son foulard noir autour du cou en laissant les pointes flotter pour réchauffer ses épaules un peu découvertes. Ça y est ! Elle était finalement prête.
Ou pas ?  Hop  !  Ses doigts s'enfoncèrent dans ses mèches blondes afin d'y fixer un joli broche strass décoré de perles bleues.

Frantz sourit de bon cœur. Il appréciait vraiment la voir porter ses cadeaux.

Un taxi s'arrêta à leur pied. Il tendit son bras avec un élan pompeux, bombant le torse pour caricaturer le parfait gentleman d'antan. Caroleen éclata dans un petit rire moqueur puis se saisit avec grâce du creu du coude replié de son ami.

Tombée sous son charme Où les histoires vivent. Découvrez maintenant