-Les Jeux de Yuk-

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Yseult.

— Yseult ! Yseult, bon sang !

Je m'élance à travers les pièces de la maison, riant aux éclats. Dieux ce que j'aime la rendre folle.

— Yseult ! Reviens ici tout de suite ! Viens finir de te préparer pour le début des Jeux !

J'ose jeter un regard derrière moi. La tête de ma grand-mère termine de m'achever. Mon manque d'attention finit par avoir raison de moi et mes orteils se prennent dans le tapis du salon. Déséquilibrée, je bascule la tête la première. L'impact de mon corps entrant en collision avec le sol m'arrache un grognement de douleur.

— C'est bien fait pour vous jeune fille ! Maintenant, tu vas retourner dans ta chambre et terminer de te préparer ! Déjà que tu ne devais même pas participer ! gronde-t-elle.

— "Vous me faites honte, jeune fille", poursuivis-je à sa place en imitant sa voix nasillarde.

Je me retourne sur le dos pour pouvoir l'affronter. Nos prunelles s'entrechoquent. Ses sourcils sont tellement froncés que leur pointe pourrait presque se toucher en haut de son nez. Ses lèvres, pincées, forment une ligne presque droite. Ses rides, qui représentent la qualité de sa sagesse, forment des plis profonds sur son visage frustré.

— Qu'est-ce que tu veux que je te dise Grand-Mère ? Je suis majeure dorénavant ! D'ailleurs, ça fait plusieurs années que j'ai eu dix-huit ans. Enfin, tu es immortelle, je peux comprendre que tu n'ais pas la notion du temps...

— Je ne suis pas immortelle !

— Ah oui... pire ! Tu es un fossile !

— YSEULT ! CESSE !

Je lui tire la langue pour toute réponse et me mets debout.

— Très bien, navrée de vous avoir dérangée, Ancienne...

J'embrasse le bout de mes doigts et souffle mon baiser invisible vers elle avant de m'enfuir vers ma chambre.

— INSOLENTE !

Je ricane, gravis les dernières marches qui mènent à l'étage et pénètrent dans ma chambre. Le reste de mon armure en cuir est toujours sur mon lit. Je porte déjà la tunique aux couleurs de la Harde du Soleil : le tissu vert sapin signifie que nous appartenons à la forêt et les fils d'or brodés rappellent que nous descendons des cervidés dorés. J'enfile ensuite mes bats qui ne sont rien d'autre qu'une paire de leggings noire achetée à Décathlon.

Je me glisse dans mon armure et l'attache fermement. Je récupère ensuite les poignards et plus petits couteaux déposés sur ma commande pour les glisser dans leurs étuis. Je suis plutôt douée au corps à corps. Je suis aussi discrète et furtive, j'œuvre dans l'ombre. Herboriste de talent, les plantes n'ont aucun secret pour moi. Par conséquent, je sais créer avec précision les plus terrassant des poisons. Les poignards et les plantes sont mes armes.

Je termine par lacer mes bottes : je suis prête à aller couper du métamorphe en deux !

— Grand-Mère ! Je suis prête ! Je vais y aller !

— Très bien ! Embrasse bien Helin de ma part !

Je lève les yeux au ciel ! Il n'y en a toujours eu que pour Helin, héritière de la Caste des Alizés et par conséquent... ma meilleure amie depuis toujours.

J'attache ma crinière rousse en une queue de cheval haute, lisse mes vêtements une dernière fois, observe mes centaines de taches de rousseur sur le visage puis m'éclipse. Je sors de notre vieux manoir et m'élance dans les bois. La neige est encore tombée cette nuit, recouvrant les immenses pins d'un épais manteau blanc. Je sens la biche vibrer en moi. Son sang coule dans mes veines, m'abrite et m'anime. Je ferme les yeux et inspire longuement. Je tends l'oreille, attentive au moindre bruit. J'étire le cou pour flairer le vent. En me concentrant, je peux imaginer le martèlement de ses sabots sur la terre gelée. Je soupire : ce n'est pas le moment de se transformer.

La Traque de BeltaineOù les histoires vivent. Découvrez maintenant