Lies game

Chapitre 4

J'étais de retour au lycée après deux semaines de vacances ; j'avais décidé de mettre tout mon temps libre dans les révisions et le travail pour ce second trimestre afin de réussir à aller jusqu'en deuxième année. Ma vie serait mise entre parenthèses pendant trois mois, ce qui me convenait parfaitement.

Le lycée où j'étudiais était un établissement privé d'au moins trois cents personnes et dans lequel les règles étaient assez strictes : uniforme obligatoire pour toutes les matières et une tenue de sport identique à celle des autres. Les cours commencent à 8h et se terminent à 18h le soir. Un retard équivaut à une heure de retenue soigneusement faite dans la cour à ramasser les mégots de cigarettes. Bien que fumer ne soit pas autorisé, cela n'empêchait pas les étudiants de le faire. Les professeurs et les élèves s'appellent par leur nom de famille ; au début je trouvais ça étrange puis je m'y suis fais.

Aujourd'hui j'étais venu en rollers car j'avais raté mon bus. Je ne regrettais pas d'avoir attaché mes cheveux en deux couettes car le vent était assez fort et je peinais à garder mes yeux ouverts pendant que je me battais envers et contre tous pour ne pas tomber à la renverse le long de la chaussée.

Arrivée au lycée, je remarquai que rien n'avait changer. Le château était toujours là, couvert d'une peinture beige avec ses tours, ses grandes fenêtres, ses escaliers en colimaçons, sa cour (presque) propre, ses arbres. Tout était resté tel que c'était il y a deux semaines. D'accord, ce n'était pas Poudlard mais j'aimais bien cet endroit, j'y étais à l'aise.

Alessya vint me trouver aux casiers pendant que je remplaçais mes rollers par les chaussures appropriées. Elle était ma seule amie mais je n'étais pas la sienne. Elle fit un grand signe de la main pour saluer Anya, une fille aussi jolie qu'elle, et s'adossa à son casier qui se situait à côté du mien, son portable dans la main droite, son sac dans l'autre.

- Qu'est-ce qu'on a comme cours maintenant ? me demanda-t-elle, les yeux rivés sur son écran.

- Oh, bonjour. Moi aussi je suis contente de te voir, Al. Je vais bien, merci. Toi ça va ?

- Fais pas l'enfant, on s'est vu y'a deux jours.

Je ne pris pas la peine de rétorquer et je répondis à sa première question.

- Économie dans l’amphithéâtre.

- Pourquoi on irait dans l'amphithéâtre ?

Nous passâmes devant le tableau d'information sur lequel était affiché les modifications d'emplois du temps. Je montrai du doigt le mot et elle soupira, probablement lassée.

Avis à la classe 2-3

Le cours d'économie qui a lieu de 8h à 10h se déroulera

occasionnellement dans l’amphithéâtre du bâtiment B, le lundi 5 janvier 2015. Soyez à l'heure.

Cordialement, M. Shworsky.

L'amphithéâtre regroupait déjà quelques personnes dont Mali, une fille de petite taille à lunettes probablement très gentille accompagnée de son ami Weston, un blond avec des tâches de rousseurs. S'en suivait un groupe de deux filles riches jusqu'à la moelle, plus communément appelées « garces » qui persécutait les gens seuls. J'avais eu la chance de faire partie de ces gens qu'elles n'aimaient pas, en début d'année mais elles ont rapidement laissé tomber lorsque j'ai frappé l'une des deux avec tellement de force qu'elle n'osait plus se montrer en public : œil au beurre noir oblige. Je n'étais pas aussi soulagée que je l'avais espéré seulement, me retrouver la tête dans les toilettes ne m'intéressait plus. Elles avaient compris et m'avaient oublié alors je ne regrettais plus mon geste.