Chapitre 5

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 Je n'allais pas au lycée aujourd'hui. J'avais jugé moi-même que j'étais trop malade pour sortir de chez moi et ma mère m'avait cru. J'avais de la fièvre et j'étais blanche comme un cachet d'aspirine. Alessya ne m'avait pas donné de nouvelles d'elle depuis qu'on s'était quitté au lycée. La tristesse et la rage me rongeait de l'intérieur.

J'étais seule dans l'appartement car Maman travaillait, je regardais Doctor Who sous une couette, avec mon téléphone dans les mains.

Je reçu un message.

from Al :

Je suis vraiment désolée de ne pas

être venue, j'ai pas vu le

temps passer. Je suis

vraiment désolée, Lea.

to Al :

C'est rien.

from Al :

T'es où ?

to Al :

Chez moi.

from Al :

J'arrive.

to Al :

Et le lycée ?

from Al :

Pas important.

J'attendis quelques minutes avant qu'Alessya débarque en trombe dans mon salon avec son sac à dos sur les épaules. Elle était maquillée et avait laissé ses cheveux détachés mais ses joues étaient rouges ; elle avait couru.

- J'ai… loupé… mon… bus, dit-elle, essoufflée.

Elle s'avança vers moi en jetant son sac sur le carrelage.

- T'es toute blanche, chérie. Tu ressembles à un vampire.

- Quel cliché. Un vampire n'est pas forcément blanc de peau.

- Tu m'as comprise. T'as besoin de quelque chose ?

- Oui.

- Dis moi ?

- De toi, dis-je avec un sourire.

- Je suis là, répondit-elle en me touchant le front.

Elle resta toute la journée avec moi. Nous rîmes pendant des heures alors que je retrouvais des couleurs. Je me sentais mieux. J'avais retrouvé mon amie. Cette histoire de mot m’obnubilait toujours mais je ne voulais pas gâcher ce moment que je passais avec elle. Une fois que ma mère fut rentrée du travail, Alessya lui proposa de m'emmener quelque part pour la soirée. Elle m'inspecta et remarqua que je me sentais beaucoup mieux que ce matin. Elle accepta et je suivis Alessya, sans avoir où nous allions.

Nous prîmes le taxi alors qu'il faisait nuit, le chauffeur nous demanda où est-ce qu'il devait nous emmener et Alessya lui glissa notre destination à l'oreille. Je n'avais pas entendu. Quelques minutes suffirent pour nous amener à l'endroit voulu. Alessya paya le chauffeur et nous sortîmes de la voiture, excitées.

Nous étions sur une grande place devant un lac. L'eau était calme et le vent ne soufflait pas. Il y avait quelques personnes : une vingtaine sûrement, qui était assise dans l'herbe à regarder le ciel. Ce dernier était étoilé, je pouvais voir la lune derrière la brume grise et je sentais alors la fraîcheur de l'hiver refroidir mon cœur. Un frisson d'excitation et d'angoisse traversait ma nuque jusqu'à mes doigts et j'étais heureuse. J'adorais la nuit, j'adorais les légendes qu'elle évoquait, j'adorais la lueur des étoiles. Je ne décrochais pas mon regard des constellations ; j'en étais presque amoureuse. C'était comme une poésie dont la nature était l'auteure.

Une lumière rouge jaillit de nulle part et me sortit de mes pensées. Elle éclata et fit s'envoler alors une poussière rouge qui garnit le ciel. Une lumière verte, bleue, jaune, rose s'en suivit et cela se termina par des magnifiques feux d'artifices. Certains formaient des cœurs, des étoiles et même des cadeaux. C'était divinement bien fait et les gens assis sur l'herbe avaient aimé aussi puisqu'ils applaudissaient à tout va.

- C'est mon cadeau. Je suis désolée de t'avoir oublié. Je suis consciente que je n'ai pas été la meilleure amie du monde, ces derniers jours mais je me rattraperai. C'est une promesse ! dit-elle en me regardant.

- Tu es pardonnée.

Je la pris dans mes bras. Elle m'avait manqué.

- Merci.

- Merci à toi.

Les feux d'artifices se terminèrent en beauté ; le bouquet final fut le plus beau que je n'ai jamais vu et j'en étais toute retournée. Mes tympans aussi.

Nous décidâmes de rentrer chez moi ; il était tard alors Alessya accepta de dormir à la maison en prévenant ses parents.

Nous étions dans ma chambre, nous ne dormions pas encore. La lumière était éteinte et nous étions toutes les deux dans le même lit.

- J'ai vraiment hâte d'être en Belgique, dit Alessya, scrutant le plafond.

- Ouais, moi aussi.

- Même si le stage sera pas forcément génial, on s'amusera.

- On sait même pas où on va dormir, ni même où se situe le stage.

- Peut-être que c'est dans le dossier, tu l'as lu ?

- Non, j'avais pas la tête à lire un dossier de 5 pages recto-verso, vois-tu. Et toi, tu l'as lu ?

- Non. Je comptais sur toi pour me dire ce qu'il y avait à savoir.

- Merde, Alessya. On part après-demain !

Je me levai, allumai ma lampe de chevet et prit le dossier du stage qui était dans mon sac. Nous apprenions au fil de la lecture que le stage se situait à Bruges, une ville près de la plage, à 25 minutes d'Ostende. L'entreprise était une pizzeria. Il y avait la rue marquée ainsi qu'une photo.L'hôtel dans lequel nous allions dormir pendant une semaine se nommait« Hotel Dukes' Palace » et il s'agissait d'un hôtel 5 étoiles. Alessya s'agita.

- Oh mais c'est génial !

- Je me demande comment le Conseil a fait pour payer un hôtel 5 étoiles à 35 personnes.

- Ouais, c'est louche.

- Yes.

- Eh mais j'y pense, Kentin a un appart' à Ostende. On pourra aller lui rendre visite ?

- Je pense qu'il a autre chose à faire que de voir de deux gamines de 15 ans, dis-je.

- On est pas des gamines et puis c'est mon frère. Je l’appellerai demain.

- D'accord. On verra demain pour le reste.

Nous nous endormions aussitôt la lumière éteinte. 

Lies gameOù les histoires vivent. Découvrez maintenant