Chapitre 10

29 3 0
                                    

- Quoi ?

Matthew et moi nous retournâmes et aperçûmes Cameron, immobile sur le sable. Il avait tout entendu, il savait tout.

- Mec... dit Matthew.

- Alors comme ça elle m'a menti hein, depuis le début... et toi tu m'as laissé croire que c'était toi. Vous m'avez bien eu, me dit Cameron.

- Sérieusement, Cameron ? C'est moi que t'es en train d'engueuler, là ? À l'origine, toi et moi on se connaît pas, tu sais pas qui je suis. T'étais tellement aveuglé par ta notoriété que t'as même pas remarqué que tu parlais à deux personnes différentes. Eh ouais, moi c'est Lea et tout ce que tu sais à propos de moi est probablement vrai, mais la personne qui te l'a dit, tu sais rien d'elle et comme t'as l'air de penser que je suis coupable, je vais m'en aller. Au revoir.

Matthew restait silencieux aux côtés de Cameron tandis que lui me laissait partir, ne sachant pas quoi répondre. L'envie de voir Julia et Cristina me vint alors à l'esprit. Je me sentais obligé de leur raconter mes mésaventures.

Mais, en partant je sentis mon cœur battre dans ma main. La douleur que j'avais refoulé refit surface et je serrais les dents pour ne pas crier. Je vis flou quelques instants, puis j'avais envie de rendre mon déjeuner. Et c'était le noir complet.

J'entendis quelques voix au loin, des voix familières. Je me trouvais dans un lit, la pièce était blanche et j'avais vraiment très mal à la main. Je vis alors des têtes s'approcher de moi.

- Elle se réveille, dit Cameron.

- LEAAAAA, crièrent Julia et Cristina.

- Hey, doucement, c'est pas un match de foot, ici, dit M. Shworsky.

- Lea... dit Matthew.

- Poussez-vous un peu, laissez-la respirer, dit le médecin.

- Tout ce monde pour moi, je ne méritais pas tant, dis-je avec difficultés.

- Tu ne devrais pas forcer, dit le docteur.

- Qu'est-ce qui s'est passé ? Demandai-je.

- Tu t'es cassé quelques phalanges et tu as attrapé une insolation. Tu vas devoir porter une écharpe pendant une semaine, ça devrait se soigner rapidement. Je t'ai aussi prescris quelques anti-douleurs si tu as mal à certains moments de la journée et un traitement. Une pilule le matin et le soir et ça devrait aller. D'accord ?

- Oui.

- Bien. Maintenant tu peux rentrer chez toi.

Mes amis m'aidèrent à me lever et à enfiler l'écharpe. Dans le mini-bus, j'étais à côté de Cameron.

- Je suis désolé de t'avoir engueulé comme ça. J'ai parlé avec Cristina et Julia et elles m'ont dit qu'Alessya t'avait pratiquement forcé la main pour que tu ne me dises rien. J'arrive pas à croire que je suis amoureux d'une fille comme elle. Elle a agit tellement mal.

- Alessya n'est pas quelqu'un de méchant, elle prend juste de mauvaises décisions. J'aurais peut-être dû lui dire clairement que je ne voulais pas le faire, mais j'y peux rien, c'est ma meilleure amie. Du moins, c'était. On se connaît depuis qu'on est gamine, on a toujours été ensemble et c'est vrai que lui dire « non » c'est une grosse étape à franchir.

- Je comprends. Mais pourquoi est-ce que tu ne m'aimais pas ? Je veux dire... je suis pas quelqu'un de mauvais.

- J'ai toujours eu une mauvaise image des gens qui deviennent célèbres grâce aux réseaux sociaux. Ça les rend arrogants, égocentriques et je déteste ça. C'est comme si ils pouvaient avoir tout ce qu'ils voulaient juste parce qu'ils faisaient des vidéos. Ça ne m'intéressait pas d'être amie avec ce genre de personne. Tu vois ? Mais je t'ai jugé sans te connaître.

- Je vois ce que tu veux dire. Alors, sans rancune ?

- Sans rancune !

Nous nous serrâmes la main avant de descendre du bus. Il s'était garé devant les portes de l'hôtel et tour à tour, nous en descendîmes. Je m'arrêtai avant d'entrer et Julia et Cristina se tinrent à mes côtés.

- T'inquiètes pas, ça va bien se passer, dit Cristina en me touchant l'épaule.

- Ouais, dit Julia.

Tous les élèves de notre classe remplissaient le hall de l'hôtel. Alessya était assise sur un fauteuil dans la salle commune avec une poche de glace qu'elle tenait sur la mâchoire. Je n'avais pas fait semblant. Cameron, qui était derrière moi, me doubla et alla à l'encontre d'Alessya. Seulement Nash, Matthew, Julia, Cristina et moi participions à leur discussion.

- Alessya, comment t'as pu me mentir comme ça? J'avais confiance en toi, tu sais. J'ai cru à tout ce que tu me disais pourtant je connais mieux la vie de Lea que la tienne. Pourquoi tu ne m'as rien dit ?

Alessya me regarda, les sourcils froncés.

- Alors tu lui as dit, hein ? Tu m'avais promis... et ça se dit être une amie, dit-elle.

- Hey, Hitler avait promis de ne pas envahir la Tchécoslovaquie. Bienvenue dans le monde réel, répondit Julia à ma place.

Tout le monde la regardait avec un point d'interrogation dans le regard.

- Quoi ? C'est dans le Peep Show, ajouta-t-elle.

- Enfin bref... dit Nash.

- Je ne t'ai rien dis, Cameron, car j'avais peur. Lea est mieux que moi dans tous les domaines. Elle est plus belle, plus intelligente, plus patiente, elle est toujours « plus ». Je voulais te plaire, je voulais être parfaite à tes yeux.

- Pour me plaire, t'avais juste à être honnête, répondit Cameron. Tu m'as déçue.

- Je suis vraiment désolée, Cam...

- Ouais, moi aussi.

Il se retira, nous laissant tous au beau milieu d'un silence absolu. Le ventre de Cristina le brisa et Alessya parti se faufiler dans les toilettes, les larmes aux yeux.

- Est-ce que c'est normal le fait que je me sente coupable ? demandai-je au groupe.

- Franchement, c'est elle qui a merdé. Pas toi, dit Cristina.

- Ouais... je vais me coucher. On se voit demain.

- Repose-toi, dit Julia.

Matthew et Nash restèrent dans la salle commune tandis que Julia et Cristina rentrèrent chez elles. Ce fut une journée longue et douloureuse et j'osais espérer que le lendemain serait un jour nouveau.

Lies gameOù les histoires vivent. Découvrez maintenant