Rise

3 : Le Harem

Je suis la voiture de Fenrir de près, comme il me l'a demandé. Nous nous rendons à la base mais par la route cette fois-ci. Nous sillonnons Londres jusqu'à arriver dans une zone industrielle en périphérie du centre, des voix ferrées sortent de terre pour finir dans des hangars désaffectés. Je me souviens que nous avons déjà fouillé cette zone sans jamais rien trouver. A ma grande surprise, je constate que nous continuons notre route pour longer les rails en voiture et nous engouffrer dans les bouches souterraines du métro.

Je roule prudemment sur le chemin gravillonné, notant le chemin que nous empruntons. A mon avis, aucun de ces passages ne sont utilisés aujourd'hui, les caméras ne doivent plus être en service depuis des lustres. Déjà une ébauche de plan se fait dans mon esprit pour surveiller les aller-venus et pour l'assaut final.

Après plusieurs kilomètres de galeries sombres et humides, nous débouchons à l'arrière du hangar souterrain. Je parque ma moto à côté de la voiture de Greyback et observe l'espace d'un œil nouveau. Je n'ai pas le temps de repérer les différentes issues que nous traversons la zone pour nous rendre devant la seconde porte blindée que j'avais notée la dernière fois. Un autre colosse la garde, toujours armé.

Nous pénétrons dans une espèce de sas et attendons la fermeture de la première porte pour ouvrir la seconde. A l'instant même où elle s'entrouvre je comprends pourquoi. Une odeur fruitée et délicieusement alléchante me prend le nez. Heureusement que j'ai suivi les conseils de Greyback et que j'ai pris des suppresseurs ce matin. Je savais que les phéromones des omégas avaient un effet aphrodisiaque et que l'on pouvait perdre le contrôle, mais là, même sous médication, j'ai du mal à garder l'esprit clair. Même le boss grimace et se pince l'arrête du nez.

- Je t'avais prévenu. À droite ce sont les chambres pour les chaleurs mais les portes ne peuvent pas retenir autant de phéromones.

- Bordel, même avec les pilules j'ai le tournis. Y'a combien d'omégas en chaleur ici ?!

- Suis moi, on va se rendre au bureau de garde, Marvin va t'expliquer comment ça marche.

Nous traversons le couloir, je remarque plusieurs fenêtres qui donnent sur l'intérieur des cellules. Plusieurs omégas sont entassés dedans, la plupart sont des jeunes, à peine sortis de l'adolescence voir à peine entrés dedans. Je n'ai pas le temps de faire le compte exact mais il doit bien y en voir une trentaine répartis dans cinq cellules.

Mon instinct me crie de protéger tous ces malheureux encore plus que d'habitude et je me rends compte que Greyback accélère en se couvrant le nez. Dans ce couloir-ci, c'est la peur qui prédomine et les omégas ne peuvent s'empêcher de sécréter des phéromones pour être protégés par un alpha.

Quand nous entrons dans le bureau, toutes les sensations s'atténuent et je peux reprendre mon souffle. J'aperçois alors un grand black, qui fixe les différents écrans des caméras de surveillance. Je reconnais les cellules devant lesquelles nous sommes passés et quand mes yeux descendent plus bas, mon sang se glace. Trois des cinq chambres de chaleurs sont occupées par des omégas. Ils sont nus et attachés. Deux d'entre eux sont seuls et bougent lascivement dans les draps, comme dans un appel désespéré à n'importe quel alpha. Les corps sont marqués de suçons et des traces de griffures au niveau des hanches tandis que leurs visages sont douloureux et striés de larmes.

Et je comprends pourquoi car dans la dernière chambre, l'oméga est en train de se faire ravager par un alpha qui semble à moitié devenu sauvage. C'est violent et bestial, l'alpha porte une muselière, pour ne pas le marquer sûrement, et l'oméga sanglote en hurlant alors que son corps va à la rencontre de l'autre comme une demande implicite.

Je n'ai jamais vu d'omégas en chaleur, je connais les effets mais je ne peux que constater que j'étais loin de la vérité. Les omégas ne perdent pas l'esprit, ils ne peuvent juste rien faire, leur corps prend le contrôle même contre leur volonté. La détresse psychologique de ces derniers est limpide. Pour les alphas, les phéromones agissent comme une drogue dure, leur faisant oublier jusqu'à leur prénom et ce qu'il vient de se passer.