𝕊𝕚𝕩

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Bonne lecture !

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Le temps passe vite, avec Jean.

Ils épuisent pas mal de sujet, depuis des anecdotes ridicules où Eren raconte la manière dont il a fait exploser le plafond du cours de science avec une pauvre fiole et un bouchon sous pression, jusqu'à Jean qui lui parle de son top 10 des pires films jamais créés, avec des descriptions très précises et un argumentaire beaucoup trop sérieux pour l'heure et le moment. Eren l'écoute sans en louper une miette.

Finalement, quand la musique commence à se calmer en bas et que, sans qu'ils ne s'en rendent compte, les gens ont commencé à peu à peu disparaître en bas de leur fenêtre, Eren sent enfin l'alcool redescendre.

Et avec lui, sa fameuse énergie soi-disant increvable. Soi-disant, car là il est bien certain d'être complètement épuisé. Sa tête dodeline sur le côté et la voix de Jean se perd quelque part au loin. Son corps glisse légèrement, il commence à rêver de quelque chose qu'il n'arrive pas bien à saisir et....

Une main se pose sur son épaule et il sursaute.

— T'es pas dans un caniveau, ici. Y'a un lit deux places à côté avec des draps non souillés par la fornication.

Eren cligne des yeux, et hoche mollement la tête.

— Un lit. Quelle magnifique invention.

— N'est-ce pas ? Vas-y, je vais partir de toute manière.

Eren cligne à nouveau des yeux, mais pas tout à fait de la même manière.

— Partir ? Pourquoi ?

Jean fronce les sourcils.

— Hum, et bien pour rentrer chez moi ? Je plaisantais pas quand je disais que c'était pas ma chambre.

Mais Eren ne peut retenir cette sensation dans sa poitrine, qui explose en même temps que son murmure déçu :

— Mais tu viens de dire que c'était un lit deux places...

Ils se fixent un instant, et le silence est étrange car la musique a disparu. Tout est plus calme, plus tranquille. Et l'ambiance disparaît avec le bruit, bizarrement.

— Tu...

Eren se lève, tout à coup, tellement brusquement que Jean ne trouve rien d'autre à faire que lui agripper le poignet. La terre n'est apparemment toujours pas plate à nouveau car tout tangue soudainement et Eren se retrouve sur des genoux, les mains agrippées aux accoudoirs d'un fauteuil bien plus confortable et épais que sa vieille chaise de bureau.

Il déglutit. Jean fait de même. Leurs visages sont proches, et Eren se sent obligé de préciser :

— Je sais qu'on dirait que je l'ai fait exprès mais je te jure que c'est pas le cas.

— Ah bon...

Jean ne parle pas très fort, trop concentré à perdre son regard entre les yeux grands ouverts d'Eren et sa bouche, ses lèvres rendues sèches par tout l'alcool qu'il a avalé.

— Je....

Eren ne sait pas trop qui s'est rapproché, ensuite : lui, peut-être, ou alors Jean, c'est possible. Leurs souffles sont proches, et la seconde d'après des mains sont dans ses cheveux et il sent quelque chose contre sa bouche et des vibrations dans son ventre, un nez qui s'écrase contre le sien et des doigts qui attrapent le côté de sa taille.

Lui fait à peu près la même chose. Il ne s'y connaît pas trop mais ça paraît naturel de passer ses mains au milieu des mèches de Jean, contre les os de sa mâchoire, dans la pliure de son cou. Le baiser est étrange et peut-être pas si soudain, et quand ils arrivent à court d'air Eren se dit vraiment qu'il ne veut pas arrêter, alors il s'éloigne une seconde pour reprendre son souffle.

Leurs regards se croisent à nouveau, et Jean murmure « merde » avant de l'attirer à nouveau à lui. Leurs corps sont proches, comme ça, incroyablement proches étant donné que tout le poids d'Eren est sur lui, appuyé sur ses cuisses et ses jambes.

Le silence disparaît, le bruit dans le couloir aussi, la lumière des lampadaires qui frappent son dos : il ne reste plus que des frissons et des soupirs et une chaleur qui s'oppose à l'air soudain frais de la nuit.

Ils finissent par se séparer à nouveau. Leurs fronts se touchent. Eren déglutit.

— Je...

— Peut-être que je vais rester.

— Ouais ? Super.

— Ouais..., répète Jean en se rapprochant à nouveau. Super...

Il y a une seconde, une seconde pendant laquelle Eren pense que c'est un peu incroyable : cette chambre, Jean, la tranquillité au milieu du bruit. La sensation au creux de sa poitrine et l'envie de tout lui raconter, de tout entendre, de vouloir le garder pas trop loin, même tout près.

Puis leurs bouches se trouvent à nouveau, et Eren ne pense plus à grand-chose.

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Des bisous !

Maybe a little bit drunk || EreJeanOù les histoires vivent. Découvrez maintenant