Ça fait trois semaines que je n'ai pas adressé la parole à Jimin. Je le croise parfois le matin en allant au lycée, et nous descendons les escaliers ensemble sans échanger un mot. Le week-end, lorsque ma mère reçoit ses parents, Jimin invente souvent une excuse pour rester chez lui et étudier, et j'en fais de même lorsque les repas ont lieu chez lui.
Jamais, en 19 ans d'amitié, nous n'avons tenu aussi longtemps sans nous parler. Plus le temps passe, plus il m'est facile de l'ignorer. Il me manque et j'ai besoin de discuter avec lui, de passer du temps ensemble, mais je ne cède pas.
Avec Yoongi, c'est à la fois simple et compliqué. Depuis notre conversation au bord du fleuve, nous n'avons plus jamais abordé le sujet. Comme je lui ai demandé ce soir-là, il m'appelle uniquement quand il souhaite coucher avec moi, boire une bière et fumer un joint, rarement dans le sens inverse.
Je ne l'interroge jamais au sujet de ses sorties, de ses absences de plusieurs jours, ni de ses fréquentations. Moins j'en sais, moins je souffre. Enfin, ça, c'est que je m'étais imaginé au début, pourtant, je n'arrive plus à m'endormir avant trois ou quatre heures du matin. Je passe une partie de la nuit à me demander avec qui il est, s'il éprouve plus de plaisir avec les autres qu'avec moi, et s'il ne continue pas de coucher avec moi par pitié plutôt que par désir.
Mes préoccupations et mes angoisses me rongent tellement que, presque chaque nuit, je sors mon canif de son tiroir, et entaille mon poignet. Je prends toujours soin de ne pas trop profondément entailler ma peau. Et pourtant, cela me procure un étrange soulagement. Je pleure un bon coup, et quand le filet de sang apparaît, je me sens soulagé. Comme si j'extirpais le venin d'une plaie.
Plus le temps passe, et plus je deviens dépendant de Yoongi, de notre relation, tout en refusant de voir que je cours vers la catastrophe. Jusqu'au jour où, lors du dîner, ma mère dépose sur la table à manger mon bulletin de notes. C'est la mi-décembre, et l'année est déjà bien entamée. Pourtant, mes résultats sont désastreux.
Ce qui me vexe le plus, c'est qu'elle aborde le sujet en présence des Park. Un dîner auquel elle m'a forcé de me rendre, en prétendant que j'étais obligé d'affronter Jimin et que notre dispute devenait absurde. Le plus absurde est que les parents de Jimin ont dû lui servir la même excuse, puisqu'il est présent ce soir-là lui aussi.
Mon bulletin scolaire est posé entre le dessert et ma mère, comme un trophée. Elle me lance un regard de défi, les mains sur les hanches. Des cernes entourent ses yeux, et je me sens coupable de lui causer autant de soucis.
— Tu nous expliques ?
Je sais qu'elle agit ainsi pour me secouer et me faire me réveiller pour que je me mette à travailler. Pour m'humilier, mais ça ne fonctionne pas de cette manière. Je suis conscient d'échouer, de rater complètement mes études. Cependant, elle ne voit pas que je suis au fond du trou et que je ne veux pas me relever.
Hee-Jin regarde attentivement mon bulletin, pendant qu'Haneul essaie de lire les résultats en regardant par-dessus son épaule. Je m'éclaircis la gorge.
— Je n'ai rien à dire.
— Tu n'as vraiment rien à dire ?! Vraiment Jungkook ?!
— Non, rien... chuchoté-je en baissant les yeux.
— Et moi, je dis que je vais arrêter de t'héberger, de te nourrir et de m'occuper de toi si tu ne veux pas te prendre en charge et donner un sens à ta vie ! Je n'ai pas élevé un raté !
— Tu ne m'as pas élevé. Tu as juste survécu.
Les mots m'ont échappé, tout comme la gifle qui vient de me heurter la joue.
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My Toxic Memories
FanfictionJungkook a perdu son père alors qu'il n'avait que 8 ans. Brisé par le chagrin, il fait la rencontre de Yoongi, petit caïd et trafiquant de drogues, dont il tombe éperdument amoureux. Peu à peu, Jungkook cède à la délinquance et à la dépression, qui...