Recule [kakasaku]

Chapitre 4 - Inquiétude

   Sakura se laissa retomber mollement sur son lit. Elle était épuisée. L'opération de Kakashi avait nécessité plus de 7 heures au bloc opératoire et elle sentait maintenant ses dernières forces l'abandonner. Malgré l'assistance de Tsunade, l'intervention s'était révélée particulièrement difficile. Extraire autant de poison du corps de son ancien sensei n'avait pas été chose facile et son coeur et son cerveau ne lui laissaient aucun répit. La substance toxique avait eu le temps de se répandre dans l'entièreté de son corps et après l'opération, Tsunade n'avait pas manqué de lui faire remarquer qu'il s'en était fallu de peu.

   Sakura avait blêmit face à cette nouvelle. Son coeur s'était emballé, si Kakashi y était passé... Elle se secoua la tête pour se remettre les idées en place, les larmes avaient repris possession de ses yeux. Son coeur tambourina dans sa poitrine et elle se plaqua une main sur le visage. Elle devait à tout prix faire cesser ses battements dans sa cage thoracique, elle devait à tout prix faire taire ces pensées qui prenaient possession de son esprit.

   Elle se leva pour filer dans la douche, peut-être que le jet d'eau chaude lui permettrait de lui changer les idées. Malheureusement, cela fut tout l'inverse. Bon sang, que lui arrivait-elle ? Elle n'avait pas pu s'empêcher de ressentir une douleur atroce lorsque le kunaï avait transpercé la peau de Kakashi. Elle avait eu l'impression que son coeur, sa tête et son être entier s'étaient déchirés en deux à cette vision. Elle grogna sous la douche, elle en avait assez de réfléchir.

   Lorsqu'elle fut de nouveau habillée et qu'elle avait réussit à enlever l'odeur de l'hôpital qui trainait sur son corps, elle se décida à y retourner de nouveau. Puis finalement, elle fit un rapide détour avant de s'y rendre. Tsunade lui avait ordonné de prendre deux jours de congés après cette opération mais ce n'était pas en tant qu'employée qu'elle se rendait sur son lieu de travail. Elle ne comptait pas lâcher Kakashi d'une semelle, elle était bien décidée à comprendre ce qu'il lui arrivait.

   Lorsqu'elle pénétra dans la chambre d'hôpital, Kakashi dormait toujours. En réalité, il ne s'était pas réveillé, même après l'opération. Ses constantes étaient redevenues normales mais il conservait toujours sur son visage le masque qui comblait son manque d'oxygène. Le poison avait légèrement atteint ses poumons, il n'en garderait aucune séquelle mais Sakura n'avait voulu prendre aucun risque. Il aurait cet apport en oxygène autant de temps qu'il le faudrait, jusqu'à ce qu'elle soit sûre.

   Bien évidemment, la nouvelle de l'accident de l'Hokage avait été gardée secrète au maximum. Seuls quelques employés de l'hôpital, Tsunade, Shikamaru, Naruto, Gaï et elle-même étaient au courant. Si la nouvelle s'était répandue, nul doute que cela aurait entrainé un mouvement de panique dans le village. La plupart des habitants étaient encore traumatisés de la Quatrième Grande Guerre et personne n'avait envie de découvrir qu'une nouvelle menace pesait sur eux. Une menace assez grande pour blesser le sixième Hokage.

   Elle déposa son sac à même le sol et prit place aux côtés du gris. Si on faisait abstraction du matériel qui l'entourait, on aurait pu croire qu'il dormait paisiblement. Les yeux de la rose remontèrent naturellement sur son visage et elle sourit. Malgré l'insuffisance respiratoire, ils n'avaient pas retiré son masque. Elle était persuadée qu'il aurait été mal à l'aise, peut-être même serait-il entré dans une colère noire ?

   Elle déposa doucement ses coudes sur le lit et posa sa tête dans ses mains. Cela lui plaisait de pouvoir l'observer ainsi. Kakashi semblait inoffensif et cela la fit rire. Il était en réalité l'un des ninjas les plus redoutables de sa génération et il était craint par un bon nombre de ses congénères. Mais si il y avait bien une personne dont Sakura n'avait pas peur, c'était lui. Parce que parmi tous ses compagnons, le seul qui ne pourrait jamais la blesser, c'était Kakashi. Parce qu'il avait toujours pris soin d'elle, depuis son plus jeune âge, et elle en lui serait toujours reconnaissante.