Pensées en 30 jours

II. Penser être

     Les Hommes ne sont que ce qu'ils pensent être.

     Partons du principe que ce que nous pensons (dans le sens du savoir), provient de ce que nous croyons (de la connaissance), de ce que nous avons appris ou constaté (la certitude acquise constitue le savoir et provient - dans mon hypothèse - des réflexions de la connaissance qui est incertaine, car toujours en mouvement intellectuel pour évoluer).

Il serait bien possible que nos pensées soient fausses et illusoires si la base - c'est-à-dire l'appris et le constaté - l'est elle-même. En effet, si les premiers résultats d'un calcul, ou bien même les composants de ce calcul sont mauvais, tout ce qui en découle sera automatiquement faux (comme par un seul homme pêcheur l'imperfection se serait répandue dans l'hérédité).

Ainsi, si les Hommes pensent être ceci ou cela en s'appuyant sur ce qu'ils ont compris (ou croient avoir compris), mais que, sans le savoir, ces fondements sont erronés, dès lors, ils ne sont pas ce qu'ils pensent être. De nombreuses hypothèses considérées un temps comme vraies se sont révélées fausses par la suite. En réalité, les choses ne sont vraies que parce qu'elles n'ont pas été démontrées fausses. En ce sens, nous ne savons jamais avec exactitude ce que nous sommes, car personne ne peut apporter la vérité pure et ainsi affirmer qu'il ne se trompe nulle part dans son résonnement (il y a toujours une part d'imperfection ou d'inconnu).

Savoir ce que nous sommes est d'autant plus complexe que définir l'Homme l'est aussi. Les animaux dénaturés de Vercors aborde toute la difficulté de définir le genre humain. C'est un problème qui semble peut-être facile à résoudre de prime abord (par exemple en songeant à la raison pour définir l'humain, car c'est son propre), mais ce n'est pas le cas. Je ne vais pas m'étendre ici sur la manière dont il faut nous définir, puisqu'il s'agit d'un autre sujet, mais voici ce qui est dit dans l'œuvre de Vercors (car je ne veux pas laisser en suspens la question sans y apporter une réponse minimale) : "l'homme se distingue de l'animal par son esprit religieux" (ce qui est de lien avec l'esprit métaphysique et la raison). Après cela, la question se posant est donc "qu'est-ce que l'esprit religieux ?" (il est toujours possible de poser une question derrière une réponse). Pour y répondre, selon ce même roman : "les principaux signes d'esprit religieux sont, dans l'ordre décroissant : la foi en Dieu, la Science, l'Art et toutes leurs manifestations ; les religions ou philosophies diverses et toutes leurs manifestations ; le fétichisme, les totems et tabous, la magie, la sorcellerie et toutes leurs manifestations ; le cannibalisme et ses manifestations".

Seulement, pour en arriver à une telle définition, il fallut bien du temps aux personnages de ce livre ; et si vous recherchez sur internet, vous verrez qu'il est bien difficile d'en trouver une aussi précise (la plupart des définitions renvoient en réalité à des synonymes et non à une description. Vous trouverez par exemple que l'homme est un individu mâle ou femelle qui appartient au genre humain ; mais qu'est-ce qui fait justement que ces individus y appartiennent ? Vercors propose une réponse donnée ci-dessus).

     Ainsi, nous sommes bien ce que nous pensons être, toujours dans l'incertitude puisqu'il y a tant de choses que nous ignorons, et sûrement tant de choses erronées, qui font que nous ne pouvons que penser posséder la connaissance et le savoir de ce que nous sommes. J'aimerais conclure par la maxime de Socrate qui va dans ce sens : "je sais que je ne sais rien". En effet, le savoir est infini et nous ne pouvons prétendre le détenir dans son entièreté, mais simplement prétendre à y goûter et espérer en avoir le sens véridique, cela sans que personne ne puisse l'affirmer ou nous le confirmer.

02.07.21