IX. La perfection

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      La perfection n'est pas atteignable dans son entièreté, c'est un concept des plus enviables. Il est néanmoins possible de s'en approcher comme de s'en éloigner.


      La pensée énoncée me semble assez claire, il n'y a rien en ce monde qui se trouve être parfait, c'est-à-dire qui se conforme en tout au bien, au bon. Néanmoins, même si à mon sens tout est imparfait, cela résulte de la souillure de la perfection. C'est-à-dire que le pur et parfait existe, mais que l'intervention humaine sur celui-ci le dégrade et le rend imparfait. Il y aurait donc, dans les concepts premiers sans intervention ou modification quelconque, la perfection. Voilà pourquoi cette dernière n'est pas atteignable : elle est, mais l'humain n'y a pas accès du fait qu'il est défectueux. L'imparfait ne peut prétendre côtoyer le parfait et l'impur ne peut rivaliser avec le pur.

En revanche, s'il est possible de définir le parfait (rarement objectivement car chacun a toujours sa propre vision de l'idéal et donc de son parfait), il est dès lors possible de tenter de s'y conformer. Définir une perfection qui nous est propre ne revient donc pas à créer le parfait absolu et objectif qui est valable pour tout et pour tous, mais il s'agit d'une perfection de substitution personnelle qui apporte une satisfaction lorsque nous y goûtons.

Il y a donc une échelle qui se crée par rapport à une vision personnelle de la perfection et où on retrouve au premier extrême celle-ci et ce qui s'en rapproche de près et, au second extrême, ce qui lui est totalement antagoniste: l'imparfait absolu (lui-même inatteignable, il y a toujours une part de « bon », même infime ; et même si cette part n'existe plus, on considérera que s'il y a eu ne serait-ce qu'un peu de bon en quelque chose, il n'y a pas de souillure complète grâce à cet élément). Il est cependant bien difficile de savoir où nous nous plaçons chaque jour et en chaque chose sur cette échelle de la perfection, d'autant plus que ce qui y est relatif alterne entre objectivité et subjectivité, en préférant la seconde dans la majorité des cas.

Bien sûr, sur un accord commun ou d'une réflexion individuelle, il sera toujours possible d'estimer qu'une chose (ou quelqu'un) est plus ou moins proche du parfait, en analysant ce que cette chose (ou personne) reflète ou laisse paraître (cf. développement sur les apparences au chapitre VI) en fonction de ce que nous considérons comme étant la perfection.

En définitif, il y a pour moi une perfection ultime qui existe mais que nous ne pouvons jamais toucher entièrement, simplement envier et désirer, mais aussi tenter de nous y conformer dans une dimension subjective qui se retrouve dans l'échelle de perfection que nous établissons en notre intériorité.


09.07.21

Pensées en 30 joursOù les histoires vivent. Découvrez maintenant