Chapitre deux

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Clément recula et repoussa la porte de la chambre, cachant ce spectacle navrant. Vu le rythme soutenu, ça ne devrait plus durer bien longtemps. De retour dans le grand salon cuisine, il prit quelques secondes pour observer les lieux.

Il savait qu'il devait faire quelque chose mais quoi ? Partir, il devait partir. Prendre ses affaires, juste partir, c'était le bon moment. Ne pas hésiter, s'il hésitait, ce serait fini.

Qu'y avait-il à lui ici ? Que devait-il emporter ? Il commença par débrancher le petit ordinateur portable et le fourra dans son étui. Il n'était pas accro mais il avait ses petites habitudes et aimait aller sur quelques sites pour discuter.

Les petits cris et le bruit du lit qui tapait contre le mur constituaient un fond sonore gênant qu'il essayait d'ignorer.

Il prit ses habits propres sur l'étendage et les laissa tomber sur le canapé en se rendant compte après coup que toutes les valises étaient stockées sous le lit.

Il avait tellement bien fait abstraction des cris qu'il ne se rendit pas compte qu'ils avaient cessés.

« Oh putain, tu m'as fait peur ! s'écria Thierry en entrant dans la pièce, juste vêtu d'un boxer. T'es déjà là ?

— Vous avez fini ? Je peux aller chercher une valise. » Ne pas hésiter.

Thierry fit la tête, ses sourcils se fronçant. Pour un peu, Clément se serait senti fautif d'être rentré trop tôt.

« On peut en discuter, non ? fit Thierry.

— Non, je ne crois pas, non. » Clément fut le premier surpris de sa réponse, ne se reconnaissant pas. Mais en même temps, il ne savait plus qui il était depuis bien longtemps.

« Hé ! Je vais prendre une douche, fit une voix traînante. Oh... Oh merde ! » L'homme était entièrement nu et se cacha du mieux qu'il put.

« Va prendre ta douche ! lui ordonna Thierry. » L'homme se détourna rapidement et s'enfuit.

« Tu t'es protégé au moins ? murmura Clément.

— Quoi ?

— Vous avez mis des préservatifs ? reformula Clément en sachant à quel point Thierry n'aimait pas les utiliser, disant que ça tuait les sensations. »

Il eut au moins la décence de paraître gêné, l'espace d'une seconde.

« Tu ne t'es pas dit que je pouvais me chopper un truc à cause de lui, de toi, sans même le savoir, non ?

— Clément, arrête, tu deviens hystérique là. »

Thierry avait l'art d'amplifier les réactions de son conjoint pour les faire passer comme inappropriées et exagérées. Pourtant, Clément était persuadé qu'il n'avait pas haussé le ton, et que même s'il avait crié, il en aurait eu parfaitement le droit eu égard à la situation.

Thierry secoua la tête de dépit, avec un regard désappointé, presque mécontent, et se rapprocha de Clément, attrapant son poignet et le serrant, comme à son habitude.

« On va en parler, ok, ordonna-t-il sentencieusement. Je vais m'habiller, Steve va partir et on va en parler.

— C'est pas la peine. Je prends quelques affaires et je retourne chez moi.

— C'est ici chez toi. »

Clément fit un tour du regard de la pièce. Si c'était chez lui, pourquoi n'y avait-il rien qui lui semble familier, rien qu'il aimait. Il reconnaissait son travail dans plusieurs choses, les étagères, la cuisine équipée, le parquet. Mais aucun des choix de matériaux n'étaient les siens.

Tu dormiras un jour (édité)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant