Partie 61-62-63

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Partie 61.....

Mouhssine et Sabrina n’ont pas tardé de descendre. Il se mit devant avec Badro, moi et Sabrina en arrière. Elle me tapa la bise, je serrai la main de Mouhssine.

SAB : oh même Soso est là ? Mais putain on va ou là ?
MOUHSSINE : patience meuf
SAB : Soso ?
MOI : wallah il m’a rien dit
BADRO : s’bon restez tranquilles wesh. Faites-nous confiance
SAB : confiance ? pfff ili bate mha jrane ysbah ygargar (C’était un proverbe tunisien pour dire qu’elle avait pas confiance)

J’explosai de rire, elle me fit clin d’œil. Ce proverbe on le dit aussi au Maroc, mais autrement. Du coup son accent tunisien m’a fait rire. Les garçons aussi rigolaient.

BADRO : vieille tunisienne va shab on comprend pas ton vieille langage ? C’est kif kif avec le marocain
MOUH : nous aussi on dit le même proverbe. Ou bien Soraya ?
MOI : ouais mais autrement
MOUH : on dit comment ?
MOI : li tssaher m3a drari ysbah fater (drari = gamins)
MOUH : ah oui s’vrai !
BADRO : ouais je l’entends souvent moi li bat m3a 3wawel (gamin mais avec le langage tangérois)

Quand il a dit « 3wawel » on s’est explosé de rire moi et Mouh. Sab nous regardait indifférente et Badro nous jetait des regards vite fait.

MOUH, mdr : 3wawel ?
BADRO : ta race je suis chamali moi, j’ai pas un langage de bolosse comme vous (chamali = nordiste)
MOUH : donc chez vous petit garçon c’est quoi ?
BADRO : 3ayel
MOUH : Soraya vous dites quoi ?
MOI : tfole ou derri ou oueld
MOUH : ben voilà t’as tout compris
BADRO : niquez vos races ! Ya pas mieux que shab Tanger ma gueule
MOUH : Oujda on est al !
MOI : pff n’importe Fès et Meknès City tu peux pas test
SAB : mais vos gueules les marocains ! Si vous êtes pas tunisiens, vous êtes rien
BADRO : ben téma elle, elle est devenue marocaine et elle parle de son vieux bled
SAB : et c’est quand vous nous faites un bête de mariage toi et Soraya ?

Badro me regarda à travers le rétro et me fit un clin d’œil

BADRO : …bientôt

Je lui souris et baissa la tête. Sab me pinça. Je sursautai.

MOI : elle est folle hadi (cella)
SAB : wesh madame Gibraltara ?
MOI : n’importe quoi
MOUH : s’vrai négro ça sert à tchi attendre

On arriva devant une construction. C’était familier pour moi cet endroit.

MOI : Badro ?

Il se retourna, sourit.

MOI : C’est pas le garage de l’autre jour ?
BADRO : … si
SAB : quel garage ?
MOUH : ben venez !

Le garage était loin d’être pourri comme l’autre fois. J’étais surprise de ce changement. Il l’avait arrangé, la peinture était excellente. Y’avait déjà quelques équipement. C’était magnifique

MOI : je pensais t’avais oublié cette histoire
BADRO : ben non, alors ?
SAB : s’quoi ça ?
BADRO : moi et Mouh on va faire péter un projet de ouf
SAB : quel projet ?
MOUH : salle de sport
SAB : hein ? Mais vous êtes malade vous ! D’où vous aurez l’argent ?
MOUH : on a fait le nécessaire
SAB : vous faites n’importe quoi, ah ouais !

Elle avait l’air énervée.

MOUH : comment t’es nhal chétane !
SAB : non mais Mouhssine moi au moins j’ai une putain de raison
MOUH : oh mais essaie même pas de crier !
SAB : parce que tu veux pas comprendre
MOUH : mais regardez la cella elle se prend pour ma dar
SAB : ah bon ? S’comme ça maintenant ? Bon monsieur va voir ça avec ta mère au lieu de me casser la tête. Je me casse

Elle sortit du garage.

MOUH : mais s’quoi cette meuf zebi ?

Il voulait mettre un coup de poing dans le mûr mais il a pas osé. Mdr la peinture était fraiche, il allait pas la gâcher. Puis il sortit lui aussi. J’explosai de rire moi et Badro.

BADRO : c’est trop dar !
MOI : c’est des cramés mais mahlich ils s’aiment
BADRO : belek toi tu me fais des temeniks commasse dans le futur
MOI : ben toi t’es un cas teh les oufs
BADRO : comment ça ?
MOI : Mouhssine est plus calme que toi.
BADRO : ça veut dire quoi ça ?
MOI : des fois tu me fais peur
BADRO, mdr : mais c’est le but ma grosse
MOI, mdr : mais putain t’es ouf
BADRO : on s’en fout. Comment tu trouves ?
MOI : quoi ?
BADRO : …ben ça !
MOI : trop la classe mais pourquoi tu m’as rien dit
BADRO : je voulais te faire la surprise mais zeeeh cette hystérique de Sabrina a tout gâché
MOI : et ça commence quand tout ça ?
BADRO : il nous reste des trucs administratifs à faire, ça casse les couilles tout ça
MOI : …hum s’bien alors

Ensuite Mouhssine revint avec sa femme. Elle boudait toujours, mais grâce à Badro elle a finit par accepter l’idée. Badro et Mouhssine allaient être des associés. Ils ont emprunté vla l’argent pour faire ça. EN même temps je voulais pas faire comme Sab et les décourager, pas envie de casser leurs rêves. Qui ne tente rien, n’a rien.

Bon pendant ces jours là c’était l’amour parfait entre moi et lui. On commençait déjà à parler de notre mariage. J’ai commencé à faire des sous-entendus à ma mère, j’en ai parlé avec mes sœurs. Et nous commençons déjà à préparer un plan pour le dire à mon père (C’était le seul obstacle en ce moment)

Un soir j’étais chez moi. Je préparais mon rapport de stage et j’étais en ligne avec Tulay. Ahmet a complètement changé après le mariage, il a laissé tomber son caractère de thugs pour elle machallah.

Mon téléphone se mit à vibrer, je venais de recevoir un message. Je guettais dedans en espérant que c’est pas un texto débile de Nabil. Je l’ouvrai :

« C’est Linda, je suis en bas de chez toi, descends c’est urgent ! »

Comment vous dire, j’allais faire un malaise. Mon cœur battait, je tremblais. Moi et Linda étions pas des bêtes de copines. Et ce message était bizarre.

Je descendus en deuspi. Elle était dans ma cage, les yeux rouges, le khôl coulait.

MOI : Linda ?

Elle me fit un sourire forcé.

MOI : t’as quoi wesh ?
LINDA : mon frère va me tuer Sorayaa, j’ai trop peur, trop peur putain

Elle s’effondra en larmes.

Entre les blocs de ciments , l'amour ne choisit pas ses couleursOù les histoires vivent. Découvrez maintenant