Au-delà de ton sol, à travers mon plafond

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Intro : The Most Beautiful Moment in Life

Cette surface horizontale, sombre, en bois. Synonyme de cauchemar pour certains, de peur pour d'autre. Rien de vraiment intéressant pour ceux qui ne prenne pas le temps de s'y attarder. Le plafond. C'est tout ce que je fixais.

Ma mère m'appelait depuis dix bonnes minutes mais je faisais la sourde oreille, perdue dans mes pensées. Elles vagabondaient d'un sujet à un autre sans me laisser le temps de respirer.
Et les heures passaient. Bientôt le jour se lèvera mettant un terme à cette nuit terriblement courte pour mon corps, fâcheusement longue pour ma tête.

Je me rendais au lycée. Chaque jour. La musique régnant dans mes oreilles était probablement diffusée de façon malsaine, mais je n'y prêtais guère attention. J'expirai nonchalamment la nicotine présente dans mes poumons prenant pleinement possession de mon corps, me procurant un bien-être nocif indescriptible.

Mes pieds avançaient seuls et par automatisme s'arrêtaient devant cet arbre. Il était planté là, sur le bord de la route et il ne bougeait pas. Il m'attendait. C'était devenu un ami depuis le temps. Pareillement au plafond, je le fixais. Peut-être que si je le faisais assez longtemps il finirait par comprendre mes tourments.

Il faisait encore froid à cette période de l'année. La semaine prochaine, il neigerait. J'enfonçais les mains dans les poches de mon manteau, m'adossai à mon tiers et pensait.

« un jour, dans cette vie ou dans une autre, je trouverais une personne. Elle comblera le vide. Je le saurais dans ses yeux qui brilleront rien qu'en me voyant si je continuerais à vivre ma solitude ou si celle-ci sera comblée »

J'appréciais la nature qui me laisser conter mes souhaits; qui était spectatrice de ma triste vie, tout autant que je l'étais.

    Les études m'ennuyaient. Pour cause, l'enseignement des mathématiques et des sciences vivantes vous expliquant les bases de notre monde et de la vie sur Terre pour peut-être mieux vous préparé à mourir; je n'y trouvais que perte de temps.
Lorsque la sonnerie retentissait dans l'enceinte du lycée, j'en faisais synonyme de ma libération, une liberté conditionnelle de quelques heures.

J'enfilais mon casque et m'installait à une table isolée de la cantine. C'était bien l'endroit le plus cliché de l'établissement. Chaque table représentait un groupe ou une classe sociale.

J'étais très populaire. Mais très seule. De la primaire jusqu'au lycée, et même en dehors de mon parcours scolaire, j'étais connu autant par les professeurs que les par les élèves, les boulangers, les caissiers et les libraires. Je ne saurais dire si c'était la faute à mes notes plutôt satisfaisantes, mon style vestimentaire distingué ou tout simplement moi-même. J'avais une certaine confiance et estime de moi. Lorsque je prenais la parole, le monde semblait toujours se taire et m'écoutait. Il fallait dire que j'étais plus mature et franchement décalée des gens de mon âge. Contre mon gré. On ne m'a jamais demandé mon consentement.

Je n'ai jamais dit oui. Ou plutôt je n'ai jamais dit non. « Non je ne veux pas de cette vie ». Je n'ai jamais exprimé mes plaintes. C'est peut-être pour cela que la solitude restait à côté de moi. On est amie maintenant. Et si la solitude était un art, c'était bien celui dans lequel j'excellais le plus.

En rentrant du lycée, je passais toujours devant l'arbre, comme pour lui souhaiter une bonne fin de journée. Jusqu'à ce soir, personne ne semblait avoir prêté attention à ce chêne. Mais un garçon aux cheveux noirs de jais était assis la et consommait une cigarette. Je m'assis donc au dos. Je ne voulais pas prendre la parole alors j'appréciais simplement le silence et la respiration calme et lente du jeune inconnu.

Écrit d'une pensée - 1969Où les histoires vivent. Découvrez maintenant