01 - La chatte voleuse

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juillet 2005

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juillet 2005


               Le quartier de Shibuya grouillait de monde comme à son habitude. Entre hommes d'affaires pressés et collégiens trottinant pour rentrer chez eux, il fallait réussir à s'y frayer un chemin. En retrait, Setsuya observait d'un œil vif les passants à la recherche de sa prochaine victime. Ses commissures s'étirèrent légèrement lorsque son regard se posa sur un homme avec son chien. L'épaisse montre en or qu'il portait refléta dans les iris verts de l'adolescente. Elle renfonça sa casquette sur sa tête, camouflant sa chevelure brune sous cette dernière. Quelques mèches rebelles encadraient son visage, lui donnant un air de garçon manqué qui n'était pas pour lui déplaire. Ses poings s'enfoncèrent dans ses poches et elle pénétra dans la fourmilière, se fondant aux milieux des nombreux Tokyoïtes qui s'y pressaient.

Elle se laissait naviguer entre les corps, portée par la marée humaine. Sans forcer, elle se rapprochait de sa cible qui ne l'avait pas aperçue, comme personne d'ailleurs. Personne n'avait le temps, à l'heure de pointe, de se préoccuper de quelqu'un d'autre que soi. L'adolescente n'était plus qu'à quelques mètres de l'homme. Le visage camouflé par sa casquette, elle se déporta vers la droite. C'était bon, elle était à portée de bras de son objectif. Sa cible devait avoir à peine la quarantaine et possédait sûrement un revenu aisé comme le montrait le téléphone dernier cri dans sa main droite, qui aurait fait s'évanouir de jalousie bon nombre d'adolescents, ainsi que la montre dorée, objet de convoitise de la lycéenne.

D'un simple coup d'œil, elle observa le mécanisme de fermeture de la montre. La peau de son front se plissa, preuve de sa forte concentration pour cette affaire, tandis que ses sourcils bruns se fronçaient. Un claquement de langue mécontent lui échappa face au labeur de la tâche qui l'attendait.

Mais ce n'était pas ce qui allait faire abandonner Setsuya, alléchée par l'appât du gain devant elle. Elle pivota sur elle-même, entamant un demi-tour feint. Elle était quasiment au coude-à-coude avec l'homme, séparé par le petit chien au poil long qui trottinait, fidèlement accolé à son maître. Sa cible ne l'avait toujours pas aperçue, prit dans une conversation téléphonique qui semblait le contrarier au vu de sa mâchoire serrée.

Le plan pouvait débuter. La jeune fille se laissa tomber, une main posée sur sa casquette, emmêlant par la même occasion la laisse autour de sa cheville droite. Le chien glapit, ballotté de droite à gauche par ses mouvements brusques.

— Aïe !

Un cri de douleur jaillit des lèvres de la jeune fille à la frontière du réel et de la fiction. Ses coudes avaient quand même pris un sacré coup et son genou droit la tiraillait. Mais cette douleur allait l'aider dans son entreprise. Les meilleurs mensonges contenaient toujours une part de vérité.

— Merde ! Ça va jeune homme ?

Il était vrai que sa chevelure camouflée et ses vêtements larges, dignes de ceux d'un homme, donnaient à Setsuya un côté androgyne qui lui sauvait souvent la mise. L'homme s'accroupit à sa hauteur, se confondant en excuses. L'adolescente grimaça puis se redressa pour s'asseoir.

DOROBŌ NEKO ¦ mikey [en pause]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant