DOROBŌ NEKO ¦ mikey [en pause]

09 - Main tendue

21 juillet 2005

numéro 2

RDV dans le hangar sur les quais à 15h, ne sois pas en retard

               La langue de l'adolescente claqua contre son palais avant de fourrer rageusement le téléphone à clapet dans sa poche. Recevoir des ordres lui hérissait le poil, d'autant plus de la part de Draken qui ne s'embarrassait jamais d'une once de politesse ou d'une quelconque douceur. Malgré tout, la voleuse changea de direction après avoir jeté un coup d'œil à une horloge murale qui annonçait déjà quasiment 14h30.

Setsuya traversa Shibuya avant de rejoindre une station de métro qu'elle frauda avec autant de faciliter qu'un chat grimpant une barrière. Elle se joignit à la masse de Tokyoïtes qui se pressait dans le métro même à cette heure habituellement tranquille. Elle ne put retenir un grognement lorsqu'un pousseur compressa l'amas de chair humaine dont elle faisait partie dans cette énorme boite de conserve souterraine. Ce fut avec joie qu'elle descendit quelques stations plus tard, respirant à grande goulée l'oxygène dont elle avait été privée. 

Mais les trois portefeuilles et la montre qu'elle avait récupéré au passage lui faisait oublier ce mauvais moment et elle s'empressa de faire le compte de son butin sur le chemin qui la menait au quai. Elle arriva devant le vieil hangar décrépit un fin sourire aux lèvres, 15000¥ en poche. La pêche avait été bonne.

Cependant, lorsqu'elle passa la porte déjà grande ouverte, son visage avait retrouvé sa neutralité habituelle, caché derrière sa casquette rapiécé. Son entrée fut si discrète que personne ne la remarqua, les collégiens étaient pris dans une conversation des plus sérieuses. La voleuse resta en retrait, attendant que quelqu'un l'appelle. Ce fut le regard vantablack de Mikey qu'elle croisa en premier. Les yeux de Draken suivirent le mouvement et les discussions cessèrent.

— C'est ça ta solution Mikey ? demanda avec aigreur Pah-chin, le menton levé dans la direction de la voleuse.

Setsuya passa outre, elle n'avait ni le temps, ni l'envie de se batailler pour de telles provocations. La lycéenne avança pour rejoindre le groupe, les mains enfoncées dans les poches, ses doigts jouant avec la lame dépliable de son canif ainsi qu'avec les billets fraîchement acquis.

— T'as cinq minutes de retard, dit Draken.

— Je travaillais.

— On a commencé sans toi, annonça le chef. On est ici pour régler définitivement le problème du clan Moebius.

Setsuya sentait sur elle le regard pesant de Draken ainsi que celui de Peyan, similaire aux yeux d'un chien sur la défensive prêt à protéger son maître. Le maître en question était déjà en train de grogner à quel point il allait détruire Moebius. Créer un plan et débattre avec ces deux idiots provoquaient déjà une migraine à la voleuse. Et c'était sans compter Draken et Mikey dans l'équation.