𝕲𝖎𝖛𝖊 𝖒𝖊 𝖞𝖔𝖚𝖗 𝖍𝖆𝖓𝖉

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Alors que je suis en train de poursuivre le ballon, je trébuche contre une pierre, tombe, et m'égratigne le genoux. Je me mets à pleurer.

C'est là que j'ai vu sa main. Il me la tend pour m'aider à me relever. Je redresse ma tête, m'attendant à voir le visage de mon frère, mais ce n'est pas lui.

Je ne me souviens pas des traits de son visage. Un nuage blanc recouvre sa personne dès lors que j'essaye de m'en souvenir. Mais je me souviens des lignes délicates de sa main.

La plus belle main que je n'ai jamais vue.

Une petite main encore un peu potelée. Une main d'enfant qui a aux alentours de dix ans. Pour moi, en cet instant, c'est une main d'une personne qui me semble beaucoup plus âgée que moi. Pour moi qui à ce moment, n'as que six ans.

- Tu peux marcher ?

- O-Oui, répondis-je entre deux sanglots.

- Allez, viens. Ça va aller maintenant... Donnes-moi ta main.


***


Diana ouvrit soudainement les yeux. Sa respiration était saccadée et son front était recouvert de sueurs froides. Pendant quelques secondes, la jeune femme regarda autour d'elle, en se demandant où elle se trouvait, avant de se rappeler qu'elle était au Château Bran, et quelle était la raison de sa présence en ce lieu. La jeune femme brune reprit peu à peu ses esprits, tandis que son souffle se stabilisait progressivement. C'était quoi, ce rêve bizarre ?  Diana regarda l'heure, et constata qu'il était bientôt minuit. Cela fait à peine une heure qu'elle s'était endormie.

Ayant la sensation de manquer d'air, la jeune femme se dirigea vers son balcon. Elle en ouvrit la porte, et sorti de sa chambre. Aussitôt, ses pieds nus rentrèrent en contact avec le sol froid, constitué de carrelage blanc. Mais cela ne dérangea pas Diana. En ignorant ce fait, elle prit une grande inspiration de l'air frais de la Transylvanie. Elle se rendit compte que son balcon donnait sur le jardin qu'Eden lui avait fait découvrir quelques heures plus tôt.

La pleine lune, qui brillait autant que le soleil en plein jour, illuminait tout le paysage devant Diana. L'eau de la fontaine qu'elle avait vue plus tôt, concurrençait avec les étoiles qui scintillaient en haut du ciel. Mais ce n'était pas le plus saisissant aux yeux de la jeune femme.

Je sais que vous vous demandez quelle était cette chose qui émut autant Diana, alors je vais vous la dire.

Il s'agissait tout simplement de l'ensemble du paysage qui regardait le château. Cela vous semblera étrange, je sais, mais le paysage regardait réellement le Château Bran. Car lui-même était encore plus impressionnant que tout ce qui l'entourait. Nous avions l'impression que le paysage autour était là pour le Château Bran, que l'entièreté de son existence ne tournait qu'autour - non, n'avait que pour seul et unique but de démontrer la quintessence de la Transylvanie. La quintessence de la Transylvanie qui était le Château Bran. Ce château aux histoires vampiriques, ayant traversés les siècles, qui au fil du temps devinrent de réels mythes. Le château de Dracula.

Ce paysage qui pourtant inouï, dans lequel des millions de vies étaient regroupées, ce paysage qui pourtant récompensait les cinq sens de tout être y parvenant - la vue face à la couleur émeraude des feuilles, l'ouïe face aux doux chants des oiseaux, l'odora face aux parfums sensuels des fleurs, le touché face à la douceur de l'air, et le goût face aux innombrables végétaux que la Terre nous offrait - ce paysage ne pouvait inconcevablement pas rivaliser avec le Château Bran. Le paysage mouvait constamment, le Château Bran était quant à lui présent depuis des siècles, voyant génération après génération traverser ses murs.

𝕮𝖆𝖘𝖙𝖊𝖑𝖚𝖑 𝕭𝖗𝖆𝖓Où les histoires vivent. Découvrez maintenant