Coincés dans une romance !

11. Ton secret d'amitié

Harry Potter était un petit con prétentieux.

Ron Weasley était un pouilleux sans le sous.

Hermione Granger était... elle... elle était... il ne savait plus.

Lui, Drago Malefoy était... il le savait encore moins !

Il aurait dû être content de revenir, la nuance est dans la concordance des temps... Comment sa vie avait-elle pu basculer des certitudes au conditionnel ? Un Malefoy ne vit pas au conditionnel !

"Drago Malefoy..." susurra la voix glaçante du Survivant.

Il l'avait coincé au détour d'un couloir, Ron son ami de toujours sur sa droite et Hermione qu'il aurait fini par laisser tomber avec le temps sur sa gauche. Jamais Drago ne s'était senti menacé par ce trio d'incompétant mais même si son corps ne portait plus les blessures qu'on lui avait infligé dans un monde qui n'avait peut-être jamais existé... son esprit s'en souvenait parfaitement et il était apeuré.

"Harry Potter." répondit-il sur le même ton en utilisant toutes les ressources qu'on lui avait enseigné pour cacher ses sentiments.

"Hermione semble persuadée que nous devrions, Ron et moi te donner une seconde chance. Nous savons bien sûr qu'il s'agit là plus d'une millième chance que d'une seconde chance mais nous avons confiance dans les jugements et les réflexions d'Hermione. Peut-être qu'on y comprend vraiment rien pour le moment... j'espère qu'elle ne se trompe pas."

"Tout ce texte semble avoir été répété." remarqua Drago avec un sourire narquois sur les lèvres.

"Bah tu fais ce que tu veux, Malefoy, hein mais peut-être que tu pourrais commencer par arrêter de nous faire chier !"

Harry leva les yeux au ciel d'un air agacé, il essaya de le pousser pour s'en aller d'un air grandiloquent mais sa main sembla le faire souffrir et Drago vit quelques gouttes de sang tomber au sol : il jouait encore les martyrs. Ron lui aggripa ladite main pour l'aider à marcher sans se douter qu'il ne faisait qu'appuyer sur la blessure. Ils s'en allèrent.

"Ils sont moins pénibles qu'ils n'en ont l'air." assura Hermione comme si c'était censé être rassurant. "Cette fois-ci, je ne lui ai rien dit : ton secret d'amitié est bien gardé."

"Mrrr..."

"Est-ce un remerciement très mal articulé ou un grognement ?"

"Un peu des deux..."

Ils ne se regardèrent pas, ça faisait parti du TRUC... peut-être parce qu'à chaque fois que leurs yeux se croisaient, ils se rappelaient qu'ils étaient censé se haïr l'un l'autre et ça les perturbait que ça ne soit plus le cas ? Plus vraiment, en tout cas.

"Alors tu ne voulais pas revenir ici ?" demanda-t-elle. "C'est ironique qu'en me le disant, ça nous ait fait basculer dans le monde réel... tu aurais peut-être dû garder ça pour toi."

"Ça n'a plus la moindre importance, c'est trop tard."

Il avait surtout peur de perdre le TRUC et elle l'avait compris. Ils ne pouvaient pas simplement reprendre tout comme hier car hier n'avait jamais existé... ils ne pouvait pas non plus faire comme si ce n'était jamais arrivé. Et puis pourquoi pas ?! Certaines choses n'avaient pas besoin d'être compliquées, leur retour pouvait être simple.

"On va à la bibliothèque ?" demanda-t-elle. "C'est presque l'heure..."

"Ouais." dit-il.

Il n'avait pas envie de lui demander pourquoi elle continuait à faire semblant maintenant qu'elle avait retrouvé ses vrais amis, ceux qui étaient bien et qui n'étaient pas censé massacrer son monde d'ici quelques années. Ils pouvaient juste s'assoir, l'un en face de l'autre et ouvrir leur livre sans se regarder... parce qu'il était dix-sept heures et bientôt quinze minutes.

"Tu crois que tu pourrais essayer ?" demanda-t-elle.

Il haussa les épaules : se rapprocher d'Hermione Granger quand on n'a pas le choix et que plus personne n'a le droit de vous juger, c'est facile... devenir ami avec Potter et Weasley, en revanche... mais il pouvait au moins essayer.

"Pt-rrr." grogna-t-il. "Et avant que tu me pose cette question : c'est à la fois un grognement et un peut-être... je vais essayer."

"C'est formidable !"

"T'emballe pas, tu risque d'être déçue..."

"C'est un risque que je suis prête à assumer."