Chapitre 3

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Excédé par l'attitude un peu trop nonchalante du Directeur de Poudlard et chef de l'Ordre du Phénix, Severus arracha presque la manche de sa chemise pour exposer la marque des ténèbres, d'un noir d'encre, luisant presque sur sa peau pâle.
- Vieux fou ! Il est au courant de la prophétie ! Il pense que l'enfant Potter sera celui qui...

Les yeux de Dumbledore brillèrent un peu plus, et il se laissa aller en arrière dans son fauteuil, fixant le bras de Severus.
- Ah. Cette prophétie. C'est... fâcheux.

Le Maître des potions serra les poings, se demandant pour quelle raison il avait eu la faiblesse de croire que Albus Dumbledore l'écouterait lui, un ancien Serpentard. L'ennemi de ses Maraudeurs préférés...

Le voyant se tendre, prêt à prendre la fuite, Dumbledore leva un sourcil moqueur.
- Comment diable avez-vous su, Severus ? Comment avez vous appris l'existence de cette prophétie ?

C'était sa façon de lui faire comprendre qu'il savait qui avait placé une cible sur les Potter. Qui avait répété des paroles entendues dans une Taverne enfumée, sans se préoccuper des conséquences.
Severus repoussa fermement la vague de culpabilité près de le submerger, s'accrochant aux souvenirs des plaisanteries des Maraudeurs. Plutôt que de se répandre en lamentations, il grogna, furieux.
- Quel besoin aviez vous de rencontrer cette femme dans un endroit public aussi mal famé ?

Un instant, Severus crut que Dumbledore avait fait exprès, espérant que la prophétie vienne aux oreilles de Voldemort. Puis il chassa cette pensée stupide et attendit la réaction du Directeur. Le sorcier se lissa la barbe et haussa les épaules.
- Je ne vois pas ce que vous attendez de moi, mon garçon.


Severus laissa la colère l'envahir et se crispa, avant de cracher.
- Je ferais ce que vous voudrez mais protégez Lily.


Le Directeur de Poudard soupira et hocha la tête, doucement.
- Je peux vous proposer quelque chose. Vous acceptez de jouer les espions, de me renseigner sur ce qui se passe près de Voldemort, et j'aide votre ancienne amie à rester en sécurité.

Severus ne broncha pas, même lorsque Dumbledore appuya sur le "ancienne". Il réfléchissait déjà à toute allure, mais sa décision était prise, puisque c'était la seule façon de sauver Lily.
Il hocha légèrement la tête, vaincu.
- Très bien.

Dumbledore sourit, satisfait.
- Parfait. Je n'ai aucun doutes que grâce à votre aide, nous parviendrons rapidement à l'arrêter.
- Sauf si je me fais tuer avant, Monsieur. Vous avez conscience que si je suis découvert, si l'un d'eux soupçonne simplement que je puisse être un traître, je serais torturé et tué sans pitié.

Le Directeur écarta son objection d'un rapide geste de la main.
- Les risques du métier mon garçon. Mais vous êtes intelligent et je suis certain que vous parviendrez à mener votre mission à bien. En échange, je peux vous promettre que vous ne passerez pas une seule seconde à Azkaban. Votre réputation sera lavée de tout soupçon.


Severus grogna.
- Comme si j'en avais quelque chose à faire de ma réputation. Quoi qu'il arrive vous ne parviendrez pas à effacer la marque sur mon bras ou à faire oublier aux gens que j'ai été Mangemort.
Dumbledore croisa les doigts sur son bureau pour y poser son menton, et ses yeux pétillaient plus que jamais.
- Voyons voyons, Severus. Vous avez besoin d'une couverture, de quelque chose pour légitimer votre présence à mes côtés. Et une assurance pour le Ministère que vous ne tenterez pas de fuir le pays à la première occasion. Ce bon vieil Horace en a assez de jouer les professeurs. Avec votre Maîtrise de potions en poche, vous serez parfait pour le poste.


Le jeune homme s'étouffa presque d'indignation à l'idée de revenir à Poudlard, berceau de ses pires souvenirs. Il allait protester, mais Dumbledore grogna et continua, implacable.
- Personne ne vous donnera d'emploi avec la marque sur votre bras. Votre famille n'a pas de fortune, n'est-ce-pas ? Qu'arrivera t'il lorsque vos nouveaux amis cesseront d'être charitables avec vous Severus ? Soyons clairs : ce n'est pas une offre d'emploi, c'est un ordre.

Furieux, il inclina la tête, conscient que le Directeur allait se servir de lui encore et encore jusqu'à ce qu'il n'ait plus rien à offrir. Il prit conscience qu'il n'allait pas survivre à cette guerre. Il allait être tué, la seule question restait de savoir combien de temps il tiendrait.


La pensée de sa mort aurait peut être dû l'effrayer, mais sans Lily, sa vie n'avait pas vraiment de sens. Tant qu'il parvenait à se racheter en la mettant en sécurité...


Il y eut un long silence puis Dumbledore eut un sourire paternaliste.
- Très bien. Maintenant que nous sommes d'accord... Je vous laisse l'annoncer à celui que vous appelez "Maître".

Severus était parti furieux, à grands pas. Cette façon de se déplacer, l'air austère et rigide, allait vide devenir sa marque de fabrique, au fil des années. Mais il ne le savait pas encore...

*

Contrairement à ce qu'il craignait, Voldemort se montra enchanté de son nouveau travail. Il ne lui fit pas le moindre reproche, le félicitant au contraire pour son esprit d'initiative, attisant la jalousie des autres Mangemorts.
Il croisa le regard perplexe de Lucius, mais il l'ignora, murmurant juste qu'il était dévoué en baissant la tête en signe de soumission. En signe de fausse soumission.
Il lui semblait désormais qu'il avait ouvert les yeux et qu'il voyait l'envers du décor, qu'il voyait l'horreur de ce qu'il avait fait. Il n'arrivait plus à trouver de justification pour avoir pris la marque, même en repensant au harcèlement des Maraudeurs. Il avait échangé son ancienne colère contre une vie d'esclavage.


Bien évidemment, Voldemort lui demanda d'épier Dumbledore. Il serait ses yeux au sein de l'école de Magie, son point d'entrée. Le Mage noir était certain qu'un jour le poste de Severus lui permettrait de se débarrasser enfin du Directeur d'école, cet homme qui était son chemin depuis le tout début.

Severus ne montra rien de ses pensées, de ses sentiments. Il n'eut aucun mouvement de recul ou de dégoût quand Voldemort lui posa une main sur l'épaule, fier de son Mangemort. Ses yeux onyx brillaient d'une joie presque malsaine à l'idée qu'il allait contribuer à le mettre à terre, qu'il allait l'empêcher de toucher sa précieuse Lily.

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