chapitre 2 : les voleurs

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Le train n'était parti que depuis cinq minutes et Adrian avait déjà envie d'en descendre. Bien sûr, il était heureux de retrouver Lucian et Miles, mais depuis qu'ils étaient entrés dans le compartiment qu'il avait déniché en arrivant, tout ce qu'ils avaient fait c'était louer les mérites des Irlandais qui avaient bien fait bouffer leurs balais aux Bulgares lors de la finale.

— Tu aurais dû être là ! Cette feinte de Wronski de Krum...

— Tu sais, Miles, le match était commenté à la radio.

— Mais tu ne l'as pas vue ! C'était incroyable !

« Grmph » fut l'humble réponse d'Adrian alors qu'il se tordait la tête pour apercevoir le couloir du train, se demandant quand diable Lulla et Suzy allaient revenir de leur expédition aux toilettes.

— Et puis...

Adrian menaça l'Écossais du regard. Qu'est-ce que ça allait être, encore ? les farfadets ? les Vélanes ? les feux d'artifice ? la Marque des Ténèbres ? Merlin, il n'avait certes pas pu se procurer de billets pour le match, mais les hiboux déposaient encore la Gazette sur son paillasson !

— Quoi encore ?

— Ben... Il n'y a pas eu que le match. L'après était pas mal aussi.

— Tu veux dire la façon dont tu t'es retrouvé à gerber dans un buisson ? J'avoue que j'ai été déçu de le lire, Bletchley, je pensais vraiment qu'on t'avait appris à tenir l'alcool.

— Traître ! s'exclama Miles, alors qu'Adrian et Lucian se tapaient dans la main d'un air satisfait.

— Je ne pouvais pas passer ça sous silence.

— T'as pourtant l'air d'avoir bien réussi avec ta grande nouvelle.

— Tu m'as pris pour une gonzesse ? s'indigna Lucian. J'ai autre chose à foutre que de raconter des conneries pareilles dans mes lettres.

Adrian fronça les sourcils.

— Ta grande nouvelle ?

— Il a réussi à emballer Suzy, déclara Miles, satisfait que le vent ait tourné loin de ses piètres performances alcoolisées. Enfin, c'est plus qu'emballer à ce stade, j'ai dû m'incruster dans la tente de Montague pour pouvoir décuver sans perdre mon innocence !

— Je comprends mieux la longueur de l'expédition toilettes... se moqua à son tour Adrian. T'étais si nul que ça pour qu'elle ait autant de choses à dire à Lulla ?

— Je vous raconterais bien mais vous êtes trop puceaux pour comprendre, rétorqua Lucian, vexé.

Miles s'offusqua en rigolant et même Adrian esquissa un sourire.

Qui s'estompa bien vite quand son meilleur ami se tourna vers lui et déclara :

— D'ailleurs, t'y as jamais répondu à cette lettre. C'était bien la peine que je me fatigue le poignet. Et tu ne m'as toujours pas dit ce qui t'avait empêché d'acheter des tickets.

Adrian avait attendu que ses amis lui posent la question depuis qu'il les avait repérés sur le quai et agité la main pour qu'ils le rejoignent. Sa réponse – son mensonge – était prête depuis des jours, mais il sentit tout de même cette peur irrationnelle qui ne le quittait plus depuis le départ d'Elsie s'infiltrer sous sa peau alors qu'il tentait d'adopter un ton détaché pour répondre.

— Rien d'original. Mon père est allé à Londres pour nous prendre des places au guichet du magasin de Quidditch, mais il a été attiré par les nouveautés de l'apothicaire et quand il est arrivé à la boutique il ne restait plus de places. Donc il est revenu sans billets, mais avec des œufs de Niffleurs du Bengale, « parfaits pour accélérer la décantation ! ».

Le Fils du potionnisteOù les histoires vivent. Découvrez maintenant