Chapitre 8 - Le refuge de Naomi Solace

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Chapitre 8 : Le refuge de Naomi Solace

Will resta figé sur le pas de la porte une seconde de plus avant de se jeter dans les bras de sa mère, déjà ouverts. Il manqua de bousculer Connor au passage, mais ce dernier eut le réflexe de se décaler au dernier moment. Dès que sa mère referma ses bras autour de lui, Will se sentit à la maison. Il ne l'avait pas revu depuis le premier week-end de septembre quand il était rentré à Austin le temps de prendre quelques affaires et lui annoncer qu'il resterait à l'année à la Colonie cette fois-ci. Sa mère devait de toute façon partir sur les routes en tournée dès novembre et il n'avait pas voulu laisser Nico tout seul. Il s'était bien gardé de mentionner ce dernier argument, même il l'avait vu sourire d'un air entendu quand il avait mentionné ses patients à l'infirmerie après la guerre contre Gaïa. Dans tous les cas, la voir ce soir était bien la dernière chose à laquelle il s'attendait.

Alors qu'elle l'embrassait sur la joue et passait ses mains dans ses cheveux, il se fit la remarque qu'il la dépassait maintenant de quelques centimètres. Les larmes lui montèrent presque aux yeux en repensant à la vision que Mélinoé lui avait montré, celle de sa mère malade dans son lit d'hôpital qui lui désignait le soleil courageusement.

Après plusieurs secondes à juste le serrer dans ses bras, elle recula finalement en gardant son visage en coupe entre ses mains et elle l'examina d'un air critique.

- William Andrew Solace, dit-elle en détachant chaque syllabe. Est-ce que tu essayais de rentrer chez moi par effraction ?

- Je... (Il sentit ses joues chauffer). C'est chez moi aussi, tenta-t-il piteusement.

- Jusqu'à preuve du contraire, c'est mon nom sur le contrat de location. Mon dieu, Will, c'est le beau milieu de la nuit !

Dans son dos, Connor se râcla la gorge.

- Bonjour madame Solace. Euh... A la décharge de Will, c'était moi qui essayait de rentrer. Mais promis, je n'ai pas abîmé votre serrure.

Will roula des yeux, amusé, et sa mère secoua la tête en faisant voler ses cheveux blonds et courts autour de son visage. D'un geste, elle invita les autres à entrer.

- Vous allez me raconter ce qui vous arrive, les jeunes. Allez, venez.

Sans enlever le bras qu'elle avait passé autour de ses épaules, elle l'entraîna à l'intérieur et Will n'attendit pas de voir si les autres suivaient le mouvement pour se laisser faire. Il ne voulait plus la lâcher pour le moment.

L'appartement était tel qu'il s'en souvenait : peu meublé mais chaleureux. Comme ils n'y habitaient pratiquement pas, sa mère n'avait pas pris la peine de beaucoup décoré, même si elle avait veillé à accrocher aux murs quelques peintures offertes par Apollon lui-même (leur qualité était douteuse selon le style si Will devait donner son avis) et quelques photos de son enfance. Evidemment, Connor repéra immédiatement celle où Will était dans son bain à cinq ans, enfoui sous une montagne de mousse, tout sourire devant la caméra même s'il lui manquait ses deux dents de devant.

- Ohh Will ! Fit-il, moqueur.

- Pas un mot, bougonna-t-il.

- T'étais trop mignon, roucoula Lou Ellen en l'ignorant superbement. Nico, viens-voir !

Horrifié, Will en aurait presque oublié Nico (ce qui ne lui arrivait jamais en passant). A sa décharge, Nico paraissait vouloir se fondre dans les ombres, comme souvent, et Lou Ellen dû le tirer près de la photo. En attendant son nom, les sourcils de sa mère se soulevèrent et Will sentit son anxiété monter en flèche. Il essaya de la mettre en garde, mais elle l'ignora. Avant qu'elle ait pu interpeler Nico et le traumatiser à vie – il connaissait sa mère, la subtilité n'était pas son fort – il la coupa :

La prophétie d'HécateOù les histoires vivent. Découvrez maintenant