Chapitre 9 - La lumière du soleil

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Nico se réveilla, un cri dans la gorge. Pendant plusieurs secondes, il fut incapable de savoir où il se trouvait. Dans son esprit, les brumes de son rêve continuaient à tournoyer et il chercha à l'aveugle son épée, pris de panique. Ses doigts ne rencontrèrent qu'une masse informe sous les couvertures et il mit un moment à comprendre qu'il s'agissait de... Will. Il retira sa main comme s'il s'était brûlé, le souffle court. La brume commença à se dissiper.

A mesure qu'on son esprit s'éclairait, Nico sentit sa respiration revenir à la normale et il s'enfonça un peu plus dans son oreiller, le cœur battant. Déjà, les images du Tartare, l'odeur de soufre, la sensation d'étouffement de l'amphore, le souvenir des ténèbres du Labyrinthe s'éloignaient. Il n'était même plus capable de dire ce qui l'avait vraiment réveillé. Ses cauchemars mêlaient souvent plusieurs choses incohérentes et il n'était pas rare qu'il se retrouve à marcher dans le Labyrinthe, Minos à ses côtés, lui chuchotant des paroles à l'oreille, avant qu'il ne bascule soudain dans le Tartare sans raison. Plus rien n'avait de sens dès qu'il dormait.

Les premiers temps, juste après Gaïa, il n'arrivait presque plus à dormir. Il se réveillait plusieurs fois par nuit, incapable d'articuler un son, paralysé. Will avait été le premier à remarquer que quelque chose n'allait pas. Pendant les trois jours que Nico avait passé à l'infirmerie, il n'avait pas réussi à cacher sa fatigue et Will, toujours perspicace, avait deviné. Il avait alors mis en place un système de veille et de sommeil, même pendant la journée, pour que son corps ait le repos nécessaire. Quand il était de garde à l'infirmerie, peu importe l'heure, il essayait de rester le plus possible avec lui, tout simplement à parler ou à le veiller pour pouvoir le réveiller au moindre signe de détresse. La première fois, Nico lui avait presque donné un œil au beurre noir en lui envoyant son poing dans la figure, surpris. Will avait été plus prudent ensuite. Les semaines suivantes, alors qu'ils tournaient autour de leurs sentiments et que Nico était incapable de savoir vraiment ce qu'il ressentait pour lui, Will était resté à ses côtés. Tous les matins, il se glissait dans sa cabine en même temps que l'aurore et Nico, toujours réveillé, lui parlait de ses cauchemars. Ça n'avait pas été facile. Certains matins, il refusait net d'en parler et Will proposait une partie de Mario Kart à la place jusqu'au petit déjeuner. D'autres fois, il se contentait de lui tenir la main pendant que Nico mettait en mots les images terrifiantes qui l'avaient assailli toute la nuit. Etrangement, elles paraissaient toujours moins effrayantes racontées à la lueur du soleil avec Will à ses côtés.

Puis, ils avaient commencé à sortir ensemble et les cauchemars s'étaient espacés. Sans le réaliser, Nico avait commencé à aller mieux, à reprendre du poids. Ça ne voulait pas dire qu'il n'avait plus d'insomnies, mais elles étaient devenues plus rares. Il fallait croire que l'attaque d'hier, le poids de la quête, et la rencontre avec Mélinoé avaient réveillé ses souvenirs.

Nico soupira. Il tourna la tête et le radio-réveil lui renvoya ses chiffres fluorescents : 7h13. Beaucoup trop tôt à son goût, mais il s'étonna que Will soit encore endormi. Comme tous les enfants d'Apollon, il avait tendance à se lever avec le soleil. Ce qui était très agaçant quand Nico voulait faire la grasse matinée. L'ironie de la situation ne lui échappa pas et il grogna, frustré et fatigué. Ses yeux se portèrent sur Will mécaniquement.

Allongé sur son flanc gauche, bouche légèrement ouverte, Will dormait visiblement profondément. Utiliser se pouvoirs de guérison la veille avait dû le fatiguer plus qu'ils ne l'avaient tous cru. Ses cheveux blonds ondulaient sur l'oreiller et derrière ses oreilles. Il avait sérieusement besoin d'une coupe de cheveux. Dans la semi-pénombre, les faibles rayons du soleil que laissaient filtrer les rideaux éclairaient les quelques tâches de rousseur qui parsemaient son nez et ses pommettes. Nico ne l'aurait admis à personne et pour rien au monde, mais il avait passé beaucoup trop de temps à observer ces tâches de rousseurs. Gêné, il détourna vite le regard, comme si Will allait ouvrir les yeux et le surprendre.

La prophétie d'HécateOù les histoires vivent. Découvrez maintenant