Dusk [Gone T.0]

Chapitre 11

Tressie jeta son sac sur son lit et se laissa tomber sur sa chaise de bureau, épuisée. La journée avait été plutôt éreintante. Entre cet interminable cours d'anglais en guise de première heure, puis les deux heures d'éducation physique destinées à les préparer au mieux au marathon pour la journée sportive... Elle aurait volontiers fait une sieste ! Mais ce n'était pas raisonnable. Elle n'avait plus 5ans.

Avec un soupir, elle se redressa et mordit dans la pomme rouge qu'elle avait emportée avant de monter dans sa chambre. Tout en mâchant, elle tapa un numéro sur le téléphone fixe qu'elle avait pris du salon avant de coller le combiné à son oreille. Avec ces deux semaines déjantées, elle avait complètement oublié de passer son habituel coup de fil à son ami de San Diego, Walter White. C'était peut-être celui dont elle était restée le plus proche, même si elle le trouvait assez agaçant lorsqu'ils étaient plus jeunes.

Si le jeune homme de bientôt 15ans faisait partie de leur bande, c'était parce qu'il était le fils du collègue du père de Drake. Et puis surtout, il était très proche de Debbie. Cette dernière n'était pas un membre à part entière du groupe, étant trop précieuse pour leurs jeux salissants et brutaux, seulement, comme elle aimait bien Walter, Drake n'avait eu d'autre choix que de l'accepter. De fil en aiguille, il s'était fait accepter par tous et avait réussi à intégrer définitivement leur bande. C'était ironique qu'aujourd'hui, ce soit le dernier avec lequel Tressie parlait régulièrement...

Quelqu'un décrocha après quatre sonneries et la voix familière de son ami résonna dans le combiné :

– Allô ?

– Salut Walter, sourit Tressie tout en se balançant doucement sur sa chaise. C'est moi, Tressie.

– J'ai reconnu ta voix, tu sais ? dit-il en riant. Je commençais à penser que tu m'avais oublié !

– Ouais, désolée. J'ai eu... quelques contretemps, ces dernières semaines. Enfin bref. Comment tu vas, mon pote ?

– Superbement bien, et toi ?

Ils se mirent à parler joyeusement de leur rentrée, de leurs cours, se racontant ce qu'il s'était passé depuis la dernière fois qu'ils s'étaient appelés, soit presque trois mois auparavant, juste avant qu'elle ne parte chez ses grands-parents. La jeune fille savait que lorsqu'elle téléphonait à Walter, elle en avait pour des heures. Voilà pourquoi elle n'utilisait pas son portable. Ses parents l'auraient assassinée en voyant la note. Le fixe, c'était gratuit.

Après environ trente minutes de discussion animée vint la question à mille points. Tressie ne la posait plus avec un réel espoir, mais plus par habitude. Une formalité. C'est ainsi qu'elle demanda, à présent allongée sur son lit afin de mieux observer le plafond :

– Et sinon, Walter ? Toujours pas de nouvelles de Drake ? Pas de faire-part pour son enterrement ou peu importe ce qui lui est arrivé..?

– Oh, tu fais bien d'aborder le sujet ! J'avais complètement oublié ça ! s'exclama-t-il, hilare.

– Deviné quoi ? s'étonna-t-elle, le souffle soudain plus court. Me dis pas qu'il est vraiment mort..?

– Non ! Non, non, non. Relax. C'est ce que je pensais aussi, mais il est bien vivant. Ou alors, c'est son fantôme qui est venu chez moi il y a deux semaines. Remarque, ça ne m'étonnerait pas de lui ! Drake serait capable de battre la mort en personne.

Pendant que Walter se mettait à rire de sa propre blague, l'adolescente s'était automatiquement redressée dans son lit, le cœur battant. Sur cinq années, c'était la première fois qu'elle s'apprêtait à avoir de véritables nouvelles de son ami. Mis à part le fait qu'il ne fréquentait plus l'école où ils s'étaient rencontrés et qu'il se faisait rare sur la Jolla, elle ignorait ce qu'il devenait. Jusqu'à aujourd'hui. Elle savait que garder contact avec le fils White finirait par lui être bénéfique...