Virtuelle Résurrection [New Version]

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De plus en plus ensommeillée, l'atmosphère était toutefois chargée de stress. Les deux compères parlaient de moins en moins, les silences se faisaient plus nombreux et les paupières plus lourdes. Seule l'odeur de la patate à l'eau écrasée était restée la même depuis le début de la soirée.

La recherche de l'amant salarié d'Alice Corp. avait tourné court. Aucun des deux ne le connaissait. Ils n'auraient pas plus d'info ce soir.

Pour ce qui était du cas d'Alain, les deux ordinateurs, les disques durs et les divers câbles tournaient encore à plein et siégeaient au centre de la pièce comme un autel en beau milieu d'un temple aztèque. Les deux français fixaient les écrans en attendant l'apparition de la sainte vierge comme Bernadette Soubirous.

Et d'un seul coup :

- Stan, si tu as lancé ce programme c'est qu'il m'est arrivé quelque chose et que ton idiot de pote Arnaud a pu cracker le code de mon pc.

L'image d'Alain était apparue soudainement sur l'écran. Plus que son image, il s'agissait d'une vieille photo de lui animée par un algorithme d'intelligence artificielle.

- Super la technologie de début des années deux mille... Je suis un peu déçu Alain, grommela le grand blond réveillé en sursaut.

- Félicitations Arnaud, tu as toujours été le meilleur des bidouilles pour t'introduire là où il ne faut pas ! Mais, tu es devenu un idiot le jour où tu as choisi de quitter Alice Corp.

- Je passe décidément une sacrée soirée ! gronda le futur marié.

L'IA poursuivit :

- Je me doute de ce que vous recherchez. Mais, je ne peux pas tout vous expliquer. Tout stocker sur ce pc aurait été trop dangereux. Par contre, l'algorithme d'intelligence artificielle qui vous parle en ce moment sera capable de retrouver toute l'histoire si vous lui transmettez la base de données manquante.

- Alléluia... dit Stan en se rendant compte qu'ils n'étaient pas sortis de l'auberge.

- Cette base est conservée dans une blockchain que j'ai moi-même créée.
Mais, ce n'est pas à vous que je vais apprendre cela, pour y pénétrer il faut montrer patte blanche et renseigner la clé de certification.
La seule chose que je peux vous dire à ce stade est que cette clé numérique est conservée dans une petite boîte à code se trouvant à la porte d'un Airbnb sur la vingt-deuxième rue.

- La vingt-deuxième rue, cela me dit quelque chose. J'en ai entendu parler il n'y a pas longtemps... Mais oui ! C'est là où aura lieu la parade du « Dia de los Muertos » demain pour Halloween ! dit Stan.

- Bravo ! Tu es rapide Stan. Je félicite celui qui t'a tout appris ! .... Quoi ? Ah oui, c'est moi ! ricana l'apparition numérique.

- On reconnait bien là ton humour, sacré Alain... grommela le père de famille trompé par l'expert en botanique.

- C'est donc le bon moment pour semer ceux qui doivent vous suivre, poursuivit l'IA qui avait des mimiques qui ne ressemblaient pas du tout à celles d'Alain.

- L'IA ne peut pas deviner les froncements de sourcils ou contorsion du visage qui sont uniques à chacun de nous comme nos empreintes digitales. Elle reproduit des mouvements qu'elle a appris et les applique sur la photo qu'elle déforme dit Arnaud d'un air savant avant de poser une question :

- Oh miroir, mon beau miroir : comment sais-tu que l'on est suivis ?

- Miroir ? Je ne vois pas de miroir ici... Pour en revenir au sujet :cela est purement logique répondit l'algorithme sans la moindre émotion.

- Sais-tu qui nous suit ? Essaya Stan.

- Ma base d'apprentissage ne me donne pas accès à ces données , je suis désolé. Revenez me voir avec la clé.

Le programme s'interrompit de lui-même. Arnaud tenta de le relancer mais il vit apparaître une unique fenêtre avec un espace pour entrer le code demandé et rien d'autre.

- Cela nous dépasse Stan. C'est un meurtre ! Nous ne sommes pas de taille face à Connelly, le SFPD et qui sais-je encore... L'armée ou les fédéraux peut-être ! Il y a trois ans cela m'aurait éclaté de leur montrer de quoi on était capables. Mais là, j'ai changé de vie, je me marie bientôt !

- Tu as raison Arnaud. Il faut demander de l'aide. J'appelle le lieutenant Mendes en charge de cette affaire.

- Tu penses que ce gars va te suivre ? Tu me disais qu'il ne connaissait rien au numérique et tu vas lui dire qu'une image intelligente d'Alain t'a parlé entre la poire et le café en te demandant de lui injecter un code pour aller chercher quelque chose dont elle n'a pas encore idée ?

- Sous ses airs de Chicanos mal rasé, il m'a paru sensé et humain. Cela va te sembler bizarre quand tu vas le voir, mais j'ai l'impression que l'on a des points communs.

Sans attendre la réponse du blondinet terrifié, Stan pris son téléphone et composa le numéro de Mendes tant bien que mal sur le clavier en plastique de l'engin digne du début des années deux mille.

Trente minutes plus tard, Mendes gara sa Beetle devant l'immeuble.

- Merde c'est quoi ça ? dit-il en marchant sur les débris de l'un des drones en bas du grand palmier.

Quelle personne venez-vous voir ou quel numéro d'appartement dois-je prévenir de votre visite s'il vous plaît ?

L'interphone à détection de présence avait scanné la silhouette du lieutenant expert en gogo danseuses.

- Appt A123

André-Pierre regarda son reflet dans la petite caméra permettant aux habitants de voir qui les dérange à table ou devant la télé. Il repassa machinalement une main dans sa chevelure déjà trop gominée.

- Entrez Lieutenant, c'est au premier étage à droite en sortant de l'ascenseur.

Mendes pénétra dans le hall reluisant de tous les reflets que pouvait envoyer son marbre blanc et noir. Il prit l'escalier, il en avait assez de ces ascenseurs qui lui faisaient pousser le ventre. Il préférait un minimum d'effort physique pour continuer à ingurgiter des tacos.

En arrivant au premier, il vit Stan qui l'attendait à la porte de l'appartement.

- Venez, merci d'être venu aussi vite.

- J'espère que cela en vaut le coup dit Mendes en débouchant sa dent creuse grâce à un cure-dents qu'il avait gardé dans sa bouche depuis le Deja Vu Centerfolds.

Il continua par :

- Vous ne décrochez jamais votre téléphone en France ?

- Vous m'avez appelé ? Désolé j'ai dû changer de téléphone aujourd'hui, je vais vous dire pourquoi justement.

Mendes marqua un temps d'arrêt en voyant arriver Arnaud. Stan ne l'avait pas prévenu qu'il était accompagné.

- Lieutenant, je vous présente Arnaud, un de mes meilleurs amis, sinon le meilleur.

- Vous êtes tous aussi grands les geeks ? dit Mendes qui ne devait pas dépasser les un mètre soixante-quinze et rendait plus d'une tête aux deux amis.

- Enchanté Mr Mendes, dit Arnaud.

- Lieutenant Mendes s'il vous plaît, répondit le vieux garçon voulant marquer son territoire comme Charlie, le terrier écossais de J.F.Kennedy pissant sur les arbres au quatre coins du jardin de la maison blanche.

Ça commence bien, il n'y a rien qui ressemble plus à un flic qu'un autre flic pensa le Hacker qui avait un problème avec l'autorité.

- Alors, racontez moi tout, continua Mendes en s'asseyant en plein centre du canapé, les bras écartés sur les dossiers pour bien montrer qu'il occupait l'espace.
C'est quoi ce bordel avec tous ces fils et ces trucs ?  

California OneOù les histoires vivent. Découvrez maintenant