Cène Numérique

37 9 5
                                    


- Allez ! Il est l'heure de se lever !

Une voix métallique se faisait entendre dans un mégaphone. Il ne s'agissait pas du genre de messages sortant du haut parleur du Bixby Bridge mais plutôt d'un message itinérant accompagné d'un bruit de petite moto électrique.

- C'est le moment de profiter de la journée ! Levez-vous !

Oui maintenant Stan en était sûr, il s'agissait d'un humanoïde parcourant le camp de long en large sur une petite moto. Son klaxon retentissait pour amplifier le message du porte-voix. L'intensité sonore du vacarme réduisait lorsque l'engin s'éloignait vers l'autre bout du camp et s'accentuait lorsqu'il revenait.

Mais quelle heure est-il ?
 pensa Stan.

Le français leva un œil encore à demi fermé vers la petite horloge de la chambre de la vieille caravane américaine.

- Six heures cinquante a.m. ! Mais qui est ce fou ?

- Levez-vous pour la communauté... Allez au boulot ! Mettez vous au tr......Ahhh...Arrêtez... Aie...

Le message se tût lorsque retentirent des cris accompagnés de bruits de ferraille. L'humanoïde dont l'algorithme devait avoir un tantinet divergé semblait s'être fait rattrapé par quelques riverains n'ayant pas apprécié le réveil matinal.

Stan aurait bien voulu dormir encore mais il sentait que cela allait être impossible. Le levé de soleil californien inondait la petite chambre métallique à travers les stores vénitiens. Il se dirigea vers la petite fenêtre, écarta de ses doigts deux lames du store pour jeter un regard curieux à l'extérieur.

Son attention fût tout de suite attirée par un humanoïde bricolé, mélange d'hôtesse d'accueil pour le bas et d'agent de sécurité pour le haut. Il rentrait boitant lentement vers un hangar, désorienté un guidon de moto à la main.

L'ex. de Cécile ne pût retenir un petit sourire moqueur.

Mais ce petit épisode comique avait aiguisé sa curiosité. Phoebe n'était pas venu encore le chercher, il voulait en profiter pour faire le tour du propriétaire et se faire sa propre idée avant de recevoir la piqûre du service de communication officielle.

Il s'habilla rapidement, ouvrit la porte de l'Airstream et sortit.

Il fût ravi instantanément de ressentir à nouveau une sensation si chère : celle de la brise déjà chaude dans sa nuque et du sable sous ses pieds.

Puis, il marcha lentement dans l'allée principale du camp. La communauté indigène, tirée du sommeil par le motard customisé et son clairon, s'ébrouait lentement. Instantanément, on sentait se dégager de cette atmosphère une ambiance d'entraide et de solidarité.

Quel peuple de pionniers ! pensa Stan.
Quelle force ! Ils ne peuvent s'empêcher de faire renaître le rêve américain encore et encore.

L'allée centrale prenait fin sur une plage donnant sur le lac du centre du cratère. Des rues en cercles successifs de rayons toujours plus grands autour de la pièce d'eau témoignaient du développement de la communauté.

Les premiers arrivés s'étaient accaparé les place de choix près de l'eau et à l'ombre de gigantesques Joshua Trees âgés de plusieurs siècles. Les autres, devaient se débrouiller à l'aide d'auvents de fortunes pour se protéger des brûlures du soleil et du vent de sable californien.

- Certains doivent plus craindre les vents de sable que les coups de soleil pensa Stan en discernant des robots parmi les humains.

Après avoir fait le tour du lac, il se trouva face à un hangar en tôle ondulées. L'édifice paraissait être le bâtiment principal du campement.

California OneOù les histoires vivent. Découvrez maintenant