Minuit

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PDV Jordan

Le vent glacé s'engouffre dans mes vêtements tandis que je glisse à toute vitesse, ma musique à fond dans les oreilles. J'ai le cœur serré, la mâchoire crispée. La colère pulse en moi comme une lame de fond, et à chaque coup de pied sur mon skate, j'essaie de la chasser. Braison m'a lâchée. Après trois ans d'absence, après toutes ces années à tenir cette tradition, il choisit de la foutre en l'air pour une fille qu'il connaît à peine ?

C'est con, peut-être, mais pour moi, c'est une trahison.

Je suis tellement absorbée par ma rage que je ne vois pas les phares foncer sur moi avant qu'il ne soit trop tard. Un crissement brutal retentit, une lumière m'aveugle, et mes réflexes me figent.

- Allez-y, faites de la purée d'humain... lâché-je avec sarcasme en levant les mains comme si ça allait changer quoi que ce soit.

La porte du 4x4 s'ouvre, et une silhouette fine en sort avec une nonchalance exaspérante. Je reconnais immédiatement cette voix posée, beaucoup trop calme pour la situation.

- Quand on est en tort, on s'excuse.

Je fronce les sourcils et l'observe à travers la pénombre. Cette posture, ce ton détaché... Il sort de l'ombre, et la lune éclaire son visage. Des mèches de cheveux d'un noir profond encadrent son regard vert-gris perçant.

Mon souffle se coince dans ma gorge.

Cole.

Son regard s'attarde sur moi, puis un sourire amusé étire ses lèvres.

- Comme le monde est petit... Jordan ?

Je suis incapable de répondre. Mon cerveau bug. Ce mec est canon. Beaucoup trop canon.

- C'est chelou de mater les gens comme ça, tu sais ? dit-il avec un sourire en coin.

Ce sourire. Une fossette se dessine sur sa joue droite, et c'est incroyablement sexy.

Il rit soudainement, un son grave et sincère qui résonne dans l'air frais de la nuit.

- Je vois que je fais toujours mon effet. Ça fait plaisir. Il me lance un clin d'œil, et une chaleur inattendue me monte aux joues.

Il réduit la distance entre nous, presse ses lèvres contre mon front comme si c'était la chose la plus naturelle au monde. Mon corps entier se fige sous son contact, et mon cœur rate un battement.

- Pourquoi tu fais du skate à une heure pareille ? demande-t-il en reculant légèrement.

Je me secoue mentalement et décide enfin de parler.

- Je me défoule. Histoire de faire passer les émotions négatives.

- Et ça marche ?

Je hausse les épaules.

- Pas mal, ouais.

Son regard s'attarde sur moi, puis, sans prévenir, il pose une main sur ma taille et monte sur mon skate avec moi. Mon cœur s'emballe. Il est proche. Beaucoup trop proche.

- Montre-moi.

Sa voix est un murmure contre ma peau, et je rougis instantanément. Je veux protester, lui dire que c'est une mauvaise idée, mais il est déjà là, son corps collé au mien, partageant mon équilibre sur la planche.

On roule ensemble un moment, riant comme des gamins. Puis soudain, il attrape ma main.

- Viens.

À la vie à la mort 1&2Où les histoires vivent. Découvrez maintenant