À la vie à la mort 1&2

La commission

PDV Braison

Une semaine s'est écoulée. Sept jours entiers où Jordan et moi ne nous sommes pas adressé un seul mot. L'ambiance est devenue glaciale, une guerre silencieuse s'étendant dans chaque pièce où nous nous trouvons ensemble. Elle ne détourne même pas les yeux quand je passe à côté d'elle. Pas de mépris affiché, pas de colère visible. Juste de l'indifférence. C'est peut-être ce qui me fait le plus chier.

Aujourd'hui, c'est jour de Commission.

La Commission, c'est l'un des événements les plus importants du crime organisé de la ville. Une réunion où seuls les chefs de gang les plus puissants ont leur place. L'objectif ? Réguler les activités lucratives comme le jeu, le trafic, la prostitution ou encore le racket, pour éviter que les guerres de territoire ne dégénèrent en bain de sang permanent.

Chaque réunions, les Hell's Angels sont représentés par mon père, accompagné d'Ian Boscovitch. Quant à nous, nous faisons partie de Murder Incorporated, l'un des réseaux d'assassins les plus redoutés de la ville. On est des tueurs "freelance", engagés pour exécuter des contrats de l'autre bout du pays, loin des regards de la police locale. C'est aussi la raison pour laquelle Jordan et Demetria voyagent souvent.

Mais cette année, il y a un imprévu.

Mon père m'a annoncé ce matin que je devrai le représenter à la Commission. Il serait occupé ailleurs, à faire "je ne sais quoi"—une excuse qui ne me convainc pas. La logique veut que Jordan représente son père. Ce qui signifie qu'on va devoir bosser ensemble.

Avec l'ambiance glaciale entre nous, ça risque d'être un vrai cauchemar.

J'aurais préféré être accompagné de Kyle, mais soyons honnêtes : Jordan est une tueuse née. Si quelqu'un sait naviguer dans cet univers rempli de serpents et de faux-semblants, c'est bien elle.

Je soupire et ferme les yeux un instant, tentant d'évacuer la pression.

Une sensation humide sur mon cou me fait rouvrir les yeux.

— À quoi pense ce joli minois ? murmure une voix sucrée.

Maïa.

Elle est allongée sur moi, ses longs cheveux éparpillés sur l'oreiller. Ses doigts effleurent mon torse tandis qu'elle me regarde avec un sourire aguicheur.

— Rien. Je me disais juste que cette soirée sera longue, je réponds en massant distraitement son dos. Je dois représenter mon père, Jordan aussi... Et vu qu'on ne se parle même plus, ça risque d'être compliqué.

Maïa roule des yeux.

— Elle en fait un peu trop, tu ne trouves pas ? Mine de rien, t'es que son ami, pas son mari.

Son ton est venimeux.

Je préfère esquiver le sujet et glisser mes doigts dans ses cheveux.

— Allez, on ne va pas parler de choses qui fâchent dès le matin... Continue ce que tu as commencé.

Elle rit doucement et se glisse sous les draps.

Ouais... La journée commence bien.

Plus tard, dans la cuisine